Kennedy

 

Inde — 2023 — 2h22

Réalisation : Anurag Kashyap
Acteurs : Rahul Bhat, Sunny Leone, Mohit Takalkar

 

Kennedy est un ex-policier qui a été déclaré mort pour jouer le rôle d’homme à tout faire de ses anciens supérieurs corrompus ; mais il profite rapidement de ses missions pour mener à bien une vengeance personnelle.
Anurag Kashyap (Gangs of Wasseypur) signe un nouveau polar noir original et sanglant, qui se révèle être aussi une critique acerbe de la politique locale et mondiale.

 

Mon Humble Avis :

 

Ce thriller a été conçu d’après des faits divers réels concernant la dégradation de la police de Mumbaï, durant la pandémie de coronavirus.

 

Le message décrit la corruption des institutions, due à la différence entre gouvernement central et gouvernement local.

Les policiers corrompus de Mumbaï avaient pour habitude d’arrondir leurs fins de mois avec l’argent des commerces de nuit.

Mais avec le confinement, cette source de revenus supplémentaire a disparue, et la police est devenue une vraie mafia bien pire qu’avant.

L’histoire réclame quand même de pouvoir s’identifier à un personnage très négatif…

Le scénario rajoute aussi un argument fantastique à sa trame policière : le anti-héros est en effet hanté par les fantômes de ses victimes.

 

La réalisation professionnelle d’Anurag Kashyap apporte de l’efficacité et de la plausibilité au récit.

 

Les cadrages offrent une bonne variation de valeurs de cadres, ils ont une certaine simplicité académique sans effets de style outrancier.

 

La photographie use d’ombres très contrastée, les noirs profonds dominent l’écran, avec quelques touches de rouge sombre, et des lumières de néons.

La colorimétrie est amoindrie, mais le détourage des personnages par un liserai de lumière est toujours très propre dans les scènes nocturnes, ce qui les rend lisibles et esthétiques.

Il y a parfois des inserts de caméras de surveillance.

 

Le montage est dynamique, mais jamais trop rapide, il suit surtout le rythme des nombreux dialogues.

On trouve des temps morts quand même dans ces 2 heures 20, un montage d’une heure 50 aurait largement suffi pour raconter cette histoire (au final prévisible).

 

Les décors montrent Mumbaï sous toutes les coutures, des plus classes au plus crades.

On croise même de beaux street-arts dans quelques plans urbains.

 

Les costumes ont curieusement un côté oldschool 70’s, peut-être à cause du gout du réalisateur pour les vieux polars hard boiled de cette époque.

 

Les SFX se contentent de faux sang, rien de très gore cependant, malgré la violence de certains meurtres.

 

Le casting fait dans la sur-masculinité : baraque musclée, barbu, voix grave…

Le jeu introverti de Rahul Bhat est un peu limité, mais cela convient à son personnage de grosse brute sans empathie.

 

La musique utilise des airs classiques énergiques, comme Paganini par exemple.

Lorsqu’elle est une composition originale, il s’agit de mélodies symphoniques inquiétantes, ou d’airs jazzy aux cuivres endiablés la Cow-Boy Be Bop !

Il y a aussi un étonnant rap poétique, accompagné au piano et au saxophone…

Ainsi que des improvisations au violoncelle pour les poursuites.

Notons que les bruitages des coups de feu sont bien trop forts !

 

En conclusion, Kennedy est un bon polar, bien qu’un peu trop verbeux, il manque surement d’une petite touche de folie pour surprendre.