TIMER

 

a Jac Schaeffer film
Screenplay : Jac Schaeffer
Cast : Emma Caulfield, Michelle Borth, John Patrick Amedori, Desmond Harrington, JoBeth Willians,
Bianca Brockl, Cristina Cimellaro, Mark Harelik, Scott Holroyd, John Ingle, Tom Irwin, Christine
Joaquin, Eric Jungmann, Celene Lee
Running time: 99 min.
Contries : U.S.A.

L'avis du BIFFF :

Sous nos latitudes technophiles, un pas de plus vers l’assistanat total est appelé progrès : on nous apprend à penser en restant dans les clous idéologiques, on wikipédie à tout va en prenant l’info pour argent comptant et on crée le télé-plaisir en développant notre pouce préhenseur avec la zapette infernale ! Un dernier bastion, et non le moindre, dépendait encore de notre libre-arbitre : les sentiments. Hé bien, désormais, le temps de compter fleurette est révolu avec le timer, un code-barre implanté sur le poignet qui décompte les jours jusqu’à la rencontre du cyber-prince charmant. Et pas de bol pour Oona, trentenairecélibataire-proche-de-la-névrose, son timer n’est pas prêt de chanter une sérénade, car son élu ne s’est pas encore branché sur cette fabrique des sentiments. Entre-temps, elle rencontre Mikey, jeune musicien qui a encore quatre mois à tirer (son coup) avant de rencontrer l’âme soeur. Seulement, voilà, quand on a perdu le mode d’emploi de la spontanéité, on s’en remet aux codes binaires de l’électronique pour le meilleur… mais surtout pour le pire.

Sous ses faux airs de girl power et pinky fashion, Timer dénonce la systématisation du quotidien dans une technologie qui risque de nous bouffer tout crus et nous transformer en culs-de-jatte émotionnels. La subtile perversité de Jac(queline) Schaeffer est de nous présenter ce poison insidieux dans une pomme d’amour. Alors, évidemment, on croque dedans sans entendre le beep qui signe la fin de notre carrière d’être humain…

MON HUMBLE AVIS :

Alors que notre société capitaliste fait déjà commerce de notre santé, de nos loisirs, de nos idéaux, ou de notre communication, que reste-t-il donc encore à vendre ?
La réalisatrice de « Timer » pense que c’est l’amour, tout simplement, le prochain créneau commercial porteur, elle va donc dans son film à la fois faire la promotion de son produit, et l’étude de marché qui va avec…
Cette comédie romantique américaine (comprendre « pleine de bons sentiments, de stéréotypes, suivant une recette convenue) se veut aussi un film fantastique, dans le sens où il s’agit de science-fiction, ou plus précisément d’anticipation : dans un futur proche, c’est la mode de se faire implanter dans le poignet un gadget nommé « timer » qui calcule le temps qu’il vous reste avant de rencontrer l’âme sœur.
Comment une chose pareille pourrait-elle bien fonctionner se demande-t-on immédiatement, mais ce genre de questionnement scientifique (pourtant légitime en SF) ne semble pas intéresser la réalisatrice qui préfère esquiver le problème en en faisant une invention japonaise dont les vendeurs comme les consommateurs ne se soucient pas du fonctionnement.
La mise en scène est très classique pour ce type de cinoche, tout est correctement rythmé, ce qui est l’essentiel pour jongler entre comédie et romance, mais sans originalité particulière.
Evidemment le pitch permet quelques séquences burlesques inédites, mais c’est de toute façon la condition sine qua non d’une comédie romantique que de trouver au moins une situation de départ originale avant d’entamer la structure habituelle du récit.

Rien à signaler donc question photographie ou montage, c’est propre et pro, rien d’innovant, mais quand même pour un film indépendant, il n’a rien à envier à la production d’un grand studio.
Les décors et les costumes ne rendent pas compte d’un futur proche, c’est comme si le « timer » étaient en vente de nos jours… de plus les lieux visités par le film (hôpital, bar, appartements), tout comme les tenues portés par les personnages (dentiste, réceptionniste, caissier de supermarché), sont d’une banalité réaliste.
Le seul sfx du film est le « timer » lui-même, une sorte de mini cadran à affichage numérique collé sur les poignets pour quelques gros plans.
Les acteurs sont évidemment le point fort du film, tous les personnages étant crédibles, tour à tour amusants ou touchants.
Les 2 actrices principales sont particulièrement charismatiques, elles portent le film sur leurs (charmantes) épaules.
Mis à part quelques morceaux de rock savoureux, la bande originale elle-même n’est pas très bonne, appuyant maladroitement le côté guimauve de certaines situations.
« Timer » peut donc être un divertissement agréable, mais il ne restera pas longtemps en mémoire la faute à un script qui n’ose pas aller jusqu’au bout de ses idées, ni proposer la rébellion aux normes et aux conventions qu’on était en droit d’espérer… dommage, mais cette jeune réal, capable d’une telle direction d’acteurs sans faute, saura sûrement s’améliorer, si la société de consommation qu’elle semble finalement accepter aussi bien que son héroïne lui donne une seconde chance.

Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Les interrogations existentielles du jeune amant de l’héroïne sont ce qu’il y a de plus débile, par exemple il se demande pourquoi certains nichons ne pointent pas en avant, mais s’écartent sur les côtés, « comme s’ils louchaient » selon lui… si c’est génétique, les descendantes de ces nanas aux seins divergents, auront-elles les nibards dans le dos ?