INK

 

a Jamin Winans film
Screenplay : Jamin Winans
Cast : Chris Kelly, Quinn Hunchar, Jessica Duffy, Jennifer Batter, Jeremy Make, Eme Ikwuakor,
Shelby Malone, Shannan Steele, Steve Sealy, Steven Brown, Shauna Earp, Marty Lindsey, Jeffrey
Richardson, Troy Garner
Running time: 107 min.
Contries : U.S.A.

L'avis du BIFFF :

Si vous vous sentez déjà lésé dans votre libre arbitre parce que vous ne contrôlez pas vos flatulences pendant votre sommeil, ne lisez pas la suite : ça vous rendrait insomniaque…
Depuis que Casimir est assigné à résidence sur l’île aux enfants, deux tendances se disputent le contrôle de nos rêves : les conteurs, qui nous refourguent du concentré de bonheur ensoleillé, et les incubes, plus vicelards, qui encouragent notre consommation d’anti-dépresseurs à coups de cauchemars qui nous flinguent le moral. Ink est le sous-fifre de ces derniers et il a reçu pour mission de kidnapper Emma, petit bout de chou inoffensif, pour un sacrifice rituel qui lui permettra de rentrer dans cette caste d’enflures cauchemardesques. Le seul qui pourrait éventuellement l’extirper de ces limbes serait son père, encore faudrait-il qu’il arrive à caser la vie de sa fifille dans son agenda surchargé.

Film autoproduit, écrit, monté et réalisé en couple, cet objet filmé non identifié est au quotidien ce que le feng shui est aux meubles : une idée foutrement rafraîchissante qui se déroule comme un long poème surréaliste et qui a la sagesse de recadrer nos priorités sans nous faire la morale. Avec 250 briques, Jamin Winans a tout simplement rejoint la première classe des films inclassables, à côté du Labyrinthe de Pan et Eternal sunshine of a spotless mind.le cercle V.I.P. des réalisateurs coréens surdoués.

MON HUMBLE AVIS :

Réussite inattendue que ce petit film indépendant du Colorado, elle est entièrement due à son jeune réalisateur Jamin Winans qui l’a écrit, réalisé, monté et en a même composé la musique.
Un homme a perdu son âme depuis que sa petite fille est dans le coma.
De son côté, elle erre mentalement dans le monde des rêves, se croyant enlevé par un croque-mitaine qui veut l’offrir en sacrifice à une caste dominant les cauchemars.
Heureusement, cet univers onirique a aussi ses héros, les guerriers des rêves (ça aurait plus à Renny Harlin période « Freddy 3 »), et ces derniers vont dépêcher une conteuse pour secourir la fillette, ainsi qu’un pisteur et un trio de combattants pour essayer de ramener le père à sa mentalité d’origine, seule chance d’éveiller l’enfant…
La mise en scène est très dynamique et inventive, le tournage à la caméra mini-DV ayant sûrement permis une grande expérimentation.
Les scènes d’action rivalisent d’intensité et d’efficacité avec les meilleurs blockbusters hollywoodiens, ou même les films de castagne hong-kongais, sur ce plan ça ne fait jamais série B, ça casse la baraque au contraire !
La photographie crée une atmosphère onirique très étrange, avec des surexpositions et de légers flous contrôlés par moments, la qualité d’image étant tout de même parfois altérée par un manque de moyens, la créativité visuelle rattrapant cela aisément.

Le montage n’a pas du être facile, avec les plus de 30 heures tournées au final, mais c’est un tour de force d’énergie et de rythme.
Les décors varie entre extérieurs champêtres et zones urbaines banales, mais le traitement effectué sur l’image par étalonnage donne un cachet bizarre à tous ces lieux anodins.
Quelques lieux étranges ont été conçus pour donner une certaine « réalité » à ce monde des rêves, comme cet intercontinuum constitué d’un dédale de portes ouvertes sur différents lieux, ou la salle de réunion sacrificielle des créatures du cauchemar.
Les costumes font aussi preuve de recherches, concrétisées seulement avec du système D, mais certains look font mouche : le côté steampunk des combattants du rêve et de leur équipement, les écrans faciaux des êtres cauchemardesques, les caricaturant comme des miroirs déformants, la cape en haillons et le visage difforme au nez disproportionné (façon masque vénitien mais en chair & sang) du croque-mitaine… du tout bon.
La musique est géniale aussi, et participe activement à l’adrénaline des combats et autres scènes de tension, avec ses percussions techno judicieusement placées.

Je conclurai donc en vous conseillant vivement cet humble film qui a le mérite d’enfin inventer quelque chose de nouveau. Ça devient rare.


Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Le premier combat dans la maison de la fillette, entre les forces du bien et le croque-mitaine, est réellement impressionnant, les cascades succèdent aux échanges de coups, tout ça dans une ambiance bizarre où des pouvoirs étranges sont utilisés par les protagonistes, dans le mystère le plus total puisque l’univers du film ne nous a pas été encore totalement exposé.