INSENSIBLES

 

Réalisateur(s) : Juan Carlos Medina Interprète(s) : Alex Brendemühl, Derek de Lint, Irene Montàla Scénariste(s) : Juan Carlos Medina, Luis Berdejo Producteur(s) : François Cognard, Antoine Simkine Musique : Johan Söderqvist
France, Spain, Portugal • 2012 • Thriller • 1h25 • couleur • digital • VO Eng/ST Fr

SYNOPSIS

A la veille de la guerre civile espagnole, un groupe d’enfants insensibles à la douleur est interné dans un hôpital, au cœur des Pyrénées.
De nos jours, David Martel, brillant neurochirurgien, doit retrouver ses parents biologiques, pour procéder à une greffe, indispensable à sa survie.
Dans cette quête vitale, il va ranimer les fantômes de son pays, et se confronter au funeste destin des enfants insensibles.

L’AVIS DU FEFFS

Juan Carlos Medina réussit un tour de force, en réalisant cette pépite franco-ibérique, qui se rapproche des univers fantastiques de L’échine du diable de Guillermo del Toro, ou des Frankenstein de James Whale.
A la fois thriller fantastico-scientifique, et autopsie des années noires du franquisme, Insensibles jongle avec les genres, comme avec les atmosphères, passant d’ambiances sombres et violentes, à des moments d’émotions et de poésie, de toute beauté.
Juan Carlos Medina commence sa carrière en 1998, en tant qu’assistant de production, sur Torente, El brazo tonto de la ley de Santiago Segura.
Insensibles est son premier long métrage.

L’HUMBLE AVIS DE LAURENCE

L’utilisation du thème fantastique, comme une maladie, qui rendrait les enfants insensibles à la douleur, sur fond de guerre franquiste, est osée, mais ce savant mélange est une véritable perle cinématographique.
Cette guerre civile espagnole aura vraiment laissé des traces indélébiles aux espagnols, et ce thème est très souvent utilisé par Guillermo del Toro (« L’échine du Diable », « Le Labyrinthe de Pan »), ou encore récemment par Alex des la Iglésia (« Balade Triste de la Trompetta »).
Juan Carlos Medina est un réalisateur espagnol qui a vécu en France, et qui a également fait des écoles de cinéma chez nous, et ce premier long métrage nous laisse à penser que ce réalisateur ira loin.
Il y a beaucoup de gros plans, mais avec toujours une recherche originale dans le cadrage, comme, par exemple, quand le héros se réveille à l’hôpital, et que la caméra le précède, en faisant des mouvements de tangage, pour accentuer l’effet de sortie du coma du personnage. Le spectateur est de suite immergé par les images.

La photographie est très soignée, elle oscille entre les tons blancs et bleus, dans les scènes du présent, et des tons chauds et bruns, pour les scènes du passé.
Le montage alterné est très efficace, entre les séquences du passé, des années franquistes, et de seconde guerre mondiale, et le présent, avec cette recherche de son histoire par le héros.
Il n’y a pas de temps morts, juste ce qu’il faut, pour les séquences d’introspection, qui permettent au spectateur de ressentir pleinement les émotions.
On ne trouve pas de grande originalité pour les décors dans le présent, un hôpital, la maison du héros, et de ses parents, ainsi que quelques extérieurs champêtres espagnols.

Il y a plus d’originalité, par contre, dans les décors du passé, comme cet hôpital pyrénéen, qui ressemble plus à une prison monumentale, en surplomb d’une montagne, ainsi qu’un village rural, et sa forêt.
Les costumes sont classiques, avec une recherche plus détaillée sur les uniformes militaires, et les tenues des franquistes.
Il y a de bons effets spéciaux de synthèse, comme des corps en feu, des dissections, ou des opérations chirurgicales, parfois en maquillage pur.
Il y a aussi une scène relativement impressionnante d’un accident de voiture, au ralenti.
A noter le maquillage de scarification corporelle, qui est assez impressionnant, sur l’un des enfants insensibles, devenu adulte dans le film.

Il y a un très bon jeu des acteurs, et surtout des enfants, qui accentue les effets d’émotion intense et sombre de cette histoire.
Ils sont tous bien convaincants.
La musique est très prenante, jouant beaucoup sur les cordes, les violons et la guitare, ce qui rend les moments de sentiments et de poésie encore plus profonds.
Insensibles, contrairement à son titre ne pourra vous laisser indifférent, c’est un très bon film, qui cherche à nous faire ressentir des sensations perdues, en totale contradiction avec cette image des enfants qui sont justement insensibles.