FIRST LOVE

 

Un jeune boxeur croise la route d’une jeune prostituée toxicomane.

Ensemble, ils vont devoir affronter des flics ripoux, des yakuzas psychopathes et des assassins chinois impitoyables.

Après trois ans de série télé pour les filles de 3 à 6 ans (Magical × Heroine Magimajo Pures) et plusieurs films de commande, Takashi Miike renoue dans son 103e long métrage avec ses fondamentaux : First Love est une véritable déclaration d’amour d’un réalisateur passionné par le 7e art à l’intention de ses fans, une explosion orgasmique, qui se joue des codes et des genres pour redéfinir le film de yakuzas…

voire le cinéma tout court.

 

Pays : Japon

Année : 2019

Durée : 1h48

Version : Japonais, sous-titré en anglais et français

Avertissement : interdit aux moins de 12 ans

Réalisation : Takashi Miike

Production : Munyeki Kll, Jeremy Thomas, Misako Saka

Scénario : Masuru Nakamura

Acteurs : Munyeki Kii, Jeremy Thomas, Misako Saka

MON HUMBLE AVIS :

 

Takashi Miike a déclaré à la quinzaine des réalisateurs, au festival de Cannes, que son film était assagi et contemplatif, mais ça devait être un trait d’humour, car on y voit une décapitation avant même le générique de début !

 

Le message est pourtant sur la force de l’amour, et évoque ce qu’on est capable de faire quand on se croit déjà perdu.

 

La réalisation anticonformiste de Miike n’a en réalité rien perdu de sa nervosité et de ses expérimentations formelles, le réalisateur a juste compris qu’il fallait des personnages positifs pour permettre une meilleure immersion dans son univers, par identification.

 

Les cadrages sont assez proches des corps, souvent filmés à la caméra portée, mais les plans sont des choix signifiants par rapport aux émotions de la narration, et pas du shakycam approximatif, tout cela est réfléchi.

Cela rappelle énormément le style des yakuza eïga des années 70 de Kinji Fukasaku comme « Le cimetières de la morale » ou « Combat sans code d’honneur », en plus propre néanmoins.

 

La photographie est assez sombre, et desaturée en couleurs, pour transmettre une ambiance glauque et désespérée.

 

Le montage est rapide et fluide, il y a de nombreuses scènes en montage alterné : plusieurs duels simultanés, un combat de boxe en même temps qu’une désintoxication, etc...

 

Les décors urbains montrent des apparts crades, le QG des yakuzas, l’extérieur de la prison, un club et son ring de boxe, et beaucoup de scènes se déroulent dans des rues.

Le final dantesque est dans une sorte de supermarché, dont les allées composent un sanglant labyrinthe.

 

Les costumes sont réalistes, sans grande originalité, Miike nous a habitué à mieux dans ce domaine.

Seul le héros a une coupe un peu particulière, avec sa frange sur le devant, et on peut aussi signaler le look badass de la survivante qui veut venger son mec, passant la moitié du film sans son futal...

 

Les sfx sont principalement des blessures, pas forcément très gore, à part deux décapitations et un bras tranché, ce sont des maquillages améliorés numériquement, mais il y a aussi de la pure image de synthèse pour les accidents automobiles par exemple.

Notons qu’une scène impossible à réaliser en live (ou trop coûteuse sûrement) est carrément montrée en animation manga !!!

 

Le casting est excellent, chaque personnage est bien campé avec charisme et prestance.

Les failles psychologiques de tous les protagonistes sont exploitées pour les rendre plus humains, et ainsi le moindre méchant de second plan à tout de même notre empathie.

La performance émouvante des deux acteurs principaux remportent tout de même principalement notre sympathie, même si le yakuza traitre est au final un vecteur de comédie particulièrement efficace.

 

La musique est le gros point fort du film, elle est de deux types :

On entend un mélange de chants mongols gutturaux avec du bon rock épique, mais aussi une sorte de jazz freestyle dans les moments de chaos (évoquant encore les œuvres de Fukasaku).

 

En conclusion, ce film est une pure merveille, divertissant malgré sa noirceur, drôle et méchant à la fois, touchant sans naïveté, bien dosé, excessif comme on l’aime chez Miike, mais contrôlé pour rester émouvant.

Un film libre de toute entrave, dont le plaisir créatif est tout à fait communicatif.