Hunt

 

Pays : Corée

Année : 2022

Durée : 2h05

Réalisation : Lee Jung-jae

Interprétation : Lee Jung-jae, Jung Woo-sung, Jeon Hye-jin

 

Corée du Sud, 1980, au lendemain de l’assassinat du président Park.

Pour empêcher une reprise de la guerre entre les deux Corée, de hauts responsables de la sécurité sud-coréenne sont chargés de localiser un espion nord-coréen infiltré dans leurs services.

Rapidement, ils vont découvrir un complot d’envergure…

 

Pour son premier long-métrage à la fois devant et derrière la caméra, Lee Jung-jae, acteur culte de la célèbre série télévisée Squid Game, s’essaie au film d’espionnage.

 

Situant l’histoire dans la période trouble de la Corée des années 1980, il imagine une intrigue pleine de rebondissements et de scènes d’action spectaculaires.

 

Le mouvement pour la démocratisation de Gwangju est un soulèvement populaire étudiant et syndical, prenant place dans le centre-ville de Gwangju en Corée du Sud, amorcé le 18 mai 1980.

Au cours de ce mouvement, les citoyens s’élevèrent contre la dictature de Chun Doo-hwan, mise en place après l'assassinat du président Park Chung-hee en 1979, et prirent le contrôle du centre-ville avant d'être sévèrement réprimés par l'armée qui reprit le contrôle des lieux le 27 mai.

Pendant le règne de Chun Doo-hwan, cet événement était présenté comme une révolte inspirée par des sympathisants communistes, mais une fois qu'un régime civil a été mis en place, il a été reconnu qu'il s'agissait d'un mouvement ayant pour but de défendre la démocratie contre la dictature militaire.

 

Le message du film aborde toute la complexité de la situation de l’époque et de ses différentes prises de positions, celle de la Corée du Nord, de la Corée du Sud, celle de son gouvernement, mais aussi celle des militants du soulèvement, des services secrets avec ses agents doubles aux buts complexes…

 

Au final, le bien selon le métrage semble d’être pour la réunification, donner ses chances dans l’avenir à une Corée unifiée étant plus important que la paix sociale aux yeux du héros.

 

La réalisation dynamique fait preuve d’un professionnalisme léché, tout est bien exécuté, avec le soin d’artisans sérieux, mais ça manque de personnalité.

Saluons tout de même la performance de Lee Jung-jae qui parvient à mettre en scène des situations aussi complexes (fusillades de rues, explosions à grande échelle, figurations etc…) tout en jouant le personnage principal, et ce dans une première réalisation !

 

Les cadrages usent d’une belle variation de valeurs de plans, c’est efficace.

 

La photographie est elle aussi très pro, tout est bien filmé, même les poursuites et autres fusillades en mouvement, l’image est belle et bien définie, mais sans touche artistique propre.

 

Le montage est rapide et sans temps mort, l’intrigue rebondit sans cesse, à tel point que certains ressorts scénaristiques nous perdent dans les rôles des protagonistes : Espions ? Traitres ? Transfuges ? Agents doubles ? Triples ?...

 

Les décors sont nombreux, de la maison blanche aux USA au palais présidentiel en Corée du sud, en passant par des scènes urbaines et motorisées.

Il y a de gros moyens, c’est clair, surtout qu’il s’agit d’un film d’époque, les 80’s, nécessitant une parfaite reconstitution (voitures, affichages, accessoires)…

 

Les costumes font dans le sérieux irréprochable, costards noirs et looks d’étudiants gauchistes.

 

Les SFX numériques concernent surtout les fusillades, et autres explosions d’attentat (dont le spectaculaire final).

Encore une fois, c’est une belle débauche de moyens.

Les fusillades à la « Heat » de Michael Man sont assez efficaces.

 

Le casting est bon et sobre.

Lee Jung-jae joue un héros complexe, au positionnement trouble, et tous les protagonistes sont joués par des acteurs expérimentés, mais le scénario ne permet ni identification émotionnelle, ni attachement charismatique, car le réalisme recherché écrase un peu les personnalités des acteurs.

 

La musique fait dans le mickey-moosing de blockbuster, mais elle n’est pas mémorable, il n’y a pas de thème qui se distingue.

 

En conclusion, on peut s’interroger sur la nécessité d’une version cinématographique supplémentaire concernant ces évènements :

En effet, il existe déjà le film « A Petal » sorti en 1995, le film « Le Vieux Jardin » en 2006, le film « May 18 » en 2007, le film « 26 Years » en 2012,  le film « A Taxi Driver » en 2017, le drama  « Sandglass » en 1995, et le drama « Youth of May » en 2021 !...

Néanmoins, ce blockbuster burné doit être vu comme un galop d’essai de Lee Jung-jae, qui promet de devenir un réal à suivre, pour sa capacité à retranscrire des faits dans toute leur complexité politique, sans se voiler la face sur leurs aspects les plus noirs ou peu glorieux (comme la torture durant les interrogatoires par exemple).