SECONDS A PART


Director: Antonio Negret
Genre: Fantasy
Section: Compétition Internationale, Première Internationale, Sélection Officielle
Competition: Compétition Internationale 2011
Countries: Etats-Unis
Year: 2010

L'AVIS DU BIFFF

Jonah et Seth ont franchi le col à 93 secondes d’intervalle. Le col étant celui que notre cher Albert II s’est brisé selon la formule consacrée d’Ophélie Fontana : l’utérus. Vous l’aurez compris, Jonah et Seth sont des jumeaux et ils traversent cette période ingrate où le Biactol est une question de survie sociale. Qu’à cela ne tienne, ils sont aussi fusionnels qu’une moule et son buchot, car ils partagent un don inestimable : la télékinésie. Et, si la plupart d’entre nous s’en serviraient le samedi soir avec les boules du Lotto, Jonah et Seth y voient un hobby plus pousse-au-crime comme, par exemple, forcer les grandes gueules de l’équipe de foot du collège à jouer à la roulette russe. Bon, vous allez dire qu’on fait tous des conneries à cet âge-là – même si décapsuler à la douille fumante des bouffeurs de testostérone, c’est pousser le bouchon un peu loin – mais, le stuuut avec nos deux copies conformes, c’est qu’ils y prennent goût et meurent d’envie de recommencer l’expérience. Et quel meilleur endroit qu’une école remplie de cobayes prêts à se suicider d’une balle dans le dos ?

Second volet de la série produite par AfterDark à être sélectionné au Bifff après Prowl, Seconds Apart a été chouchouté par Antonio Negret, classé dans le Top 10 des réalisateurs latinos à surveiller de près par le Hollywood Reporter en 2008. Et quoi de mieux qu’un bon revival gémellaire pour asseoir la franchise dans la veine horrifique ? Surtout quand on en sort en méditant sur une bonne vasectomie ? On vous le demande…

MON HUMBLE AVIS

Cette fois, si le thème des jumeaux maléfiques n’est pas nouveau dans le cinéma fantastique, « Faux semblants » de Cronenberg par exemple, il n’est pas si fréquent.
De plus il est ici associé à la télépathie et au contrôle mental (ce qui fait plutôt penser au « Scanners » du même Cronenberg).

Le scénario part donc d’une bonne idée : le lien empathique entre jumeaux développant des pouvoirs psychiques que les 2 frères vont utiliser à mauvais escient.
Malheureusement la révélation finale est invraisemblable, et toute l’histoire s’écroule alors comme un château de cartes.
Dommage, car la psychologie des protagonistes est fouillée, les 2 frères ne réagissant pas de même aux évènements, et l’enquêteur ayant ses propres blessures mentales et des techniques d’investigation inédites (ancien grand brûlé, il fait le point sur l’enquête en retournant en caisson d’isolation sensoriel à l’hôpital, original !).

La mise en scène est assez académique, voire télévisuelle, seules quelques scènes ont une ambiance soignée (la partie de roulette russe, la grotte de glace – univers intérieur du flic, ou la révélation finale malgré son incohérence).

Cadres et photo sont professionnels mais banals, mais au moins le script et le montage vont à l’essentiel.
Il n’y a pas trop de temps mort, ce qui fait qu’on suit l’enquête sans s’ennuyer.

Ce film est très bien joué, par des inconnus, comme quoi pas la peine de faire exploser le budget avec des stars inutiles.

Le seul décor notable est aussi un effet spécial intéressant quand toute la demeure des frangins se transforme lorsque cesse leur manipulation mentale : les papiers peints se craquèlent, les meubles vieillissent, les objets se cassent, et le tout sur un plan circulaire impressionnant.

La musique ne retrouve pas l’ambiance malsaine d’une composition de Pino Donnagio pour un De Palma, elle suit correctement l’action mais ne nous a pas marqué plus que ça.

Finalement, cette bonne petite série B n’est peut être pas si effrayante que ça, mais elle a le mérite de proposer des personnages intéressants.
Je la conseille donc aux amateurs de frissons psychologiques, plus qu’aux goreux de base, le réalisateur étant peut être un auteur à suivre…