THE CHILD’S EYE


Director: Oxide Pang Chun, Danny Pang
Genre: Fantôme, Horreur
Section: Compétition Internationale, Première Internationale, Sélection Officielle
Competition: Compétition Internationale 2011
Countries: Hong Kong
Year: 2010

L'AVIS DU BIFFF

Tout le monde garde en mémoire les émeutes qui ont secoué Bangkok en avril 2010. Le bain de sang officiel a complètement éclipsé les horreurs à échelle humaine dont ont été victimes certains touristes pris au piège. Ou alors elles ont sciemment été passées sous silence pour éviter la panique. Un an après, il est temps d’ôter les scellés… Trois couples de touristes, contraints de quitter leur hôtel luxueux et incapables de repartir avec un aéroport pris d’assaut par les manifestants, sont obligés de se rabattre sur un hôtel minable en attendant que l’orage passe. Ils pourraient faire la fine bouche en se plaignant de l’insalubrité des lieux et de la médiocrité du service, mais ils ont clairement d’autres chats à fouetter. À commencer par ces trois mioches qui les dévisagent avec l’affabilité d’un grand blanc flairant un phoque. Mais le malaise se transforme vite en cauchemar lorsqu’une partie de nos malheureux touristes disparaissent mystérieusement et que des phénomènes étranges – particulièrement désagréables - viennent agrémenter leur séjour déjà pas folichon.

Décidément, les frères Pang sont des fétichistes du globe oculaire. Toujours dans la franchise de « The Eye » (trois opus et un remake américain présenté au BIFFF 2008), The Child’sEye est le court bouillon épicé à souhait qui manquait aux bluettes fantomatiques. Tous les éléments dans ce film n’ont qu’un seul but : vous électriser le duvet, vous accélérer le palpitant et vous rendre blême de peur. Connaissant la maîtrise des frères Pang, nous avions même prévu une ambulance à la sortie, c’est dire…

MON HUMBLE AVIS

Les frères Pang ne sont pas comme les frères Coen: lorsque les Coen co-réalisent l’un s’occupe de la technique et l’autre des acteurs, mais pas chez les Pang (pourtant quand l’un d’entre eux réalise seul, l’autre lui sert de directeur photo). Ils emploient plutôt la méthode de l’effort minimum : l’un se repose pendant que l’autre est sur le plateau, et ils alternent en se basant sur leur story-board précis et leur univers visuel commun.

Après avoir traité du snuff movie pour surfer sur la vague « torture-porn » (« Ab-normal beauty »), de l’avortement (« recycle »), les voilà qui reviennent à la thématique du fantôme (plaçant même un « eye » commercial dans le titre pour espérer retrouver le succès de leur trilogie initiale).
C’est tout le mal qu’on leur souhaite, mais ça parait mal barré quand même avec ce « film de couloirs » qui ressemble à du surgelé mal décongelé (y a encore trop de morceaux non comestibles dedans, quoi !).

La mise en scène traîne en longueur donc, les personnages passant leur temps à se chercher, puis à se reperdre, plutôt qu’à enquêter, et nos 2 réals dilettantes voulant jouer avec nos nerfs lors de séquences horrifiques qui tuent leur suspens en l’étirant bien au-delà du supportable pour un public impatient.
Beaucoup trop de remplissage, de « blabla » inutile, à l’image du restaurateur boiteux du film il aurait vraiment fallu débarrasser le script de son gras, avant de lancer la bidoche aux chiens de spectateurs que nous sommes !

Le film est correctement cadré, bien qu’on attendait plus d’originalité de la part de ces anciens publicistes, mais malheureusement la photo souffre d’une fadeur et d’un manque de relief surprenant.
Il faut dire que le film est censé être en 3D, et qu’on nous l’a projeté sans cet effet qui aurait sans doute donné de la profondeur aux images.
Les couleurs sont bien dans le style propre aux Pang , avec des verts et des rouges typiquement thaï, et des ombres mystérieuses dans les scènes de frayeur.

Le montage est bien trop mou, car comme on l’a déjà dit les réals font trop durer chaque effet, jusqu’à en perdre toute la saveur.

L’interprétation n’est pas terrible, les jeunes acteurs sont peu crédibles (le sous exploité Louis Koo mis à part), et les adultes en font des tonnes.

Les décors valent le coup d’œil (d’enfant !), surtout sur ce qui concerne le monde parallèle, sorte d’au-delà fantasmatique, où vont échouer nos héroïnes (c’était déjà le point fort de « Recycle »).
Les thaïlandais ont pour tradition de faire brûler des maquettes de maison lorsqu’un foyer commémore un décès (comme les chinois avec leur argent funéraire).
Ce sont de petites maisons en papier et en aluminium… alors imaginez un peu tout un décor à l’échelle des héros constitué comme ces maisons… une ville entière de baraques tordues, agitées par le souffle des flammes de l’enfer, dans lesquelles les meubles, les accessoires, les voitures, sont tous aussi fait de papier et d’aluminium.
Des effets spéciaux en images de synthèses aident à établir ce décor pour les plans larges, tandis qu’un plateau subtilement éclairé est utilisé pour les plans rapprochés.

On trouve aussi un maquillage relativement bien fait (ce qui est rare à Hong Kong), celui d’un monstre mi-homme mi-chien, qui permet d’amener le film à la croisée des genres, entre film de fantômes, film de monstre, et même slasher avec whodunit…

Pour la musique, j’ai surtout retenu un remix improbable (et incongru) d’un thème d’Ennio Morricone pour « Il était une fois dans l’ouest », ce qui est parfaitement débile et déplacé.

En conclusion, « Child’seye » est un film mineur pour les frères Pang qui nous ont habitué à mieux… alors les brothers ?
La prochaine fois faudra peut être vous pointer tous les deux sur le plateau pour bosser !