20TH CENTURY BOYS Chapter two

 

a Yukihiko Tsutsumi film
Screenplay: Takashi Nagasaki & Yusuke Watanabe
Based upon : Naoki Urasawa's mangas : 20th Century Boys & 21st Century Boys
Cast: Teruyuki Kagawa, Etsushi Toyokawa, Takako Tokiwa, Aira Taira, Toshiaki Karasawa, Naohito
Fujiki, Yusuke Santamaria, Hidehiko Ishizuka, Takashi Ukaji, Fumiyo Kohinata, Mirai Moriyama, Arata
Furuta, Eiko Koike, Haruka Kinami, Naomasa Musaka, Hitomi Kuroki
Running time: 139 min.
Contries : Japon

L'avis du BIFFF :

Ne tournons pas autour du pot : Kenji a lamentablement merdé lors de ce qu’on appelle désormais le Nouvel An Sanglant. Non seulement, il est condamné à voir le mont Fuji d’en haut tout en se grattant l’auréole de dépit, mais en plus on lui a collé l’atomisation de Tokyo sur le dos ! Pour la gratitude, on repassera… Quinze ans plus tard, le travail de sape continue : Ami est considéré comme un sauveur dans le monde entier – malgré le fait qu’il ressemble toujours à une molaire cariée sur grand écran, Otcho et ses comparses sont voués à la clandestinité totale et, pour corser le tout, ils retrouvent un nouveau Cahier des Prédictions qui annonce la venue d’un sauveur pour 2015… qui se fera aussitôt buter par un assassin. Hé oui, ce n’est pas pour rien qu’on met les emmerdes au pluriel. Mais c’est sans compter sur Kanna, la nièce de Kenji, qu’on avait laissé toute petiote à la fin du 1er opus. Devenue grande gueule rebelle, elle se montrera la digne héritière de son oncle lorsque, lassée de toutes ces injustices, le wasabi lui montera au nez…

Plus gros budget de l’histoire du cinéma japonais, succès monstrueux au boxoffice local, ce deuxième volet de l’adaptation du manga de Naoki Urasawa est un véritable fauve rugissant dont on a lâché la bride, avec sa débauche d’effets spéciaux et ses décors somptueux. Souvenez-vous du final hallucinant du premier épisode, car ici on reste en cinquième et on ne rétrograde plus pendant deux heures !

MON HUMBLE AVIS :

Le premier volet était le plus gros budget jamais dépensé pour un film japonais (45 millions d’euros), pour donner une suite à la hauteur des attentes des cinéphiles et des fans du manga initial, il a fallu cette fois produire 2 films coup sur coup (un peu à la manière de « Retour vers le futur 2 & 3 » par exemple).
Ce second épisode reprend 15 ans plus tard, avec la nièce du héros précédent, devenue une jeune fille rebelle, n’acceptant pas la direction prise par la société japonaise totalement soumise à la secte du mystérieux « Ami ».
Pour découvrir ses motivations, elle va s’infiltrer dans une école spéciale de redressement de la pensée, et rejoindre les dernières forces de la révolution, organisée par les anciens potes d’enfance de son oncle.
Pendant ce temps, Ami prépare la suite de son plan, basé sur le livre des nouvelles prédictions, aboutissant à l’acceptation de son statut de Dieu par le monde entier, puis carrément à la destruction de l’humanité…
Alors que le premier film était très fidèle à l’histoire originale, celui-ci prend maintenant une direction narrative légèrement différente du manga, dont il retrace environ 10 volumes.
Il faut savoir néanmoins que les films sont approuvés à 100% par Naoki Urasawa, le créateur du manga, consultant sur le scénario, aussi auteur de BD célèbres comme « Monster » ou « Pluto ».

