GRIFF THE INVISIBLE

 

pays de production : Australia
année de production : 2010
durée : 90
genre : science-fiction,romance
réalisateur : Leon Ford
scénario : Leon Ford
distribution : Ryan Kwanten, Maeve Dermody, Marshall Napier…

AVIS DU NIFFF

Encore un film de super-héros, mais cette fois avec des épaulettes façon faux-muscles. Adaptation très libre de L’homme invisible de H.G. Wells, Griff the Invisible se distingue par son approche, subtil mélange entre un Kick-Ass et une comédie romantique. Comme l’annonce le film : « Le plus grand des supers pouvoirs, c’est l’amour »... Ah, enfin un peu de sentiments dans ce monde de brutes!

Le réalisateur : Acteur, comédien, scénariste, réalisateur et écrivain, Leon Ford est un véritable touche à tout. Connu pour ses rôles dans de nombreuses séries TV, produites notamment par HBO, il a écrit et réalisé trois courts-métrages avant de réaliser son premier long avec Griff the Invisible. Le réalisateur australien vient de publier un roman intitulé What Doesn’t Kill You et planche sur l’écriture de son prochain film, inspiré de son premier court-métrage The Mechanicals.

MON HUMBLE AVIS

Ce film australien se pose des interrogations visiblement mondiales (CF le nombre de films autour de la notion de héros cette année 2011 au NIFFF).
D’ailleurs, son scénario pourrait avoir lieu n’importe où, même l’époque est hors situation précise (le look rétro des costumes et décors empêchant une datation claire).

Le jeune Griff est employé de bureau. Il est socialement un peu inapte, il faut l’avouer. Mais la nuit tombée, il se transforme en super-héro masqué, prêt à défendre son quartier des malfrats. Son grand frère Tim a récemment emménagé en ville pour veiller sur lui. A côté de son cadet excentrique, il fait plutôt figure d’aîné coincé et conventionnel. En tout cas, sa petite amie Melody semble plutôt sur la même longueur d’onde que Griff. Elle tombe d’ailleurs rapidement sous son charme et, pour que son justicier ne soit plus la cible de la moquerie des autres, lui fabrique une combinaison d’homme invisible.

Le message véhiculé par le film est que quand on se sent aucune connexion avec les autres, on se croit bizarre alors qu’on est juste différent, et la société (famille, travail) voudra nous changer pour nous faire rentrer dans le « moule », mais il faut résister.
A ce sujet le discours paternaliste du patron du héros est édifiant : « fais semblant d’être normal assez longtemps, et tu finiras par l’être »… beurk, ça fait peur !

C’est donc une comédie romantique sur le thème des super héros, mais sans en suivre la grammaire du genre (pas de vrai Némésis au personnage par exemple, contrairement à dans « Super » de James Gunn).

Les cadrages sont fonctionnels, rien de bien terrible sur ce plan là.
C’est réalisé comme un téléfilm, pro mais sans style personnel.

La photographie privilégie le noir et le jaune à l’étalonnage numérique (pour rejoindre les couleurs du costume du héros), ou la grisaille dans les scènes au bureau.
Elle exagère les ombres et renforce les couleurs dans les séquences fantasmatiques nocturnes.

Le montage est intéressant car il met en avant le développement psychologique, sans faire de temps mort ennuyeux pour autant, la musique jouant un grand rôle sur le rythme des images, même dans les scènes d’émotion.

Les décors se limitent à l’appart du héros avec ses gadgets camouflés, son bureau à son travail de « rond de cuir », à l’appart de la famille BCBG, et aux ruelles nocturnes… bref que du banal, crédible mais bof.

Le costume du héros n’est pas original, tout ça a déjà été trop vu (il ressemble à l’inspecteur gadget sous sa couverture, et à Batman en super héros), il n’y a aucune originalité de design… mais c’est voulu peut être, ainsi même en super héros il demeure « invisible » !

En SFX, on trouve bien entendu des effets de transparence d’homme invisible, ce sont de vieux trucs (une tenue verte à retirer ensuite de l’image pour la remplacer par le fond, grâce aux mêmes plans refilmés sans l’acteur).
Il y a quand même quelques rajouts numériques, des effets lumineux, l’invisible est toujours que semi translucide au cinéma, car si c’est trop invisible il n’y a plus d’effet du tout !
Quelques maquillages de bobos complètent cette liste des SFX, ils ne sont pas plus réalistes que d’habitude (je crois que le SEUL et UNIQUE film où j’ai vu un maquillage réaliste de gars qui s’est fait défoncer la tronche c’est dans « King of the ants » de Stuart Gordon).
On trouve enfin des effets numériques qui illustrent la traversée des murs (ou d’une porte) par l’héroïne, ce qui en plus donne une grande scène d’émotion liée au scénario, particulièrement réussis.

Ryan Kwanten (qui jouait Jason Stackhouse dans « True Blood ») est très touchant (d’ailleurs il était déjà très bon dans la série télé malgré son rôle ingrat de quasi demeuré, rôle qui semble lui coller à la peau).
L’actrice principale Maeve Dermody a aussi un rôle introverti difficile à jouer et elle s’en sort de façon émouvante.
Par contre les seconds rôles sont assez fades, mais c’est voulu pour représenter la grisaille et la monotonie du quotidien, dont les héros s’échappent par le rêve… ça reste dommageable, car des seconds rôles avec plus de « piquant » auraient aussi donné du relief aux personnages principaux, par comparaison, alors que là tout le monde est trop calme, et toute l’interprétation sur le même « mood »…

La musique jazzy rappelle les vieux feuilletons des années 60 du style « Batman » avec Adam West, ou « Green Hornet » pour ce qui est du super héroïsme.
Pour le romantisme, c’est davantage de la pop à la guitare, avec une superbe voix sensuelle et éthérée.
De plus de nombreuses chansons groovy et douces illustrent le scénario.

En conclusion ce film est une romance réussie.
Loin du schéma du film d’action ou de super héros, il suit au contraire à la lettre la construction traditionnelle du genre comédie romantique, avec son sempiternel suspens affectif au ¾ du métrage.
Malgré tout, « Griff the invisible » est surprenant dans ses choix radicaux, anti-sociaux, prônant le rêve à tout prix.
Son message rejoint celui du « Baron de Munchausen » de Terry Guillian qui refuse de grandir et de s’intégrer… rien que pour ça, BRAVO !