THE DIVIDE

 

Director: Xavier Gens
Genre: Horreur, Science Fiction
Section: Sélection Officielle
Countries: Allemagne, Canada, Etats-Unis
Year: 2011
Actor: Lauren German, Michael Biehn, Milo Ventimiglia, Courtney B. Vance, Rosanna Arquette
Producer: Ross M. Dinerstein, Juliette Hagopian, Nathaniel Rollo, Darryn Welch
Executive producer: Jamie Carmichael, Michael Horn, Kevin Iwashina, Chris Ouwinga, ...
Length: 110 min.

L’AVIS DU BIFFF

Dans le registre post-apocalyptique, la grosse pomme n’en finit pas d’en prendre plein la gueule ! Après New York ne répond plus, 2019 après la chute de New York, et New York 1997, vlà-t-y pas qu’elle se mange une explosion nucléaire dévastatrice : huit résidents, qui ont eu l’intelligence de ne pas croire à une répétition burnée du 4 juillet, décident de se réfugier dans le sous-sol de leur immeuble. Ils découvrent alors que Mickey - leur concierge réactionnaire et fan de Survivor - en a fait sa tanière perso et - accessoirement - un abri antiatomique avec des réserves d’eau et de nourriture… Pour une personne. Evidemment, l’esprit de partage se faisande très vite et les démonstrations de force se multiplient à en faire pâlir une horde de cerfs pendant la saison du rut. Mais quand des soldats en combinaison étanche surgissent pour les ravitailler en pruneaux et enlever l’un des enfants, les survivants se rendent à l’évidence : ils viennent de claquer la porte à la gueule de l’humanité et cet abri n’est autre que leur Nostromo urbain…
L’Enfer, c’est les autres, disait Sartre. Xavier Gens confirme : le réalisateur de Frontière(s) (Méliès d’Argent au Bifff 2008) livre un film dérangeant et psychologiquement éprouvant sur la condition humaine. Tourné dans l’ordre chronologique et dans une liberté artistique totale (la revanche de Hitman ?), The Divide bénéficie d’un casting aux petits oignons : Michael Biehn (la trinité Alien, Terminator, Abyss) et Rosanna Arquette, pour ne citer qu’eux !

MON HUMBLE AVIS

Contrairement à un film post apocalypse, l’histoire se passe juste quelques secondes après la bombe atomique, ce qui se traduit par un huis clos dans une cave d’immeuble, avec une poignée de survivants.
Le message est assez dur, car le temps qui passe révèle les instincts les plus bas de l’homme, où les forts bouffent les faibles.
Le plus dur également à admettre est encore qu’il vaut mieux mourir pendant l’explosion, que de survivre dans des conditions aussi extrêmes.
La réalisation de Xavier Gens souffre de trop peu moyens, malheureusement, on sent clairement que le film pourrait nous donner des possibilités plus grandes de péripéties, mais il a déjà failli ne pas se faire, sans l’appui financier des parents d’un assistant stagiaire (anecdote véridique révélée sur scène par le réal).
Notons une petite particularité, sur le fait que le réalisateur a tourné les scènes du film dans l’ordre chronologique, permettant ainsi une meilleure identification des acteurs à la dégradation de leurs personnages.

Les cadrages sont variés et exploitent intelligemment toutes les possibilités du décor, pourtant réduit (exemple d’un plan aérien en suivant les conduites d’eau et d’électricité, pour accompagner un personnage dans un couloir).
Ces valeurs de cadre suffisent pour ne pas ennuyer l’œil du spectateur.
Les plans sont plus larges en début de film et se resserrent plus on avance vers la fin, ce qui insiste sur l’angoisse des personnages.
On retiendra donc beaucoup de plans très signifiants, qui renforcent l’émotion ou l’intensité de l’histoire.

La photographie est très sophistiquée, peut-être un peu trop pour le côté craspec et réaliste du récit.
L’image est peu contrastée, et veut insister sur les tons vert-brun du décor.
Elle utilise des objectifs à courtes focales, pour réduire la profondeur de champ, et ainsi accentuer le côté claustrophobie du film.
Le montage est plutôt lent, avec beaucoup trop de plans longs pour nous faire ressentir l’atmosphère pesante, où les sentiments tourmentés des personnages.

Une fois passé la scène d’explosion, et avant la demi-heure d’action finale, il y a bien toute une heure un peu longuette.
Les scènes de bagarres et de disputes sont biens montées, ce qui prouve le talent de Xavier Gens dans ce genre.
Le décor se résume à un huis clos dans une cave d’immeuble dégueu, dont on a vite fait le tour.
Les seules sorties sont aussi attendues par le spectateur que par les personnages, mais seront tout aussi décevantes pour les uns comme pour les autres.
Un gros travail de déco a été accompli sur la dégradation, mais qui a été facilité par le tournage dans l’ordre chronologique des scènes.

Rien à signaler pour les costumes, le retour progressif à la barbarie amène à des looks de skins malades, faisant référence aux mutant des films post-apocalypse.
On est loin du travail de Norma Moriceau sur Mad Max et du genre.
Les SFX sont assez nombreux, beaucoup de maquillage de blessures, l’explosion atomique du début n’est pas mal du tout.
Les fans de gore seront un peu déçus, car beaucoup de scènes sont suggérées et non montrées. Il y a une bonne scène de torche humaine torse nu, effet assez rare et particulièrement réussi, sauf quand il tombe au sol et que l’on voit le cascadeur complètement badigeonné de produit ignifuge.
On remarquera aussi que l’effet d’amincissement des acteurs est vrai, car certains ont perdus plusieurs kilos, grâce aux difficultés de tournage.

Le casting est solide, et c’est un plaisir de revoir des vieilles trognes du cinéma comme Michael Biehn et Rosanna Arquette, dans leur registre habituel.
L’acteur de la série Héroes, Milo Ventimiglia, par contre, casse totalement son image dans ce film.
Notons la performance de Michael Eklund, qui joue l’acolyte du personnage de Milo, avec beaucoup d’énergie, et vraiment « la tête de l’emploi ».
Les autres sont assez quelconques, le rôle de l’héroïne est plutôt mal choisie.
La musique se résume à un morceau de piano un peu trop dépouillé, et surtout trop répétitif à mon goût.
Il est parfois mixé avec de la musique « ambiant », de façon plus moderne et assez pesant. Cela correspond bien à l’atmosphère morbide du film.
« The divide » est un film pour public averti, qui se laisse voir, mais on est un peu déçu que la piste de l’exploration dans les couloirs des scientifiques n’a pas été plus approfondie...