Pamfir

 

Pays : Ukraine

Année : 2022

Durée : 1h42

Réalisation : Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

Acteurs : Oleksandr Yatsentyuk, Stanislav Potiak, Solomiya Kyrylova, Olena Khokhlatkina, Myroslav Makoviychuk, Ivan Sharan

 

Pamfir, colosse ukrainien, voudrait oublier son passé de contrebandier et faire vivre sa famille honorablement.

Mais, en tentant de réparer les erreurs de son fils, il va retomber dans ses pires travers.

 

De ce postulat classique, le cinéaste tire un récit aventureux et picaresque sur un truand aussi jubilatoire qu’attachant dans un village d’Ukraine isolé.

 

Mon Humble Avis :

 

Le message du film insiste sur la volonté de liberté du peuple ukrainien, et son caractère d’éternel insoumis.

Même si son tournage a été achevé avant le début de la guerre actuelle, il en parait encore plus d’actualité.

 

La réalisation est bien menée, elle mélange description des mœurs de film d’auteur et violence larvée de polar hard-boiled, avec une certaine efficacité, et une unité de style réaliste.

 

Les cadrages ont une bonne variation de valeur de plans.

Ils privilégient tout de même les plans larges où les personnages sont écrasés par le poids de leur destin, seuls dans des décors naturels immenses, mais à l’horizon bouché (forêt, tunnel, chantier)…

 

La photographie donne dans les camaïeux bruns terre, avec des ombres douces, et une lumière naturaliste.

 

Le montage est alerte, on ne s’ennuie pas, même si l’exposition des personnages et situations de départ est assez longue, avant que les ennuis ne démarrent vraiment pour le héros.

 

Les décors montrent donc un milieu rural pauvre de l’Ukraine, à proximité de la frontière roumaine.

Les collines et les bois, le village et ses granges où s’installent des ateliers préparant les masques du carnaval, l’église brûlée, le chantier où Pamfir creuse un puit, tous ces environnements sont crédibles, et nous donne une vision assez misérabiliste de cette nation.

 

Les costumes vont dans le même sens que les décors et la photo, réalisme et sobriété dû à la pauvreté.

Les tenues du carnaval sont le point le plus intéressant visuellement, robes de paille, masques de démons cornus, les villageois ukrainiens ressemblent tout à coup à des sorciers africains, les faisant régresser à leurs totems animistes, et se défouler de leurs pulsions refoulées.

 

Les SFX de maquillage permettent quelques ecchymoses de bagarres, pas bien réalistes (un peu de faux sang mais pas de gonflement), ce n’est pas significatif pour les amateurs.

 

Le casting est vraiment le point fort du film, dont le scénario traîne un peu par moments.

Les acteurs sont assez bons pour retenir l’attention, Oleksandr Yatsentyuk  tous comme les seconds rôles d’ailleurs, avec une mention particulière pour celui qui joue le fils tête à claques du héros.

Le charisme viril et la force tranquille de Yatsentyuk nous font espérer une vengeance explosive en dernier acte, mais ce n’est malheureusement pas le propos du réalisateur…

 

La musique est quasiment absente du métrage, mis à part celle diégétique du carnaval.

Dommage, il y a un très bon générique final, mêlant des percussions modernes à des airs folkloriques.

Pourquoi ne pas avoir utilisé cela dans le corps du film lui-même ?

 

En conclusion, la sobriété et le réalisme du film peut séduire, de même que la description d’une société peu représentée à l’écran par chez nous.

Gangrénée par le crime, et par la pauvreté extrême, elle semble porter ses maigres espoirs dans l’émigration à l’étranger…

Et pourtant, le peuple ukrainien est bien aujourd’hui en train de se battre pour défendre sa patrie (le gouvernement étant représenté dans le film par des flics et des militaires corrompus) !