ROBOT AND FRANK

 

Réalisateur(s) : Jake Schreier Interprète(s) : Frank Langella, James Marsden, Peter Sarsgaard Scénariste(s) : Christopher Ford Producteur(s) : Galt Niederhoffer, Sam Bisbee Musique : Francis and the Lights
USA • 2012 • sci-fi comedy • 1h25 • colour • digital • VO Eng/ST Fr

SYNOPSIS

Dans un futur proche, Frank, retraité cleptomane à la mémoire déclinante, mène une vie de solitaire grincheux et cynique.
Il s’ennuie et n’accepte pas le réconfort que veulent lui apporter son fils, caricature du cadre dynamique, et sa fille, qui ne vit que pour des actions caritatives, aux quatre coins du monde.
Mais un jour, son fils lui impose un nouveau colocataire : un robot.
Chargé de veiller sur lui, et de l’aider dans les tâches quotidiennes, ce dernier devient un complice inattendu, et va bouleverser la vie du vieux bougon.

L’AVIS DU FEFFS

Alors que nous craignons une perte d’humanité, au profit des machines menaçant de nous remplacer, Robot and Frank suggère que notre humanité est plutôt menacée par nos modes de vies aseptisées, et qu’un robot peut s’avérer être plus humain que nous le sommes dans notre quotidien.
Porté par un casting exceptionnel, Jake Schreier réussit avec brio cette fable amorale, qui trouve le juste équilibre entre humour et émotion.
Jake Schreier est diplômé de la Tisch School of the Arts de New York University.
Il est l’un des fondateurs du collectif de réalisateurs Waverly Films.
Robot and Frank est son premier long métrage.

MON HUMBLE AVIS

Etrange, dans ses dialogues, ce film critique une certaine culture « bobo prout-prout », mais, finalement, dans sa forme académique, il se refuse à embrasser vraiment le film de genre, il a lui aussi beaucoup de ces aspects « rétro-branché », dont il se moque !
La portée du métrage est surtout sur la déshumanisation de notre rapport aux personnes âgées, sur l’avenir des moyens techniques d’assistance au 3ème âge (par la robotique), et sur notre relation intime avec les outils de notre quotidien (l’antropomorphie du robot qui n’est pourtant qu’une machine).
La réalisation académique à l’ancienne use de plans calmes, tranquilles, pas de caméras secouées inutilement.
Pour les cadrages, il y a beaucoup de plans larges, avec les acteurs dans de grands décors naturels forestiers, ou des intérieurs spacieux, ce qui renforce le sentiment de solitude.
La photographie est légèrement désaturée, moins de rouge, plus de vert (des couleurs froides, insistant sur la fin de vie du personnage), avec des contrastes doux, et une lumière abondante, surtout en extérieur.
Il y a aussi beaucoup de blanc parmi les couleurs.
Le montage est très lent, avec des montages alternés (entre les actions planifiées et celles effectuées), et quelques ellipses pour dynamiser le tout.
Par l’histoire, et le jeu du comédien, on ne s’ennuie pas une seconde, de toute façon.

Les décors sont constitués d’une grande maison en forêt, d’une bibliothèque classique (puis « rétro-branchée »), et d’un loft, au bord d’un lac, pour un couple bobo.
Les costumes jouent la carte de la sobriété classe, pour faire légère anticipation, mais sans gadget futuriste, un effet convenu, et sur-utilisé à mon goût, qui fonctionne, mais qui a tendance à stéréotyper les personnages.
Les SFX sont totalement inexistants, si ce n’est le costume du robot (mélange d’acteur de petite taille, et d’animatronique minimaliste)
Frank Langella est impeccable, touchant, drôle, et il porte tout le film sur ses épaules.
Il y a de bons seconds rôles (Liv Tyler, James Marsden, Susan Sarandon).

Jeremy Strong dans le rôle du snob, pédant et pathétique, est excellent aussi.
La musique est très particulière, la BO emploie le même style que les costumes par exemple, c'est-à-dire un classicisme rendu étrange par quelques touches électro, aux accents expérimentaux, mais juste de temps en temps, ça reste plus sur le mode « pathos », pour le reste du film.
Ce film émouvant est très réussi, il fait réfléchir (à sa propre vieillesse, ou à celle de ses aïeux), ainsi qu’au futur de la robotique (avec son générique final, nous montrant de véritables utilisations de robots, aux progrès phénoménaux).
Grâce à la truculence du personnage principal, il se regarde avec plaisir tout du long.