ANIARA

 

Année 2018

 

Réalisateur Hugo Lilja, Pella Kågerman

 

Cast Anneli Martini, Arvin Kananian,
Bianca Cruzeiro, Emelie Jonsson

 

Distributeur Film Constellation Ltd., Swedish Film Institute

 

Genre science-fiction

 

Running time 106'

 

Pays Suède

 

L'AVIS DU BIFFF :

 

Ça y est : l’être humain a fini par tuer terre et mer au nom du grand capital.

Résultat ?

La planète est devenue invivable et tous les survivants fuient à bord de l’Aniara pour retrouver un nouvel eldorado à polluer : Mars.

Avec 23 jours de croisière à une vitesse de 64km/seconde, le voyage va être long, certes, mais tout est prévu pour amuser les passagers à bord de ce paquebot spatial de luxe : spa, karaoké, restaurants, cinémas…

Et surtout un lounge Mima, où une intelligence artificielle trifouillera votre mémoire pour vous offrir une évasion mentale sur terre, à une période où les zozios chantaient et où le soleil brillait.

Mais un accident soudain va forcer l’Aniara à vider ses réserves de carburant, et le capitaine du vaisseau décide de réunir tous les passagers pour leur annoncer la douloureuse : sans carburant et flottant dans l’immensité du néant galactique, l’Aniara doit juste se retrouver dans l’orbite d’un corps céleste pour pouvoir retrouver sa trajectoire.

En gros, la prochaine pompe à essence est à deux ans de distance, maximum…

Vous l’entendez, l’écho terriblement actuel du sujet ?

Hé bien, figurez-vous qu’il ne s’agit pas ici d’une production collective du GIEC et de Greenpeace, mais de l’adaptation d’un bouquin du Suédois Harry Martinson, publié… en 1956.

Certes, la crainte de l’époque revêtait les oripeaux de la Guerre Froide, mais la conclusion restait la même : planète kaput.

ANIARA va même plus loin en repensant une micro-société qui se recrée, tel SA MAJESTE DES MOUCHES, avec son éternel retour aux rites païens et la hiérarchisation arbitraire des classes sociales.

Un monument de SF que le BIFFF a le plaisir de présenter conjointement avec OFFSCREEN !

 

L'HUMBLE AVIS DE MATHIEU GEISS :

 

Faire un film de science-fiction n’est pas une chose facile.

C’est d’autant plus le cas lorsque le film en question est une production suédoise qui de ce fait doit composer avec des moyens nettement plus réduits qu’à Hollywood.

 

Certains rétorquerons que l’argent n’est pas un gage de qualité et ils n’auront pas tord.

Mais cela reste malgré tout un facteur important pour la création d’un univers futuriste crédible.

 

Déjà, évacuons le seul léger défaut du film, à savoir l’alternance entre les vues extérieures d’un vaisseau spatial à la dérive (parfaitement bien modélisé au demeurant) et les scènes d’intérieur qui trahissent l’origine un peu trop contemporaine des lieux.

La mise en scène ne fait pas suffisamment le raccord entre ces deux espaces, se reposant souvent sur les ambiances sonores ou sur les baies vitrés ouvrant sur l’extérieur pour créer une continuité spatiale.

 

Malgré tout (et nous verrons que ce défaut a aussi de bons côtés), l’œuvre réussit à immerger dans son univers grâce à l’intelligence de son scenario ainsi que par son parti pris d’aborder le genre sous l’angle réaliste de l’anticipation.

 

Il faut dire qu’Aniara est au départ une épopée littéraire écrite par l’auteur suédois Harry Martinson, grand succès d’édition après sa parution en 1956 et qui traitait des conséquences sociales d’un développement technologique aveugle et non maîtrisé.

 

Nous suivons donc l’évolution d’un microcosme de société qui, après un  incident amenant à la dérive d’un vaisseau de transport, va traverser plusieurs phases sur une durée qui ne sera jamais définie.

 

Le film adopte le point de vue d’une technicienne, membre d’équipage dont le rôle d’apaiser les tensions auprès des passagers et d’informer l’équipage de leur état émotionnel, permet d’avoir une vue d’ensemble de la situation.

C’est là que l’on touche à l’une des principales qualités du film : son humanité.

Chaque personnage jusqu’aux plus secondaires est traité avec une grande justesse.

Leurs interactions sont crédibles et permettent de traverser tout le spectre émotionnel en nourrissant le suspense autour de cette cohabitation.

 

La mise en scène permet de créer une vraie proximité, notamment par l’emploi de plans rapprochés voir serrés et rend tangible cet enfermement sans pour autant appliquer cette recette de manière trop systématique.

 

Le script a l’intelligence de ne pas suivre la voie d’une descente aux enfers à sens unique, mais sait ménager de légères fluctuations dans le moral des passagers qui, sur la durée du trajet, alterne entre espoir et abattement.

Le scenario reste toutefois implacable dans sa progression narrative, l’organisation en chapitre qui fait écho à l’origine littéraire de l’œuvre permet de marquer avec force l’écoulement du temps et ainsi faire monter l’angoisse face au cheminement inéluctable du vaisseau vers l’inconnu.

 

Les thèmes abordés sont nombreux et tous reliés de manière cohérente pour porter le message du film : de l’intelligence artificielle, de sa puissance, de ses limites, du refuge dans des croyances païennes pour échapper à la réalité en passant par la manipulation des masses qui vire à la tyrannie.

 

L’ensemble est réalisé avec une économie de moyens assez respectable, abandonnant toute ambition spectaculaire pour focaliser l’attention sur des éléments communs comme des centres commerciaux, des restaurants, des chambres d’hôtel, un environnement à la fois familier, mais très aseptisé, sorte de verni rassurant qui se fissure au gré des tournants pris par le scénario.

A défaut de travailler le look futuriste en intérieur, la mise en scène mise sur les éclairages comme vecteurs d’émotion.

Tantôts apaisants dans leurs tonalités pastel, tantôts froids, d’un blanc immaculé ou d’un bleu glaçant avec parfois une incursion oppressante vers le clair-obscur. 

 

Vous l’aurez compris, il s’avère assez difficile de retranscrire en quelques mots toute la richesse et l’ambition dont fait preuve ce petit film suédois qui s’adresse à la fois aux amateurs de science-fiction  en quête de pépite dans un paysage cinématographique plutôt timoré, comme aux cinéphiles exigeants qui trouveront en Aniara une œuvre aussi soignée dans sa réalisation que dans son scénario.

Bref la plus belle découverte faite au BIFFF cette année et à n’en pas douter un très grand film.

 

 

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