DOOMSDAY BOOK

 

Réalisateur(s) : KIM Jee-woon, YIM Pil-sung Interprète(s) : Song Sae-byeok, Ryoo Seung-bum, Kim Kang-woo Scénariste(s) : Kim Jee-woon, YIM Pil-sung Producteur(s) : Kim Jung-hwa Musique : Mowg
South Korea • 2012 • sci-fi anthology • 2h • couleur • digital • VO Kor/ST Eng+Fr

SYNOPSIS

Cette anthologie en trois segments propose différentes visions de l’apocalypse.
Dans A Brave New World réalisé par Yim Pil-sung, c’est une contamination alimentaire qui se développe dans Séoul, rendant les infectés aussi voraces que des zombies, alors que les médias tentent d’étouffer les causes réelles de l’épidémie.

Avec The Heavenly Creature, Kim Jee-woon propose une réflexion plus philosophique. Dans un monastère bouddhiste, les moines sont persuadés que leur robot de compagnie a atteint l’illumination et est la réincarnation de Bouddha. La corporation ayant fabriqué l’androïde envoie alors un ingénieur pour vérifier si la machine est défectueuse. Les philosophies antagonistes des moines et des cartésiens vont s’opposer pour décider du sort du robot.

Enfin, dans Happy Birthday, également réalisé par Yim Pil-sung, c’est l’approche imminente d’une météorite qui menace la Terre. Deux ans auparavant, la jeune Min-seo a commandé une boule de billard sur un site internet. Enfermés dans un abris sous-terrain, Min-seo et sa famille commencent à comprendre que les deux événement sont liés, en attendant la fin du monde.

L'AVIS DU FEFFS

Kim Jee-woon a realisé plusieurs longs-métrages tels que A Tale of two sisters (2003), A bittersweet life (2005), The good, the bad, the weird (2008) ou I saw the Devil (2010). YIM Pil-sung a réalisé plusieurs courts-métrages ainsi que les longs-métrages Antarctic Journal (2005) et Hansel et Gretel (2007).

 

L'AVIS DU NIFFF

Doomsday Book est composé de ces trois récits, tissés autour d’une thématique commune et plus qu’actuelle : la fin du monde. Chaque segment du triptyque s’apparente à un genre différent (l'horreur burlesque, la science-fiction, l'humour). On retrouve aux commandes deux noms costauds du cinéma coréen, Kim Jee-woon (I Saw The Devil) et Yim Pil-Sung (Antartic Journal).

MON HUMBLE AVIS

En 2006, un producteur a l’idée de monter un triptyque sur le thème de la fin du monde.
Les réalisateurs Kim Jee-woon et Yim Pil-sung sont engagés, mais au cours du tournage du segment le plus coûteux, la production fait faillite, alors qu’il manquait encore de l’argent pour les SFX…
Lorsque la production reprend en 2011, grâce au succès international de « I saw the devil », Kim Jee-woon est parti aux USA faire « The last stand » avec Schwarzenegger.
Donc c’est Yim Pil-sung qui s’y recolle, pour faire le troisième segment... et c’est tant mieux, car son humour déjanté permet de clôturer le film sur une touche d’espoir positive.

Parlons d’abord du premier segment, dans le genre horreur burlesque, avec des zombies, réalisé par Yim Pil-sung.
Les cadrages sont en mouvement, au steady-cam, c’est donc un film nerveux d’infiltrés à la « 28 jours plus tard ».
La photographie emploie des néons, dans des images nocturnes aux lumières rouges agressives, violemment contrastées.
Le montage use d’ellipses, et du style d’un faux journal télé, au milieu du court métrage.
Les décors utilisent un appartement BCBG, un square, une rue étudiante, un restaurant et des boites de nuit, pour nous montrer les déchets, et la saleté urbaine, qui gangrènent tout progressivement.

Les costumes sont réalistes, rien à signaler d’original.
Comme SFX on a droit à quelques effets gore, et aux maquillages des infectés (veines apparentes, teint de peau blafard, commissures des lèvres desséchées, lentilles blanches).
Question interprétation, il y a trop de distance comique pour permettre l’émotion, ce qui ne provoque pas une compassion énorme envers ce qui arrive.
La musique est de la techno rageuse et tapageuse.

Parlons maintenant du second segment, dans le genre science fiction, avec un robot, réalisé par Kim Jee-woon.

 

Les cadrages utilisent des panoramiques lents, des constructions de plans géométriques, très « rangées ».
La photographie est jaune dorée, chez les bouddhistes, pour insister sur la chaleur humaine, et devient bleu pâle, dans les zones plus SF mécanisée, pour en montrer la froideur déshumanisée.

Le montage est très lent, il y a beaucoup de plans longs, de style contemplatif.
Les principaux décors sont le temple traditionnel, l’appartement du technicien et le couloir adjacent, dans un immeuble futuriste, qui fait référence aux designs dans « AI » de Spielberg.

Question costumes, notons que les techniciens de la boite de robotique ont des tenues stylisées hightech, surtout leurs officiers de sécurité.
Le robot est fait tout en synthèse, peu animé, mais incrusté magnifiquement (avec des reflets confondants sur son blindage), peut être il y a-t-il aussi une marionnette animatronique pour les gros plans.

Les acteurs font tous preuve d’une certaine froideur, nécessitant de projeter son propre ressenti sur des masques impassibles, sauf en ce qui concerne l’interprétation enflammée du PDG.
La musique développe une mystique dramatique, avec du piano chiantique !

Parlons enfin du troisième segment, dans le genre humoristique, avec un météore menaçant la Terre, réalisé donc de nouveau par Yim Pil-sung.

Les cadrages montrent surtout des gros plans, proche des acteurs, avec des arrières plans flous.
La photographie use d’un camaïeu brun terre, et une lumière douce, ce qui renforce une certaine tendresse, malgré le thème.
Comme pour le premier segment, le montage use d’ellipses, et du style d’un faux journal télé, encore au milieu, mais cette fois le montage est moins rapide, plus calme.
Comme décors, on a l’abri souterrain des survivants, et le monde post-apocalyptique final (et ses extensions en 3D).
Pour les costumes, il y a un alien façon cosplay de « Galaxy 999 », et des survivants en loques, avec dreadlocks et accessoires bricolés.

Les SFX en 3D montrent la Terre vue de l’espace, et une boule de billard géante ( ! ), puis l’explosion spectaculaire de la destruction planétaire finale !!!
Parmi les acteurs, si les adultes sont sympas et attendrissants, la petite fille de 8 ans joue vraiment bien, avec de plus une bouille adorable.
On ne trouve par contre rien de bien mémorable en musique.

Pour conclure, même si les problèmes de la vache folle et de la grippe aviaire sont « derrière nous », maintenant que le film est fini, il reste néanmoins d’actualité, comme les soucis écologiques mondiaux, malheureusement…
La dérision de Yim Pil-sung fait passer la pilule, croyant fermement que l’homme surmontera tout, même la fin du monde !...