JESUS SHOWS YOU THE WAY

TO THE HIGHWAY

 

Les agents de la CIA Palmer et Gagano ont pour mission de détruire un dangereux virus informatique nommé « Soviet Union ».

Ils pénètrent le système et réalisent alors qu’ils sont tombés dans un piège.

Le long métrage de Miguel Llanso se révèle un trip halluciné, le parfait grand écart entre le film expérimental et la comédie parodique.

Pour autant, le film n’est pas simplement potache dans la mesure où son auteur déconstruit intelligemment le genre et aborde des personnages de prime abord ridicules avec fascination et tendresse.

Le cinéaste espagnol confirme ainsi, trois ans après Crumbs, qu’il construit une œuvre singulière, drôle et nostalgique, vouée à devenir culte.

 

Pays : Espagne, Estonie, Ethiopie

Année : 2019

Durée : 1h22

Version : Anglais, sous-titré en français

Réalisation : Miguel Llanso

Production : Meseret Argaw, Miguel Llansó, Kristjan Pütsep

Scénario : Miguel Llanso

Acteurs : Daniel Tadesse gagano, Agustin Mateo, Guillermo Llanso

Ce film psychédélique réactive la guerre froide sur le terrain des nouvelles technologies.

 

Le message abordé des sujets sérieux comme l’espionnage, le patriotisme, la lutte contre la drogue, etc... mais le ton général est si foufou qu’on ne peut absolument pas croire une seconde qu’il y est vraiment un message dans un tel spectacle, aussi déconnecté de toute logique...

... à moins qu’il ne s’agisse d’une mise en abime bouddhiste selon laquelle la réalité ne serait qu’illusion !

 

La réalisation de ce film d’espionnage déjanté oscille entre film d’auteur  barré et grosse farce iconoclaste.

Son humour est vraiment particulier, on ne sait jamais trop si on rigole du film ou avec le film... pour peu qu’on rigole vraiment !

 

Les cadrages utilisent une grammaire assez sommaire, de style télévisuel.

 

La photographie privilégie les jaunes et les bleus, dans une ambiance feutrée aux ombres bien prononcées.

 

Le montage est énergique, les scènettes délirantes s’enchainant sans temps morts.

 

Les décors montre une base d’espions avec laboratoires expérimentaux de réalité virtuelle, nommée Psychobook.

Dans cette « matrice », une usine en passerelles sur de multiples niveaux semble une métaphore du labyrinthe mental où errent ses agents secrets oniriques !

On est plus surpris par les plans en extérieur présentant de la jungle, de grottes troglodytes, ou de superbes cascades africains.

 

Les costumes font dans la caricature, il y a même un Batman noir tout  droit tiré de la série des années 60, un héros travesti en stripteaseuse, des moines shaolin africains, des mouches géantes tirant des laser avec leurs trompes, et un Staline en uniforme.

 

Les sfx proposent un titre façon rétrogaming dans le générique de début.

On voit quelques effets gore, des yeux explosés par exemple.

Le plus étrange c’est d’animer image par image des acteurs live, revêtus des masques en papier représentant leur propre visage !

 

Le casting intègre des physiques improbables, comme le nain black bossu, ou la grosse femme tatouée, n’hésitant à se montrer dans le plus simple appareil.

 

La musique de fanfare se mêle à des sons de cartoons.

Les bruitages bizarres occupent une bonne part de la bande son.

Mais quelques morceaux jazzy donnent du rythme aux séquences d’action.

 

En conclusion, un métrage dont une réplique est « Fuck you Staline ! » peut-il être antipathique ?

Bien sûr que non, mais pour encaisser le choc avec celui-ci mieux vaut d’abord descendre quelques bières avec des potes, pour être dans l’état d’esprit approprié !...

Total Recall du tiers monde, Matrix de série Z, cet ersatz de film d’anticipation est finalement aussi perché qu’un trip au yage filmé par Jan Kounen !!!