THE HOLE IN THE GROUND

 

Dans l’espoir de recommencer une vie nouvelle, une mère célibataire part vivre avec son fils dans une maison en pleine campagne.

Alors qu’elle découvre un gigantesque trou dans la forêt voisine, elle a le sentiment que son fils est remplacé peu à peu par quelque chose d’autre, lui ressemblant trait-pour-trait.

Revisitant le genre codifié du film d’esprits, Lee Cronin fait de sa première réalisation une œuvre insidieuse et paranoïaque, étirant son mystère au fur et à mesure que notre héroïne principale semble elle-même perdre ses repères.

Une proposition minimaliste mais riche dans ses thématiques, qui ravira les adorateurs de films d’horreur contemporains.

 

Pays : Irlande

Année : 2019

Durée : 1h30

Version : Anglais, sous-titré en français

Avertissement : interdit aux moins de 12 ans

Réalisation : Lee Cronin

Production : John Keville, Conor Barry

Scénario : Lee Cronin, Stephen Shields

Acteurs : Seana Kerslake, James Quinn Markey, Kati Outinen

MON HUMBLE AVIS :

 

L’intro au parc d’attraction, avec le plan du miroir déformant, résume d’emblée les bases de l’intrigue, l’enfant n’est plus le même mais un reflet de lui même, déformé et inquiétant.

Le thème de l’enfance est un vecteur d’angoisses depuis les origines du cinéma d’épouvante, et encore bien d’actualité avec des films contemporains comme Badabook par exemple...

 

Le message parle de la difficulté de connaître tout à fait ses proches, des événements personnels qui peuvent vous changer, et de la difficulté de communication entre générations, mais le scénario est avant tout un prétexte pour tenter de nous effrayer, en jouant avec des sentiments intimes.

Le thème du double maléfique est aussi un classique du genre (Doppleganger, L’Invasion des profanateurs, ne nombreux épisodes de Star Trek), mais si il n’invente rien, le film traite au moins son sujet avec sérieux.

 

La réalisation professionnelle et réfléchie de ce pur produit de film de genre est académique, sans originalité flagrante, mais cela peut très bien ne pas être un défaut...

 

Les cadrages emploient beaucoup de gros plans sur les subtilités du jeu des acteurs.

Il y a fréquemment des changements de profondeur de champ au cours des plans, peut être pour insister sur deux perceptions différentes, celle de l’enfant et celle de l’adulte.

Certains plans à l’épaule, en caméra subjective, éclairant mal à la lampe torche une forêt durant la nuit, évoquent le Projet Blair Witch.

On trouve aussi de nombreux plans aériens filmés au drone, qui donnent de l’ampleur au récit et isolent davantage les protagonistes dans une nature sauvage.

 

La photographie donne dans les tons bruns, et dorés, le reste est desaturé.

Les ombres sont bien présentes, renforçant le hors-champ et provocant la peur.

Les couleurs deviennent plus bleutées et froides au fur et à mesure que le climat bascule dans l’épouvante...

 

Le montage est lent, laissant les atmosphères s’installer et le spectateur projeter ses propres frayeurs sur un fantastique qui n’explique pas tout.

Les amateurs de sensations fortes risqueront néanmoins de s’ennuyer avant que le métrage ne rentre vraiment dans son sujet...

La dernière partie du métrage est néanmoins plus pêchue.

 

Les décors exploitent à merveille les ambiances froides de la nature irlandaise.

La vieille maison isolée aux portes grinçantes est un décor classique mais efficace.

 

Les costumes sont réalistes et sobres, rien à signaler de particulier sur ce point.

Les personnages portent beaucoup de noir.

 

Les sfx sont utilisée d’abord pour représenter le trou dans le sol en pleine forêt, sur une matte painting infographique.

Il y a ensuite quelques maquillages de blessures.

Les dopplegangers avant transformation que l’on voit enfin à la fin du film sont bien foutus.

 

Le casting est un point important de la réussite du film, les deux acteurs principaux devant être bons pour que le tout fonctionne.

Mention particulière pour la vieille folle de service prévenant du danger, un personnage certes stéréotypé, mais dont l’interprétation intense fait quand même son petit effet.

 

La musique fait dans le symphonique grave et flippant, avec des sons distordus au violon pour accentuer l’angoisse, et des effets plus pompier pour nous faire sursauter.

Le générique d’ouverture avec ses prises de vues aériennes sur une voiture en montagne sonne comme une référence à Shinning de Stanley Kubrick.

 

En conclusion, ce film d’horreur à l’ancienne est plutôt efficace, même si ses personnages ne sont pas assez attachants pour que l’on s’implique vraiment dans leurs mésaventures (personnellement je me suis un peu ennuyé, même si tout est techniquement irréprochable).