COLD SOULS

 

a Sophie Barthes film
Screeplay: Sophie Barthes
Cast: Paul Giamatti, Dina Korzun, Emily Watson, David Strathairn, Katheryn Winnick, Lauren
Ambrose, Boris Kievsky, Oksana Lada, Natalia Zvereva, Rebecca Brooksher, Yevgeniy Dekhtyar,
Floanne Ankah, Fabrizia Dal Farra, Polina Gorokhovskaya
Running time: 101 min.
Contries : U.S.A.


L'avis du BIFFF:

Âme stram gram (rien à voir avec Mylène Fermier) : ici, on suit un acteur, Paul Giamatti (joué avec brio par Paul Giamatti), qui rame avec L’Oncle Vania, de Tchekhov, sur les planches de Broadway. Le cerveau émietté comme un cramique par les impondérables du quotidien, il n’arrive pas à se connecter à son personnage. Désespéré, il décide de pousser la porte d’une clinique alternative qui propose d’extirper l’âme pour un petit repos dénué des angoisses existentielles. D’abord satisfait d’avoir placé son burn-out imminent dans une glacière, il finit rapidement par se sentir un peu… con. Heureusement, la clinique a tout prévu : grâce à une sorte d’Erasmus métaphysique, il peut louer l’âme d’un autre et l’échange a de quoi lui faire frétiller les synapses, puisqu’il s’agit de celle d’un poète russe ! La mauvaise nouvelle, par contre, c’est que son âme a été volée et revendue à une curiosité ethnologique blonde de Saint-Pétersbourg, qui visiblement préfère le recel d’âmes d’acteurs plutôt que le minerval de l’Actor’s Studio.

Véritable scud à l’ère de la frankenscience, le premier film de Sophie Barthes est avant tout une affaire de filiation : si, à première vue, on peut penser au monde déjanté de Charlie Kaufman, Barthes (pas Roland, bien que le bidouillage sémiologique soit leur point commun) préfère parler de Woody Allen, Bunuel et le surréaliste Cortazar comme influences marquantes. Sans oublier, bien sûr, Les Ames Mortes, de Gogol (Nicolas, pas le groupe punk de Jacques Dezandre).

MON HUMBLE AVIS :

Si on croit au concept judéo-chrétien de l’âme, on pense qu’elle est dissociable du corps, puisqu’elle lui survit après la mort biologique, dans l’au-delà.
Le scénario de « Cold souls » a donc imaginé qu’on pouvait technologiquement séparer l’âme du corps, et que des entreprises pourraient faire le commerce de ce « miracle ».
En effet, les gens (riches) mal dans leur peau pourraient ainsi souhaiter se débarrasser de leur âme, pour voir la vie sous un nouvel angle, voire emprunter l’âme d’un autre, si en plus du commerce légal se développe un trafic d’âmes au marché noir, depuis la Russie (évidemment).
Ce sera le cas du héros, Paul Giamatti, interprété avec talent par Paul Giamatti (aussi producteur du film), qui essaiera l’âme d’un poète russe pour chasser son spleen et renouer avec le succès dans sa carrière d’acteur, la pièce « Oncle Vania » de Tchekhov.
Bien sûr, il regrettera son geste, mais sa situation ira en s’empirant, lorsque son âme véritable aura été volée du labo où elle était stockée…
La réalisatrice donne dans un académisme soigné, peut être un peu trop sage, mais élégant en tout cas, clairement influencé par Woody Allen ou Bunuel.
Son acteur principal est presque de tous les plans, surtout lorsque son histoire rejoint celle de la « mule » qui fait passer les âmes slaves à l’ouest.
Le montage (d’Andrew Mondshim, monteur attitré de Sydney Lumet) est trop lent pour de la comédie, on aurait apprécié un rythme plus enjoué, les aspects dramatiques du récit ne fonctionnant pas vu le caractère improbable du scénario.

Les décors passent de New York à Saint Petersbourg, en Amérique on va dans un théâtre, dans un appart de snob, et au labo d’extraction des âmes, tandis qu’en Russie on voit les quais du port marchand, quelques boutiques bourgeoises, une usine et le QG des mafieux.
Les costumes sont quelconques, on se souviendra surtout du chapeau fourré ridicule porté par le héros à l’est (et de la scène où il le réchauffe au sèche cheveux).
Il n’y a pas vraiment d’effets spéciaux, mis à part une séquence sur fond blanc, lorsque Paul regarde à l’intérieur du point chiche desséché qui lui sert d’âme.
Paul Giamatti porte en toute logique le film sur ses épaules, et s’en sort avec les honneurs, il parvient (de justesse) à ce qu’on ne s’ennuie pas (malgré la lenteur), grâce à ses raleries de vieux ronchon désabusé.
Il faut noter que de véritables artistes russes interprètent les personnages russes.
La musique n’est pas mémorable, encore une fois trop sage et snob pour émouvoir réellement.

En conclusion, ce film d’anticipation a des côtés amusants, mais quel public vise-t-il vraiment ? Les croyants crieront au blasphème, tandis que les athées se plaindront du ridicule d’un tel point de départ : pourquoi le science perdrait elle son temps à faire des recherches sur une telle superstition mystique ? … ah oui, c’est vrai, pour gagner de l’argent sur le dos des gogos ! MDR


Une scène mémorable qui vous donnera (peut être) envie de voir le film :
Le meilleur moment, selon moi, est sans conteste lorsque la petite amie du mafieux, une bombe atomique actrice d’un soap opéra local, croit posséder désormais l’âme d’Al Pacino et surjoue à mort devant sa glace (en plus, je tiens à préciser pour ceux qui ne me connaissent pas bien encore, qu’elle est en sous vêtements au cours de cette séquence !)…