IRON SKY

 

Director: Timo Vuorensola
Genre: Science Fiction
Section: Compétition Internationale, Sélection Officielle
Competition: Compétition Internationale 2012, Compétition Méliès 2012
Countries: Allemagne, Australie, Finlande
Year: 2012
Actor: Julia Dietze, Christopher Kirby, Götz Otto, Peta Sergeant, Stephanie Paul, Udo Kier
Producer: Oliver Damian, Tero Kaukomaa, Samuli Torssonen, Cathy Overett, Mark Overett
Executive producer: Michael Cowan, San Fu Maltha, Sean O'Kelly
Length: 93 min.

L’AVIS DU BIFFF

En 2018, un vaisseau spatial américain se pose sur la Lune pour la campagne présidentielle du sosie de Sarah Palin. Nos Ricains pensent être pépères sur le caillou, puisque Emmerich et Carpenter ont dézingué toute forme de vie extra-terrestre au siècle passé, et E.T. est retourné à la maison depuis belle lurette. Mais une petite erreur de manipulation lors de l’alunissage va les amener tout droit sur un comité d’accueil bien plus flippant : des nazis, planqués dans un vaisseau en forme de svastika, qui copulent en vase clos depuis leur fuite, en 1945, et préparent le 4e Reich (c’est ce qu’on appelle le Führer de vivre) ! Nos bons Aryens sont persuadés que ce vaisseau n’est que l’avant-garde d’une invasion massive, dotée d’une technologie de pointe : des mini-téléphones sans fil que l’ennemi appelle iPad… L’über-chefaillon Kortzfleisch va alors lancer une attaque sans précédent contre la Terre, avec l’aide de sa vénéneuse Iron Squaw, Renate Richter, qui a les moyennes dé fous faire parler, mouhahaha !

Comédie sci-fi au concept complètement barré, Iron Sky a connu une très longue gestation (6 ans de préparation !) avant d’être dévoilé en avant-première mondiale à la dernière Berlinale, pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans. Son réalisateur finnois, Timo Vuorensola, a soigné tous les aspects de son space opera : des effets spéciaux époustouflants en C.G.I. aux acteurs (des gueules bien connues, telles que Udo Kier, Götz Otto et Christopher Kirby) et jusqu’à la musique, signée par les Slovènes de Laibach (Spiderman, The Blair Witch Project).

MON HUMBLE AVIS

Le pitch est accrocheur, mais certains films s’en contentent, l’évoquant simplement pour la bande annonce par exemple, pas « Iron Sky » qui utilise son concept à fond.
Voilà une bonne série B assumée, et pas si bête qu’elle en a l’air…
Son message est qu’en politique tous sont des pourris, et surtout ceux qui veulent avoir l’air d’irréprochables anges !
Ainsi, le film nous montre comment le président des USA profite de la guerre pour assurer sa réélection.
Tous les hommes politiques du monde entier sont des menteurs, incapables de s’entendre même pour sauver la planète, et juste bons à se bastonner comme des racailles.
Bien sûr, tout cela est expliqué avec un humour du plus mauvais goût (mais c’est ce qui est jouissif), où les nazis vont parvenir à influencer la politique américaine grâce à la force des médias, un parallèle évident entre l’avant guerre en Allemagne et la situation actuelle aux States s’établit alors, avec un frisson dans le dos, entre deux éclats de rire…
La réalisation est classique, au bon sens du terme.
L’action est toujours bien lisible, les gags, décors, et SFX sont clairement exploités au maximum.

