OPERATION TATAR

 

pays de production : Mongolia
année de production : 2010
durée : 90
genre : comedy, action
réalisateur : Bat-Ulzii Baatar
scénario : R. Munkhsaikhan
distribution : Ganbold Erdenebileg, Borkhuu Amarkhuu, Dagvajamts Batsukh…

AVIS DU NIFFF

Il est rare de découvrir des films mongols et encore plus dans la catégorie comique. Mélangeant avec brio action et humour, le jeune réalisateur Baatar Bat-Ulzi témoigne avec Operation Tatar de la qualité et de l’originalité du cinéma actuel de son pays. Un vent frais venu tout droit des steppes nordiques.

MON HUMBLE AVIS

Le cinéma mongol désigne la production cinématographique de Mongolie. Il se démarque des autres courants cinéma d'Asie de l'Est, car il est grandement influencé par le cinéma russe.

Employé de banque, Taivanaa est un salarié on ne peut plus ordinaire. Père d’une petite fille atteinte d’un cancer, sa vie bascule lorsqu’il se fait virer. Comment payer les frais médicaux pour soigner son enfant? En braquant son ancienne banque bien sûr! Aidé de son ami d’enfance Tulga, fin connaisseur de films policiers, et de deux acolytes pour le moins loufoques, il met au point un plan infaillible. Mais la théorie et la pratique sont deux choses bien distinctes…

Le message du film dénonce la corruption des banques, l’exploitation du petit personnel, les difficultés d’intégration du peuple mongol dans la société russe, et stigmatise en passant les frais médicaux onéreux dans les hôpitaux, responsables d’une médecine à 2 vitesses.
Malgré tous ces thèmes abordés, le ton du film n’est pas virulent, il s’agit avant tout d’une comédie potache, aussi le positionnement moral du réalisateur est assez secondaire.

La réalisation n’est pas exempte de défauts, mais les problèmes narratifs sont compensés par un bon esprit, car c’est un film de fan du genre action, plus qu’un véritable film d’action en soi d’ailleurs, ce qui est dommage.

Les cadrages n’utilisent pas la grammaire de base du champ/contrechamp dans les dialogues, mais font toute la scène en un seul plan avec un panoramique circulaire qui zoome et dézoome sur chaque personnage parlant.
C’est peut être un souci économique qui a entraîné cette solution, mais le résultat est original et c’est ce qui compte.
On trouve aussi quelques contres plongés iconiques mais le reste est banal.

La photographie est propre mais simple.
On trouve des plans colorés lors des quelques séquences musicales qui tranchent avec l’étalonnage contrasté lors des séquences d’action parodiant le style des blockbusters américains.

Le montage est tranquille, malheureusement sans effet de variation de rythme lorsqu’il l’aurait fallu…
La construction étrange du récit utilise des flashforwards pendant la préparation du cass (les fantasmes de ce que ça pourrait être), puis des flashbacks (pas nécessaires, le public se rappelle de ce qu’il a entendu ½ heure avant) de ce même plan prévisionnel pendant le déroulement réel de l’action (forcément encore totalement différent)… du coup tout cela entraîne quand même quelques répétitions fâcheuses et ennuyeuses à la longue…

Les décors se contentent du QG des braqueurs (une bicoque en ruines) et de la banque principalement, dont les possibilités ne sont exploitées que dans les scènes fantasmatiques (avec des cascades au travers des fausses vitres par exemple, ou des impacts de balles sur les piliers et les murs).

Rien à signaler sur le plan des costumes, à part ceux des scènes de danse folklorique, où on peut voir de nombreuses tenues multicolores issues des traditions mongols, c’est un vrai feu d’artifice pour les yeux, malheureusement trop court !

Il y a beaucoup de maquillage à base de faux sang et d’impact de balle sous des tee-shirts, mais un seul vrai sfx « gore » avec l’impact d’un projectile en plein front.

Les acteurs sont sympatoches, sans plus.
Comme le scénario ne va pas assez dans l’émotion, mais reste moqueur avec ses personnages, on n’y croit pas trop.
Le personnage le plus amusant est celui du chauffeur peureux du gang, qui a les scènes les plus cocasses.

La musique fait dans le rock avec des accents blues dans le style des polars des années 80, on trouve aussi du pur rap tatar (à réserver aux inconditionnels !), ainsi que des chants traditionnels aux voix graves distordues, pour les scènes de danse à la Bollywood, mais aussi pour de plus dramatiques, comme celles concernant l’enfant malade du héros.

Pour conclure, les flashs des fantasmes des personnages nous donne à voir ce qu’aurait pu être le film, et c’est malheureusement plus intéressant que le film lui-même, se réduisant finalement à un twist rigolo en guise de gros climax.