FISH STORY

 

a Yoshihiro Nakamura film
Screenplay : Tamio Hayashi
Based upon Kotaro Isaka's novel
Cast: Vincent Giry, Gaku Hamada, Atsushi Ito, Kengo Kora, Mirai Moriyama, Nao Omori, Mikako Tabe
Running time: 112 min.

L'avis du BIFFF :

2012, y a pas à dire, c’est une date qui fout les chocottes. Pas de Roland Emmerich pour un happy end et pas même l’ombre d’un Bruce Willis en train de beugler : Armaggeddon !!!, en chevauchant un gros caillou interstellaire. Juste trois paumés dans un magasin de disque à Tokyo qui se sentent très seuls en regardant la grosse météorite débouler dans le ciel nippon. Il ne reste que cinq heures avant de se prendre un aller simple pour l’Au-Delà et - comme nos trois larrons sont trop paresseux pour se fendre d’une scène de panique dans les rues désertes de la capitale - ils décident de se passer un bon 33 tours sur le tourne-disque du magasin. Une vieillerie de 1975, Fish Story, chantée par un groupe punk tombé dans l’anonymat le plus total. Pathétique, non ? Sauf que c’est grâce à cette chanson qu’on embarque dans l’omnibus du temps et que l’on découvre qu’il s’agit de bien plus qu’une gueulante d’iroquois énervés. Et si les riffs frénétiques de ces adeptes du No Future permettent de sauver le monde, ça serait assez con question crédibilité pour ces nihilistes, mais ça nous arrangerait bien.

Un peu de variété poétique dans ce monde de brutes : pas de robot géant ou de ninja épileptique cette fois, mais une histoire dense, bourrée d’humour et de clins d’oeil au cinéma catastrophe. Yoshihiro Nakamura, scénariste de Dark Water (Corbeau d’argent en 2002), a destructuré son récit façon Inarritu et offre un véritable ovni perdu dans la nacelle parmi les crabes formatés du genre.

MON HUMBLE AVIS :

Mon coup de cœur du NIFFF 2009 sera donc aussi mon coup de coeur du BIFFF 2010, il n'y a rien eu pour le détrôner, ce film déjanté est véritable ode à la création artistique quelque qu’elle soit.
Le principe qu’en art peu importe l’impact immédiat, une œuvre forte saura trouver son public avec le temps, est à la fois très vrai et très émouvant (car porteur d’espoir) pour tous les artistes incompris.
Le scénario est vraiment surprenant, car on a beau s’accrocher on ne voit pas bien comment les différents sketches vont s’imbriquer pour composer un tout cohérent avant le final ahurissant.
Night Shayamalan peut aller se rhabiller avec ces derniers twists tout pourris, là on tient vraiment quelque chose de fou (bien que totalement invraisemblable).
Le réalisateur utilise une grammaire assez simple, et donne l’illusion que tout est filmé dans l’urgence, mais cela illustre parfaitement les thèmes abordés (l’aube de l’apocalypse, la musique punk).
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... éh oh, il y a quelqu'un ?
il y a bien quelqu'un qui regarde ce film, non ??
comment un film pareil pourrait n'émouvoir personne ???

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La photographie est dans le même esprit, elle compose des images assez naturelles, le plus crédible possible.
Le montage est assez lent, il y a même quelques plans séquences plutôt longs, seul le clip de la révélation finale est aussi énergique que la musique rock qu’il accompagne.
Les acteurs jouent bien, certes il faut apprécier le jeu intériorisé propre aux japonais, qui peut parfois paraître trop sobre pour un public latin, mais en tout cas ça ancre encore mieux cette histoire incroyable dans un contexte plausible et quotidien.

Les décors et les costumes reconstituent parfaitement l’atmosphère des années 80.
Il y a assez peu de SFX dans le film, à part l’incrustation de la comète menaçante dans le ciel, mais ils sont propres et efficaces.
La musique est forcément un élément de qualité essentiel du film, et la chanson qui donne son titre au film est un véritable morceau de bravoure, un condensé d’énergie et d’humour (puisque ces textes sont un non-sens totalement absurde), qui vous restera forcément en tête bien au-delà du film.
En conclusion, Fish Story est un film indispensable, puisqu’il sauvera le monde !!!