Dark Glasses

 

Pays : Italie

Année : 2022

Durée : 1h27

Réalisation : Dario Argento

Interprétation : Ilenia Pastorelli, Asia Argento, Andrea Gherpelli

 

Une prostituée aveugle et un jeune orphelin chinois vont joindre leurs forces pour tenter de mettre un terme aux méfaits commis par un sadique doublé d’un tueur en série.

 

Dark Glasses est une nouvelle démonstration de force du maître incontesté du giallo, Dario Argento qui renoue avec son génie créatif en signant un thriller haletant ponctué de scènes de crime particulièrement retorses.

 

 

Le principe de base du Giallo étant le plus souvent que le héros doive reconstituer les faits en sera pellant enfin d’un détail qu’il a vu (puis oublié) lors du premier crime, on est vraiment curieux de voir ce que le maestro va inventer avec un personnage aveugle !

 

Le principe de base du Giallo étant le plus souvent que le héros doive reconstituer les faits en se rappelant enfin d’un détail qu’il a vu (puis oublié) lors du premier crime, on est vraiment curieux de voir ce que le maestro va inventer avec un personnage aveugle !

En fait c’est dans l’alliance entre elle et l’enfant incapable de se débrouiller seul que réside le sel du scénario…

 

Il n’y a pas vraiment de message dans ce pur film d’épouvante, à part que le chien est bien le meilleur ami de l’homme !

 

La réalisation de Dario Argento retrouve un peu de sa superbe, après quelques films moins bons que ces chefs d’ouvres célèbres, il fait là ce qu’il sait faire de mieux, un bon vieux giallo dans les règles de l’art.

 

Les cadrages sont réfléchis et construits avec art, on y trouve par exemple des recadrages de mises en abîmes (fenêtres, rétroviseurs, etc…), et un jeu sur le hors champ très élaboré.

 

La photographie, bien que cherchant un réalisme qui la rend forcément moins onirique que dans sa filmographie passé, a une patte personnelle assez unique, avec ses éclairages colorés et ses ombres profondes.

Les nombreuses scènes nocturnes de la seconde moitié demeurent un peu trop sombres…

 

Le montage est tranquille dans le corps du film, mais toujours beaucoup plus speed lors des scènes de meurtres, instillant ainsi une atmosphère inquiétante et renforçant les déferlements de violence.

 

Les décors montrent un appartement cossu, une maison de campagne isolée, une forêt en pleine nuit, tout ça à Rome et dans la région du Latium…

Ils sont décorés avec soin, et même avec goût en ce qui concerne l’appartement de l’héroïne.

 

Les costumes sont réalistes, les tenues hyper-sexualisées du personnage principal renforce ses atouts (qui sautent aux yeux) !

 

Les SFX gores sont au rendez-vous, plusieurs égorgements, des têtes explosées lors d’un crash automobile…

Ils sont frontaux et malsains, mais moins nombreux qu’à l’accoutumé.

 

Le casting est plutôt bon, l’actrice principale Ilenia Pastorelli (ex candidate canon d'une émission de télé-réalité italienne) en fait parfois un peu de trop, mais Asia Argento est par contre d’une sobriété inhabituelle (6ième fois comme actrice pour son père).

L’enfant n’est pas toujours très naturel non plus.

Quant au tueur, il manque un peu de charisme, c’est dommage…

 

La musique est l’un des points forts du métrage.

On retrouve le style des Goblin que l’on aimait tant dans les vieux gialli du maestro : percussions électro fracassantes au tempo endiablé, riffs de gratte rock, sons étranges, synthéwave sonnant comme du Carpenter, c’est du tout bon, oldschool, pour les nostalgique d’une époque révolue.

Le duo français de musique électronique Daft Punk était initialement pressenti pour composer la musique, mais quand le groupe s'est séparé en février 2021, Arnaud Rebotini les a alors remplacés (en 2018, César de la meilleure musique originale pour « 120 battements par minute »).

 

En conclusion, Dario est bel et bien toujours un « Master of Horror », ça fait du bien à voir, dix ans après son précédent film, même si ça reste loin de ses plus brillantes réalisations, il y a au moins une patte inimitable et incontestable.