SHUFFLE


Director: Kurt Kuenne
Genre: Drame, Fantasy
Section: 7e Parallèlle, Première Internationale, Sélection Officielle
Competition: 7e Parallèlle 2012
Countries: Etats-Unis
Year: 2011
Actor: T.J. Thyne, Paula Rhodes, Chris Stone, Meeghan Holaway
Producer: Kurt Kuenne, Dave Kuhr, Chris Stone, T.J. Thyne
Length: 82 min.

L’AVIS DU BIFFF

Lovell Milo est un grand voyageur, à ceci près que ses déplacements ne sont pas géographiques mais spatio-temporels… Et vous pouvez tout de suite oublier le glamour candide à la Marty McFly ! Lovell se réveille chaque matin avec un âge différent : 8, 92, 30 ou 24 ans, notre nomade temporel vit ces allers-retours incessants comme une véritable plaie. Imaginez un peu : en 24 heures, il passe du grand-père incontinent au gamin zizi panpan qui se fait latter par le paternel autoritaire ! Bref, un zigzag qui a de quoi saper son équilibre personnel… Et comme il se morfond dans cette fatalité, le destin décide de lui envoyer des indices pour lui faire comprendre que rien n’arrive par hasard ; Lovell n’est pas victime d’une caméra cachée céleste et son yoyo temporel cache une mission de la plus haute importance : il a des vies à sauver ! À commencer par la sienne, d’ailleurs…

Grande figure du cinéma indépendant, Kurt Kuenne livre avec Shuffle une œuvre hybride, entre La Quatrième Dimension et La Vie est Belle (version Capra). Inspiré et intelligent, le scénario multiplie les fausses pistes et se plaît à fourvoyer le spectateur, pris au jeu de cette enquête existentielle, menée tambour battant par T.J. Thynes (le Dr Hodgins de la série Bones) !

MON HUMBLE AVIS

Il y a du « Code Quantum » et du « Retour vers le futur » dans l’inspiration initiale qui a permis à ce film de voir le jour, mais le résultat s’en éloigne beaucoup par son traitement arty de film d’auteur, sûrement principalement du plus au budget qu’à de vrais choix artistiques.
On croit dans un premier temps que le message du film est sur le destin jamais totalement écrit, sur son futur qu’on pourrait modeler à la force de sa volonté, mais on s’aperçoit au final que les valeurs judéo-chrétiennes sont trop ancrées dans la « civilisation » américaine pour qu’une chose aussi simple puisse être dite, car le twist final (que je ne dévoilerai bien sûr pas) fait retomber la portée du film à une morale à deux balles, larmoyante et surtout bien trop conservatrice.
La réalisation s’en sort pourtant très bien, parvenant à capter l’attention du spectateur et à ne pas la relâcher malgré des moyens limités.
Sur le plan cadrages, on trouve beaucoup de gros plans et de plans moyens, mais peu de plans larges s’ouvrant sur un vaste décor, car les cadres restent centrés en général sur les émotions des personnages.
Tout est cadré sur pied, rarement en mouvement, mais ça nous change un peu de la « shakycam » à la mode, ce qui n’est pas plus mal.

Le film est photographié en noir et blanc, ce qui se justifie assez peu de prime abord, si ce n’est pour un des thèmes principaux du film qui est la photo d’art (plus souvent en N&B)…
En y réfléchissant un peu plus, il est vrai que cela renforce le côté atemporel (permettant aux décors et costumes de passer plus facilement pour ceux des différentes époques traversées par le script).
La photographie est donc stylée, avec des contrastes doux et des lumières bien travaillées.
En fin de compte, ce N&B est aussi un choix snob, pour faire davantage « production indépendante » arty.
Le montage est speed (avec de belles transitions en fondus enchaînés), il n’y a pas de temps morts, malgré la quasi absence d’action.
Les raccords entre les scènes (décalées dans le temps donc) se font par la voix off du personnage principal, ce qui est aussi une facilité de mise en scène.
Rien à signaler question décors, que du banal (des pavillons de banlieue américaine), ou sur le plan costumes, car la facilité du N&B permet d’éviter de se donner trop de mal à la reconstitution des différentes décennies, c’est dommage parce que ça aurait été un atout de plus pour le film.

Il n’y a pratiquement rien comme SFX, si ce n’est un maquillage de vieillissement, et un accident en pause (avec éclats de verres en suspension dans les airs).
Dans la distribution, on retrouve presque tout le casting du feuilleton « Bones » (sauf ses deux stars évidemment), T.J. Thyne qui y joue le Dr. Jack Hodgins, Tamara Taylor qui est le Dr. Camille Saroyan, ou Patricia Belcher qui interprète le procureur Caroline Julian, c’est assez amusant, une bonne équipe de potes sûrement, qui ont tenu à poursuivre l’expérience.
L’acteur principal, T.J. Thyne donc, est très touchant et intense, il porte le film sur ses épaules.
Les seconds rôles sont tous joués de façon réalistes, et l’actrice principale, Paula Rhodes, a beaucoup de charme, ce qui sert l’intrigue tournant autour d’elle.
La musique est très classique, elle abuse des violons et violoncelles, pour des effets trop larmoyants.
Il y a quelques rares moments plus rock, lorsque le héros a des sursauts d’énergie, mais ça ne sauve pas le score.
En conclusion, ce métrage est plutôt sympa à suivre, même si sa toute fin m’a déçu, son histoire est originale, ce qui est déjà assez rare pour mériter un coup d’œil.