PUZZLE

 

Pays de production : Japan
Année de production : 2014
Durée : 85
Genre : Horreur polar
Réalisateur : Eisuke Naito
Scénario : Yusuke Yamada
Cast : Kazuya Takahashi, Shuhei Nomura, Kaho

L’Avis du NIFFF :

Un mois après la tentative de suicide d'une écolière, le lycée de celle-ci est pris d'assaut par un mystérieux groupe masqué. Un jeu sadique et vengeresque débute alors. Avec Puzzle, le jeune prodige Eisuke Naito s'attaque aux tabous de la société nipponne dans un film à la violence aussi décalée que graphique.

Mon humble avis :

Suite à « Battle royale », on a vu apparaître au Japon un nouveau genre, basé que sur la mise à mort des jeunes à l’école, mélangé au concept de « Saw », qui veut qu’ils soient torturés par un psychopathe inventant des pièges pas possible…
Depuis, plus de 100 nanars ont vu le jour sur ce filon racoleur, mais ici on a enfin droit à une grosse production sur ce genre, avec en plus un scénario du à un romancier à succès, gage que le film sort du lot.

Le message traite de la cruauté des ados, de la rupture du dialogue entre eux et les adultes, mais avec une violence gratuite excessive, et un humour noir trop cruel à mon goût.

La réalisation oscille entre un académisme nippon, et des effets de style expérimentaux de prod indépendante.

Les cadrages ont une bonne variété de valeurs de plan, mais restent assez classiques.
Parfois obliques, pour insister sur la déviance d’une scène, on a aussi droit aux vues subjectives de voitures télécommandées, et à du « found foutage » lors des tortures, tout ça pour rendre le spectateur complice du voyeurisme sadique qu’on lui impose.
Il y a beaucoup de plans larges dans de grands décors, et des ralentis lors de la baston finale.

La photographie est légèrement surexposée, avec des tons pâles et brumeux.
Les flash-back sont carrément en couleurs désaturées.

Le montage est assez mou, ce qui est caractéristique de l’horreur « made in Japan », il privilégie les silences éloquents.
Notons que le film construit sa narration dans le désordre, et ce assez gratuitement, à la façon d’un mauvais clone de Tarentino.

Les décors sont souvent ceux d’un grand lycée japonais, bien équipé, lieu à l’apparence bien rangée qui va voir se déclencher les pires perversions, et le plus grand chaos.
On va aussi brièvement dans un hôpital, ou la demeure du anti-héros.

Les costumes sont réalistes, à part les masques étranges, évoquant Jigsaw bien sûr, mais aussi « 20th Century boys ».
Il y a aussi les casques et les ceintures de chasteté des prisonniers du tueur, aux couleurs vives du puzzle, qui sont designés avec style.

Les effets spéciaux sombrent vite dans le gore le plus trash, dégueu et crade (mélangé à de la bouffe écrasée), car on est dans le « torture porn » d’emblée, aux pièges sadiques.
Il y a des giclures de sang à repeindre les murs, des doigts tranchés, des talons d’Achille coupés, bref ça charcle !
On reconnaît à un moment bref un effet de style emprunté au réalisateur formaliste Shinya Tsukamoto, avec ce déplacement du flic enragé filmé image par image, c’est une idée qui vient du film expérimental « Tetsuo ».

Le casting est inégal, on a quand même un léger cabotinage des adultes caricaturaux, et au contraire un personnage d’ado mystérieux joué plus en retenue.
Seule sa mère, complice de tous ses crimes, joue subtilement.

La musique inquiétante fait dans le pop-rock bizarre, ou la techno aux sons discordants, elle sombre parfois dans un ridicule décalé, permettant de prendre le film au troisième degré.

En conclusion, même si c’est un peu trop méchant pour moi, l’intrigue est assez intéressante pour suivre ce film sans ennui, même s’il n’est en rien mémorable.