La mise en scène est ample et généreuse, offrant de nombreuses variations de valeurs de plans, couvrant l’action de plusieurs points de vues, et sachant tirer le meilleur profit de tous ses effets, surtout dans les scènes d’action.
La photographie est lumineuse et colorée, assez gaie finalement, elle est toujours d’une lisibilité impeccable.
Tout n’est pas monté de la même façon, il y a des séquences très énergiques, et d’autres plus bavardes avec des plans longuets, mais globalement on a pas le temps de s’ennuyer, pourvu qu’on s’intéresse au récit bien sûr.
Il y a de nombreux décors, avec parfois des extensions numériques en matte painting pour des illusions de science fiction dans l’architecture ou pour rajouter des dirigeables publicitaires au dessus de la ville.
L’histoire nous entraîne en prison, dans un quartier populaire tokyoïte, dans une église, et dans un parc d’attraction futuriste (avec même un univers virtuel nous faisant voyager dans le passé pour revoir sous un nouvel angle des événements du premier film… tiens encore comme dans « Retour vers le futur 2 »).
Les costumes sont justes assez excentriques comme il faut (on adapte un manga là quand même), et le look d’Ami est toujours aussi mystérieux : cette silhouette anonyme en costard, avec le visage masqué par une cagoule au symbole étrange, est parfaitement désigné.
Tout comme l’est ce symbole d’ailleurs, mélangeant des influence franc-maçonniques de façon déconcertante (une spirale dans un œil, dans une main faisant un signe de ralliement, dans un autre œil emplissant tout le visage d’Ami), on pense aux illuminati, à la secte Aum, c’est parfaitement réfléchi, un dessin d’une grande force énigmatique.
Les effets spéciaux sont surtout numériques, on peut citer les bagues laser pour dessiner des hologrammes, des balles traçantes, des impacts et des destructions sur les décors, des blessures par balles bien sanglantes, un jeu vidéo caricaturant les héros du premier film comme des SD d’animé (pour servir la propagande anti-terroriste d’Ami), des éclairs de téléportation en univers virtuel, ou de la multiplication de figurants dans les scènes de foule… un gros travail, exécutés avec brio et professionnalisme.
Il y a aussi des effets de maquillages impressionnants, comme les vieillissements de 15 ans de plus de tous les personnages du premier film, épatant.
Les acteurs de ce second épisode sont plus jeunes que ceux du premier, et par conséquent leur jeu moins expérimenté, du coup ça parait légèrement excessif par moment, et l’aspect adaptation (impossible) d’un manga en film live pèse plus qu’auparavant, surtout dans les scènes d’humour.

Le côté looser crédible du héros du premier film permettait d’accepter facilement le scénario improbable, comme des choses extraordinaires arrivant à quelqu’un d’ordinaire, mais cette fois le jeu parfois outrancier de certaines actrices secondaires dessert le film.
Malgré tout, on retrouve avec plaisir certains personnages, et sans rien dévoiler, je peux dire que c’est sans conteste ceux là qui sont impériaux et magnifiques.
On ne retrouve pas non plus le côté rock n’roll de la musique, qui se fait attendre jusqu’au générique final, et c’est bien dommage car à la place on a souvent droit à de la guimauve au piano, ou au mieux aux mélodies mystiques accompagnant les apparitions d’Ami.
En conclusion, pour les fans inconditionnels du premier film, il se peut que ce second opus soit une petite déception, car bien qu’il fasse avancer l’intrigue, il ne demeurera pas un film culte à lui seul, mais seulement un bon élément indissociable d’une trilogie réussie.
Il est vraiment conseiller de revoir le premier film avant de mater celui là, car si on ne l’a pas vu ou un peu oublié, l’intrigue sera vite nébuleuse, et tout le film perdra de son intérêt, son machiavélique scénario tortueux !


Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Vers la fin du film, l’une des prédictions va s’accomplir, et rien ne se passe comme prévu… malgré tout, les événements prouve qu’une prédiction peut toujours être interprétée comme s’étant accomplie, du moment qu’elle est rédigée assez mystérieusement !