DELINQUENT GIRL : ALLEY CAT IN HEAT

 

pays de production : Japan
année de production : 1973
durée : 70
genre : roman porno
réalisateur : Chûsei Sone

AVIS DU NIFFF

Le réalisateur : Reconnu pour être l’auteur qui a radicalement développé le potentiel esthétique et expressif du roman porno, Chûsei Sone a également été l’assistant réalisateur de Seijun Suzuki. Ses films sont des chefs-d’oeuvre de mise en scène, d’érotisme et d’humour.

Le film : Les malheurs d'une jeune provinciale qui débarque à Tokyo et se retrouve sans un sou. Un film de jeunesse parodique dans lequel Chûsei Sone déploie un humour grivois à la dimension absurde.

MON HUMBLE AVIS

Les conditions de tournage de ce film furent particulièrement chaotiques, avec la réécriture permanente du scénario, au fur et à mesure, à la grande surprise des producteurs.
Au final, on trouve une certaine fraîcheur innocente, inattendue, qui modifie les règles et les conventions du roman porno.
Grâce à la « magie » de ce personnage candide d’ingénue, les aspects mignons « pervertissent » les côtés malsains et noirs, c’est le monde à l’envers !
Avec humour et dérision, le réalisateur Chûsei Sone parvient au miracle de rendre attachants son histoire et ses personnages, dans ce cadre si amoral.
Comme il est un ancien assistant de Susuki, cette expérience se sent dans l’importance accordée à la forme, même dans ce genre mineur du roman porno.

On trouve beaucoup de cadres très travaillés (des décadrages, des vues aériennes, etc…), ou même originaux (comme ce plan vu de l’intérieur d’une guitare par exemple).
La photographie est naturaliste, en lumières naturelles, car comme il y a peu de moyens tout est filmé à l’arrache…
Pour preuve, il y a ces extérieurs dans les rues, où les passants à l’arrière plan sont interloqués, par la présence de la caméra.

 

Le montage est lent, favorisant les plans séquences.
Les décors urbains nous montre le Tokyo des années 70.
Les costumes sont réalistes, sauf ceux de l’héroïne, toujours totalement surréaliste quand à elle (des fleurs aux cheveux, des couettes, des tenues pop).

Il n’y a pratiquement pas de SFX, à part un léger maquillage, lors du passage à tabac du maquereau.
On peut à ce sujet aussi parler des moyens ingénieux déployés pour cacher les parties intimes, lors des scènes de sexe (accessoires dans le champ, cadres savants, grattage de la pellicule, caches divers…), alors qu’au final, on en verrait moins que dans une publicité ou un clip d’aujourd’hui !
Les acteurs sont tous très bons, naturels surtout, on y croit.
On peut donner ici une mention particulière à l’actrice principale donc, qui réussit à garder plausible son personnage positif et optimiste, au travers d’un érotisme pourtant basé sur l’avilissement et la soumission de la femme.

La musique romantique au piano offre un décalage humoristique, par rapport aux scènes malsaines (triolisme, voyeurisme…).
Curieusement, il n’y a jamais de musique lors des scènes érotiques, juste les bruitages diégétiques.
En conclusion, « Delinquent girl » perverti le genre sexe dégueulasse par des aspects mignons, et l’humour noir de ses personnages pathétiques (le joueur manipulateur se tuant par maladresse, lors d’un chantage affectif au suicide, le yakuza romantique chantant des balades sur le thème de la prostitution…).
C’est finalement un fier fleuron du genre roman porno.