THE TINGLER

 

Un légiste développe une théorie sur un parasite qui naîtrait au sein même de la colonne vertébrale des personnes prises de terreur.

Et ce parasite disparaîtrait avec les cris de l’être humain.

The Tingler est un magnifique exemple du cinéma fantastique de William Castle, où le spectacle se poursuit souvent au-delà de l’écran.

Le personnage joué par Vincent Price est en quelque sorte le prolongement du cinéaste dans sa démarche d’étude et d’analyse de la peur.

 

Pays : USA

Année : 1959

Durée : 1h22

Version : Anglais, sous-titré en français

Avertissement : interdit aux moins de 12 ans

Réalisation : William Castle

Acteurs : Vincent Price, Judith Evelyn, Darryl Hickman

MON HUMBLE AVIS :

 

La présentation initiale du film par William Castel lui-même nous met immédiatement dans l’ambiance : il nous conseille de crier à plein poumons si nous ressentons les picotements étranges comme les personnages du film, un bon cri au bon moment peut nous sauver la vie !

Cette touche d’humour à froid nous invite aujourd’hui à prendre le film au second degré même si il cherchait réellement à faire peur à l’époque.

 

Le message est sur les dangers de la recherche scientifique dénuée d’une éthique solide, et sur les mystères du fonctionnement de la peur.

Dans une explication pseudo scientifique hallucinante, on prétend très sérieusement que la peur génère une créature vivant à l’intérieur de nos corps, le long de la colonne vertébrale (d’où les sensations de « froid dans le dos »), et qu’un cri peut la détruire.

 

La réalisation énergique ce ce film de genre frôle souvent l’expérimental pour son époque, n’hésitant pas à briser le troisième mur pour s’adresser directement aux spectateurs et essayer de leur faire oublier la différence entre fiction et réalité, procédé osé, allant jusqu’à l’accidente de projection (comme dans Gremlins 2 de Joe Dante).

 

Les cadrages emploient dès avant plans sur des détails, et des arrières plans fouillés.

Ça reste une grammaire cinématographique assez simple, à base de plans américains, ça fait très « Théâtre filmé ».

 

La photographie use d’un noir et blanc profondément contrasté, ces ombres tranchées apportant leur part de mystère aux images, et sculptant le relief des décors avec élégance.

 

Le montage est vif, on ne s’ennuie pas une seconde, entre les rebondissements, changements de points de vue, découvertes scientifiques et autres scènes oniriques, ça passe même trop vite.

 

Les décors sont principalement en studio pour les intérieurs, pour mieux contrôler les éclairages.

On y voit la maison du héros, son laboratoire, le cinéma, et l’appartement de ses propriétaires.

 

Les costumes sont classe, les laborantins œuvrant même en costard, et les femmes portant de belles toilettes pour sortir.

 

Les sfx sont le point fort du métrage, même si il faut bien sur les replacer dans leur contexte historique.

On voit un maquillage de psychopathe défiguré à base de masque en latex, une main de monstre velu, et le Tingler lui même (ou Crispeur en français) : une sorte de chenille annelée aux mandibules acérées évoquant aux trekkies le parasite contrôleur de pensée de Star Trek 2, et aux autres un mutant mi-cafard mi-mille pattes !

Cette marionnette est animée par un fil, quand ce n’est pas Vincent Prince lui même qui lui donne du mouvement en faisant semblant de lutter contre elle.

Le meilleur reste l’intrusion surprenante de la couleur rouge, celle du sang, dans un métrage en noir et blanc, un procédé très complexe à l’époque, et toujours saisissant même aujourd’hui.

 

Le casting des personnages secondaires est basique, les acteurs sont crédibles, mais nul ne parvient à éclipser la star de son piédestal, Vincent Price est magnifique, tour à tour poli, bien élevé, ou froid et obsédé par ses recherches, mais toujours avec une élégance raffinée qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours.

 

La musique de Von Dexter use de recettes classiques cherchant à nous faire sursauter, piano, cordes et cuivres se mêlent dans une ambiance d’abord feutrée, ou effrayante lorsqu’il le faut.

 

En conclusion, cette curiosité proposée en rétrospective par le FEFFS n’est à rater sous aucun prétexte, savoir faire et culot portant l’artisanat de la série B au niveau des pépites du meilleur cinoche d’auteur question inventivité.