AWAY

 

Un jeune garçon se réveille dans un lieu inconnu et, très vite, il se fait pourchasser par un monstre. Il s’échappe sur une moto en compagnie d’un oiseau, traversant des paysages somptueux mais énigmatiques.

Même les lieux les plus paradisiaques sont imprégnés d’une angoisse diffuse car le monstre aux yeux caves n’est jamais très loin.
Away est un film d’une beauté hypnotique, sous tension.

L’histoire se déroule au pays de nulle part à la manière d’un conte, et c’est justement cette déconnexion d’avec le concret qui lui donne sa puissance métaphorique et rend l’identification avec le personnage si aisée.

Un portrait émouvant des rencontres et des épreuves de la vie, y compris la mort.

 

Pays : Lettonie

Année : 2019

Durée : 1h14

Version : Voice free

Réalisation :  Gints Zilbalodis

Production : Gints Zilbalodis

Scénario :  Gints Zilbalodis

Musique :  Gints Zilbalodis

MON HUMBLE AVIS :

 

La performance incroyable d’avoir réalisé entièrement seul un long métrage d’animation (produit, écrit, réalisé, animé, monté, et mis en musique) vaut déjà le coup d’oeil, mais ce film au charme indéniable a bien plus à offrir encore...

 

Le message traite des angoisses personnelles, regrets et remords, qui nous empêchent d’avancer vers nos buts, nos rêves, et qu’il nous faut malgré tout surmonter.

 

La réalisation hypnotique de ce métrage doit trouver une force visuelle stupéfiante pour passer toutes les émotions, puisqu’il n’y a aucun dialogue (le personnage étant seul).

 

Les cadrages privilégient les plans très larges, en mouvement, changeant d’axe de point de vue au cours du plan.

Cela insiste sur la relation entre le personnage et son environnement, élément central de la narration.

 

La photographie est lumineuse, dans des tons pastels très doux.

Les vues sur des décors immenses renforcent leurs effets de perspective avec une brume de profondeur de champ, sans laquelle tout serait net jusqu’a l’horizon.

 

Le montage est tranquille, voire lent par moment, car les scènes contemplatives suivent les moments de suspens étirés au maximum.

Quelques séquences sont dynamisées par la vitesse de la moto, et le défilement de l’arrière plan.

 

Les décors naturels sont originaux et variés, la nature exotique de l’ile permettant l’onirisme symbolique plutôt que le réalisme.

La route que suit le héros est jalonnée d’étranges arches rondes, comme autant de points de sauvegardes d’un jeu vidéo d’exploration.

 

Les designs usent d’une économie de moyens, privilégiant une représentation métaphorique aux textures détaillées, de façon à pouvoir calculer les séquences en temps réel, avec le moteur graphique  d’un vidéogramme indépendant.

Le look du monstre est tout de même intéressant, sorte de croque mitaine sans forme bien définie, une simple ombre aux yeux luisants mais inexpressifs, avançant lentement mais inéluctablement vers sa proie, comme une force naturelle indestructible.

 

L’animation par un seul homme est donc rendue possible par ces choix graphiques très simples, permettant d’obtenir rapidement des rendus sur des ordinateurs moins puissants que chez Pixar, mais ici c’est la poésie et la puissance émotionnelle viscérale qui remplacent les images de synthèse sophistiquées !

 

La musique est un autre point fort du métrage, ces sons électroniques savent parfaitement compléter l’image pour nous immerger dans les pensées du héros, ou renforcer le suspens d’une situation.

Les mélodies planantes et les plages de percussions synthétiques sont un atout indéniable d’Away.

 

En conclusion, ce film très personnel a conquis la salle au FEFFS, son humble et jeune réalisateur mérite de plus gros budgets et des coéquipiers aussi talentueux que lui pour continuer à nous offrir des spectacles aussi étonnants et agréables.