C’est une curieuse production finlando-germano-australienne qui aboutit à cette comédie réussie en totale liberté.
Le film est très bien cadré, il y a des plans larges avec beaucoup de décors et de figurants, des plans américains pour les dialogues, mais peu de gros plans.
Les plans d’effets spéciaux dans l’espace sont toujours amples et spectaculaires, c’est vraiment du beau boulot.
La photographie a d’abord un look lunaire gris, comme les uniformes nazis, c’est presque un monochrome.
A l’opposé, une fois sur la Terre, on trouve plutôt des couleurs chaudes.
L’éclairage est très pro, malgré de nombreuses scènes nocturnes (et pas seulement sur la lune), tout reste parfaitement lisible.
Le montage est calme, avec un bon timing comique, notons des super ralentis lors de la bagarre des politiciens, pour la scène finale.
Les plus beaux décors sont ceux de la base lunaire des nazis, mais on en trouve des tas d’autres intéressants, ce sont tous d’impressionnants plateaux avec des extensions numériques (comme pour l’intérieur de la maison blanche, la salle de commande de l’ONU, ou la passerelle du vaisseau terrien, par exemple).
Mais dans la station nazie, il y a des ordinateurs et des machines folles, dont la technologie est dérivée de celle des années 40, ce qui lui confère un look à la fois gothique et martial du plus bel effet.
C’est vraiment un bien bel effort de design pour une petite production, l’atmosphère visuelle est bien léchée.

Les costumes eux aussi ont reçu une attention particulière, les uniformes nazis sont modifiés légèrement pour coller à une SF steampunk, avec une précision fétichiste, allant jusqu’aux coiffures et autres dessous d’époque.
Des tas d’autres personnages ont des looks intéressants, comme l’astronaute avec sa tenue futuriste, ou la chef des médias arriviste, devenue capitaine du vaisseau terrien, dans sa combinaison moulante avec son col en plumes de paon !
Les SFX nous restituent tout un univers mixant seconde guerre mondiale et science fiction lunaire, grâce à de la synthèse 3D.
Il faut voir l’incroyable précision des modèles des engins lors des bastons spatiales, c’est vraiment la grande classe.
On trouve aussi des ordinateurs aux interfaces holographiques, un OVNI nazi, une base militaire en forme de Svastika (croix gammée), ou des giga-zeppelins spatiaux pour une blitzkrieg à base de lancer de météores depuis l’orbite (ce qui détruira la statue de la liberté) !
Une mention particulière pour la sortie du sol, et le crash par la suite, du croiseur « Helium 3 », ainsi que pour les combats aériens au dessus de New-York, dignes d’un blockbuster.

Udo Kier est impérial, et Christopher Kirby campe un sympathique héros (black au milieu des nazis, puis blanchi ! ! !), à la fois rigolo tout en étant suffisamment physique pour le rôle.
La charmante actrice allemande Julia Dietze joue une héroïne institutrice, enseignant la propagande nazie à de jeunes louveteaux du troisième Reich, qui croient naïvement à toutes les bêtises qu’elle raconte, elle est craquante et très amusante.
Götz Otto se donne à fond dans le rôle d’un bad guy énergique et grimaçant, Tilo Prückner est un savoureux savant fou tortionnaire, et des tas de seconds rôles sont tout aussi impayables.
Pour la musique, Laibach compose des morceaux épiques, en s’inspirant évidemment de Richard Wagner, de marches militaires allemandes, ou des scores des films de soucoupes volantes des 50’s.

La musique de Wagner a été très utilisée par l'industrie cinématographique, telle l'attaque des hélicoptères rythmée par la « Chevauchée des Walkyries » dans « Apocalypse Now » de Francis Ford Coppola (en 1979), et de nombreux musiciens hollywoodiens ont été influencés par Wagner (Erich Wolfgang Korngold, Max Steiner…).
Wagner était un intellectuel en proie aux errements idéologiques de son époque qui sera récupéré, après sa mort et dans un contexte différent, par les Nazis, aussi il est logique dans le contexte satirique du film de se servir de ses mélodies, d'une expressivité à la grande puissance dramatique, en les retravaillant pour obtenir un ton plus moderne.

Le meilleur gag du film est celui où deux nazis, fraîchement débarqués de leur exil lunaire, tombent sur un numéro de Playboy, en matant la page centrale ils commentent la pilosité intime des hardeuses, la comparant à la moustache du Führer !
En conclusion, on passe un bon moment avec ce film foufou, se concluant sur l’amour entre une arienne et un black (avec coupe à l’afro), devant une assemblée de petits louveteaux médusés, avec un baiser interracial qu’osait déjà Star Trek dans les années 60’s, mais visiblement toujours prompt à choquer les esprits conservateurs.