RAGE

 

Director: Sally Potter
Genre: polar / faux-docu
Countries: Etats-Unis, Royaume Uni
Year: 2009
Writer: Sally Potter
Actor: Simon Abkarian, Patrick J. Adams, Riz Ahmed, ...
Producer: Andrew Fierberg and Christopher Sheppard
Executive producer: Bob Hiestand and Christina Weiss Lurie
Distributor: 6 Sales
Costums: Marina Draghici
Make-up: Leon Won
Composer: Fred Firth and Sally Potter
Photo director: Steven Fierberg
Editor: Daniel Goddard
Version: OV st Bil.
Format: 35 mm

 

L'AVIS DU BIFFF :

Il y a la rage de dents mais, désolé, ceci n’est pas un film de vampires. Il y a la rage des chiens mais, non, ceci n’est pas un film de loups-garous. Il y a la rage qu’on a au cœur quand on vous fait chier, mais bon, c’est pas notre faute si vous avez raté l’ouverture du Bifff ! Et il y a la nouvelle rage. Ce qui est à la mode, quoi ! C’est de cela qu’il est question ici : la mode. Pour un reportage (travail d’étude), des pros du monde de la confection se succèdent face à la caméra : couturier, styliste, créateur, mannequin, propriétaire de la boîte, etc. Mais ils vont parfois plus loin que la simple présentation de leur boulot : la vie privée de certains de ces habilleurs est déshabillée. De fil en aiguille, expression de circonstance, il y a quelques morts et une enquête débute…
Sally Potter, la réalisatrice anglaise de Rage a plus d’une maille à son tricot. Elle est danseuse, chorégraphe, chanteuse, compositrice, actrice, scénariste et on en passe. C’est Orlando, réalisé en 1992, qui lui a valu la célébrité internationale. Suivirent La leçon de Tango (1997), The Man Who Cried (2000) et Yes (2004). Elle explique qu’avant de tourner Rage elle s’est rédigé un manifeste baptisé Barefoot filmmaking (réaliser un film pieds nus !) dans le but de se rappeler comment traiter un sujet en étant fidèle à ses principes. On y trouve des résolutions comme «bannir le mot compromis», «viser plus haut que ses limites», «travailler uniquement pour ce en quoi on croit», «assumer la pleine responsabilité de tout» et… «aller dormir quand c’est possible, le temps manquera après».

MON HUMBLE AVIS :

Film sur les apparences d’un univers superficiel Rage est à l’image de son sujet.
C’est dommage que son histoire ne trouve pas une conclusion plus aboutie, en effet le scénario n’est en rien fantastique, mais décrit une histoire plus proche du genre polar, seulement aucune enquête ou de découverte de l’identité du tueur ne parvient à trouver une fin satisfaisante.
La mise en scène quoique très originale devient vite ennuyeuse à cause de l’unicité des points de vues. La réalisatrice n’utilise qu’un seul procédé, elle met les acteurs en plan fixe devant la caméra et les filme devant un fond neutre comme filmerait une agences de casting pour choisir des acteurs.
Si les premières minutes on est impressionné par l’intensité du jeu des acteurs avec un cadre qui les fixe toujours en gros plan et s’accroche à épier la moindre de leur réaction et de leur regard, au bout de quelques instants on comprend qu’on aura cette unique point de vue sur toute la durée du film, et là l’ennui commence à attraper la majorité des spectateurs.
La photographie essaie d’apporter une grande variété à ce procédé répétitif, une vaste gamme de couleurs habille l’arrière plan pour chaque personnage en s’harmonisant avec leurs émotions, cela permet étrangement d’amplifier leurs longs monologues et apporte une subtile mise en scène certes plus proche d’une scénographie de théâtre que de cinéma mais pourtant curieusement efficace.
Pour rythmer le récit qui n’est entrevu qu’à travers une série de monologue, le montage oscille entre les différents protagonistes faisant s’entrechoquer les points de vue et alternant les opinions opposées de façon à nous entraîner dans une multitude d’angles et d’informations sur un même évènement.

Malheureusement, tout ce qui pourrait susciter un peu d’intérêt se déroule systématiquement hors champs. Les accidents puis les meurtres dont il est question et qui créent les réactions des personnages ne sont évidemment jamais filmés par le documentaliste virtuel qui les interroge.

Ainsi c’est uniquement le montage son qui donne l’illusion du monde extérieur, les bruits diégétiques entendus derrière les voix des personnages nous construisent mentalement l’univers de la mode dans lequel ils évoluent, comme le brouhaha des manifestants à l’extérieur du bâtiment, lamusique unique lors des défilés, ou les coups de feu, tous ces bruitages sont les seuls illustrations de ce qui nous est raconté.

Evidemment le point fort du film est le jeu des acteurs très intense, crédible et parfois très original comme par exemple le choix de Jude Law, bluffant dans le rôle d’un travesti, jouant subtilement sur les mimiques artificielles des tops models.

Le procédé du faux documentaire permet d’interroger chaque personnage sur ses motivations et sa présence ici, cela permet une caractérisation psychologique très fine de chacune d’eux.

Pour conclure on restera mitigé devant le résultat, passionnant par l’implication des acteurs dans leur rôle et le jeu sur les couleurs renforçant les émotions des dialogues, mais néanmoins ennuyeux par sa lenteur et l’absence de réponse à toutes les questions qu’il pose. En tout cas, un film d’auteur qui peut trouver son public mais qui a difficilement sa place au sein d’un festival du film fantastique.