VALHALLA RISING

 

a Nicolas Winding Refn film
Screenplay: Roy Jacobsen & Nicolas Winding Refn
Cast: Mads Milkkelsen, Gary Lewis, Jamie Sives, Ewan Stewart, Alexander Morton, Callum Mitchell,
Andrew Flanagan, Gary McCormack, Douglas Russell, Stewart Porter, Maarten Stevenson, Robert
Harrison, Gordon Brown, Mathew Zajac
Running time: 100 min.
Contries : Danemark / Royaume-Uni

L'avis duBIFFF :

Esclave peu causant à la gueule aussi ravagée qu’un crumble rance, One-Eye est le wonder-viking du fjord quand il s’agit de la castagne. Sauf que, les petites bastons organisées par son maître Barde, il commence à en avoir ras le casque : climat rude et pas de reflex spray pour les courbatures, ça peut plomber le moral. Mais le C4 avec une accolade du patron prévenant n’est pas vraiment une option chez ces odieux barbares d’Odin et One-Eye n’a d’autre choix que de zigouiller le patron avec l’aide d’Are, petite tronche de troll en manque d’affection. Cogneur peut-être mais pas con non plus, One-Eye se doute bien qu’il n’est plus vraiment le bienvenu dans le coin et décide d’embarquer à bord d’un drakkar avec Are, direction la Terre Sainte : près de 10 heures d’ensoleillement quotidien, ça vaut toutes les cures d’U.V. ! Malheureusement pour eux, un brouillard tenace et une avance de mille ans sur le gps vont les amener chez des enfoirés sanguinaires qui feraient passer la barbarie des Vikings pour une vanne de Hagard du Nord.

Abonné aux oeuvres chocs qui intègrent la claustrophobie du paysage urbain (voir la trilogie Pusher ou son biopic Bronson), Refn a viré à 180 degrés et s’est inspiré des somptueux paysages écossais sur fond de heavy metal pour dépeindre l’Enfer. La prestation musclée de Mads Mikkelsen achève de rendre ce film culte, à l’aune des voyages initiatiques et transcendants de Terrence Malick.

MON HUMBLE AVIS :

Vous voulez voir un bon film de viking, bien méchant, avec des combats épiques, du sang, de l’action à revendre, dans une ambiance « sword & sorcery » digne de l’inégalé « Conan » de John Milius ?

Et bien passez votre chemin parce que « Valhalla rising » c’est tout sauf ça ! Snif, bouhouhou, dommage. Certes ça démarre bien avec ce héros esclave, gladiateur, muet et ne vivant que de la violence, qui s’évade et rejoint un groupe de chrétiens partant pour la terre sainte.
Après ça se corse, leur drakkar se perd dans le brouillard et au lieu d’arriver à Jerusalem, ils débarquent au Vinland (la Californie, découverte en -800 av JC par les vikings)… pourtant les vikings sont censés être de bons marins, alors pour se planter comme ça, il faut le faire ! Ils prennent ça pour l’enfer, croient que c’est le héros qui les a guidé jusque là, et alors le film s’enlise dans des questionnements métaphysiques sans fin, alors que l’attention du public disparaît progressivement elle aussi dans le brouillard maudit.
La mise en scène sèche et rentre dedans du réalisateur de « Bronson » ou de la trilogie « Pusher » est bien là dans les rares moments d’action, mais le reste du temps on a droit à des plans séquences interminables, où les personnages font silencieusement des choses sans aucun intérêt (comme boire à une gourde par exemple), de plus au ralenti !
Le réalisateur insiste pour tourner ses films chronologiquement… avec celui-ci, on ne voit pas bien l’intérêt puisque les scènes se suivent sans sens concret réel.
La photographie est fabuleuse par contre… d’ailleurs avec tous ces plans fixes sur des décors extérieurs, on a plus l’impression d’être venu voir une expo photo qu’un film.

Les images sont bleutées et fortement contrastées (encore une fois, décidemment c’est à la mode, ça devient même trop systématique), cela convient impeccablement aux cimes embrumées du Danemark, aux forêts de sapins des fjords, et aux gros plans sur ces visages taillés dans le roc.
Lenteur et foutoir sont les deux seuls mots qui me viennent à l’esprit pour qualifier le montage.
Non seulement les plans filmés n’ont aucun intérêt puisqu’il ne s’y passe strictement rien, mais en plus ils sont trop longs (voire au ralenti donc), et ils sont mélangés entre eux sans aucun souci de raccord logique (exprès pour faire genre intello branché, plus intelligent que son public trop con pour comprendre), comme un kaléidoscope de poses mystico-contemplatives… insupportable !
Dommage, vraiment, car les décors et les costumes sont magnifiques, ça aurait pu être une belle reconstitution historique (même si le faible nombre d’acteurs indiquent un trop petit budget), au lieu de péter plus haut que son cul.
Les acteurs sont tous très convaincants (surtout l’impérial Mads Mikkelsen), il y de vrais gueules qui croient sûrement jouer un remake viking d’« Aguire ou la colère de dieu » de Werner Herzog, mais se sont fait manipulés par un réal improvisateur qui a sûrement bricolé son métrage après coup en post-prod.
Les personnages sont intéressants, le héros qui ne dit pas un mot, l’enfant sauvage qui l’accompagne et qu’il finit par accepter (un stéréotype, de Mad Max à Waterworld), le viking illuminé par la foi chrétienne… à ce propos, les cathos nous sont montrés comme persécutés par les vikings à la foi païenne, alors que l’histoire a prouvé que c’est plutôt le contraire qui s’est passé, lorsque le roi danois Harald s’est converti au christianisme, interdisant les anciens cultes. Comme quoi les cathos, ils refont toujours l’histoire à leur convenance…
Les sfx sont super bien foutus, mélange de maquillage trash et de gore numérique, mais en tout et pour tout il y en a 2 minutes dans 2 heures de blablas de cul-bénis.
La musique par contre est vraiment ratée, avec ses horribles sons stridents et dissonants, qui s’étirent à n’en plus finir comme des cochons qu’on égorge.

En conclusion, Nicolas Winding Refn est sûrement honnête avec ce film (qui peut être compris comme le repenti d’un artiste violent), mais à moins d’être un curé souhaitant lui donner l’absolution cinéphile, on ne peut adhérer à ce pamphlet pédant (que les critiques parisiens adoreront sûrement), il faudrait être maso.
Il vaut mieux découvrir de vrais films de vikings, réalisés en Islande, comme la trilogie « Raven flies » de Hrafn Gunnlaugsson, au moins il y a de bonnes histoires, de l’action, et c’est tout aussi profond que ce film méprisant le genre.
N’est pas Stanley Kubrick qui veut, et avant de vouloir refaire 2001 il faut préparer un bon scénario quand même… Refn t’as la grosse tête, redescend du valhalla !

Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Lorsque vous croyez enfin que le film est fini, fondu au noir… et bien ça recommence (en pire) !!! Fous rires garantis. J'y crois pas