Master of Flying Guillotine

 

Master of the Flying Guillotine est un film wuxia de 1976 de Hong Kong avec Jimmy Wang Yu, qui a également écrit et réalisé le film. 

Il s'agit d'une suite du film "One-Armed Boxer" de Wang Yu de 1971, et donc le film est également connu sous le nom de « One-Armed Boxer 2 » et « The One-Armed Boxer vs the Flying Guillotine ».

Le "Maître de la guillotine volante" a aussi été appelé le Saint Graal des films d'arts martiaux de Hong Kong dans les années 70.

Le film concerne le maître d'arts martiaux à un bras Wang traqué par un assassin impérial, le maître de deux combattants (les lamas tibétains) qui ont été tués dans le film précédent. 

Le titre fait référence à l'arme de l'assassin, la « guillotine volante », qui ressemble à un chapeau avec un rebord à lames attaché à une longue chaîne. 

En enveloppant la tête, les lames décapitent proprement la victime en tirant rapidement sur la chaîne. 

L'adversaire du boxeur est donc l'assassin Fung Sheng Wu Chi, qui est aveugle, et est un expert de la guillotine volante.

Ce dernier compte sur d'autres combattants étrangers pour identifier les manchots, qu'il tue ensuite…

Lorsque le boxeur manchot est invité à assister à un tournoi d'arts martiaux, ses efforts pour se cacher sont vains, il devra d'abord combattre un boxeur thaïlandais, un maître de yoga hindou, et un japonais pratiquant le kobojutsu, avant de se confronter au fameux Maître de la guillotine volante

 

 

MON HUMBLE AVIS :

 

1975 : Après cinq années passées à la Golden Harvest, Jimmy Wang Yu quitte Hong-Kong pour s’installer à Taïwan.

Tentant désespérément de retrouver un second souffle, la star ne remontera plus jamais la pente artistiquement.

Sa carrière à Taïwan est pratiquement dénuée d’intérêts.

Seul ce film sort du lot, à condition de le prendre au second degré !

 

Entreprendre une suite à son « One Armed Boxer » (alias le « Roi Du Kung Fu ») pouvait apparaître comme une idée farfelue de la part de Jimmy Wang Yu.

En effet, son film précédent ayant été un échec terrible au box-office, ce projet ne s’imposait pas vraiment pour la reconquête d’une gloire perdue.

Le premier étant surtout réputée pour son délire et sa folie, on pouvait attendre tout de la part de Jimmy Wang Yu : la star ne nous déçoit pas et livre un film encore plus fou que l’original (mais inférieur artistiquement) qui fait l’objet d’un véritable culte pour les amateurs de bis (Quentin Tarantino aime tellement le film qu’il s’en ait inspiré pour son Kill Bill : l’arme qu’arbore le personnage de Go Go Yubari et la reprise d’une musique du film elle-même reprise au groupe Allemand Neu).

 

La réalisation, plus académique que celle du « Roi Du Kung Fu », reste meilleure que celle d'un Lo Wei, grâce à quelques travellings dynamiques.

On reste loin cependant de l'énergie et de l'enthousiasme de la caméra du premier épisode.

De beaux plans larges restituent correctement les chorégraphies, tandis que des zooms avant ou arrière agressifs dynamisent les transitions.

 

Les cadrages utilisent beaucoup d’avant-plans pour structurer l’espace et insister sur les effets de perspectives.

Il y a souvent une amorce de corps, d’arme, ou d’élément de décor au premier plan.

 

La photographie n’est pas très soignée par contre, c’est tourné en extérieur en lumières naturelles, les couleurs sont fades.

 

Le montage n’est pas hystérique, mais il reste assez dynamique.

Les plans longs sont quand même privilégiés.

 

Les décors donnent peu à voir, une montagne embrumée, un tournoi dans une plaine rocailleuse, quelques cabanes, bref c’est sobre et plutôt fauché.

Les lieux du combat final (une volière puis un magasin de pompes funèbres) sont plus originaux.

 

Les costumes peuvent être assez excentriques, comme celui du combattant du tournoi à la chemise ouverte sur son bidon !

Mais la plupart du temps, on sent quand même le micro-budget du métrage…

 

Les SFX de maquillage servent surtout à illustrer certaines blessures gores.

Au début du film, on voit notre héros enseignant le kung-fu à ses élèves, marchant sur un mur, se déplaçant au plafond la tête en bas, traversant ainsi tranquillement la pièce…

Tout le film se déroule dans cette folie, cette outrance.

Toute la réputation du film provient essentiellement de son bad guy : un fou sanguinaire qui utilise une guillotine volante pour tuer ses adversaires.

On sait que cette idée fut empruntée à la saga des Flying Guillotine produite par la Shaw Brothers.

Il s’agit d’une petite vengeance de Jimmy Wang Yu vis-à-vis de son ancien patron, sir Run Run Shaw.

Toujours est-il que la star exploite pleinement le potentiel de cette arme en nous montrant des décapitations gores du plus bel effet.

Le guerrier hindou aux bras extensible est aussi une merveille d’ingéniosité de série B.

 

Le Casting nous oppose des pratiquants d’arts martiaux crédibles, affublés de postiches (fausses barbes, coiffures, moustaches, sourcils, etc…), qui jouent le plus sérieusement possible ces scènes parfois farfelues, ce qui en rajoute encore à l’ambiance WTF !

 

Comme souvent avec les séries B de Hong-Kong, la plupart de la musique dans le film est volée sans vergogne, ici à des disques de Krautrock, et de Neu (des groupes allemands des années 70) ! 

Le deuxième album studio de Neu, « Rubycon, Part One » devient le thème du boxeur à un bras, tandis qu’on entend aussi le sixième album studio de Tangerine Dream, « Mitternacht » devient un thème de suspense, « Morgenspaziergang » représente la musique de cour, et « Kometenmelodie 2 » du quatrième album  de Kraftwerk, « Autobahn », sert de générique de fin !

Cette bande originale a été de toute façon largement réutilisée et pillée à son tour, y compris par exemple lors de l'utilisation de « Super 16 » dans Kill Bill de Tarantino.

 

En conclusion, « One Armed Boxer 2 » constitue la suite parfaite du premier volet : l’outrance et le côté cartoonesque sont toujours de mise.

Incroyablement jouissif, le film est un régal pour tous les bisseux qui se respectent.