Perpetrator

 

États-Unis – 2023 – 1h41

Réalisation : Jennifer Reeder
Producteurs : Derek Bishé, Gregory Chambet
Scénariste : Jennifer Reeder
Acteurs : Kiah McKirnan, Alicia Silverstone, Christopher Lowell

 

Une adolescente partie vivre chez sa tante assiste à une série de disparitions dans son lycée.

Celles-ci pourraient être liées à sa propre métamorphose à la suite de l’ingestion d’un gâteau préparé selon une ancienne recette familiale.

Jennifer Reeder, nouvelle voix du cinéma indépendant américain, revient derrière la caméra pour un teen movie mâtiné d’horreur.

Dans ce récit exubérant, les adolescentes révèlent leur nature dans une quête violente.

Obsédée par la transformation des corps, usant habilement de la métaphore monstrueuse, la cinéaste développe son univers profondément féministe et révèle au passage une formidable actrice en la personne de Kiah McKirnan.

 

Mon Humble Avis :

 

La réalisatrice de cette version slasher de « La Féline » de Tourneur en promet une suite dans 20 ans !

En attendant, tachons déjà de voir ce que donne ce mélange de film de genre et de film d’autrice engagée.

 

Le message propose en effet une réflexion sur les femmes, toujours dans une insécurité, à cause du regard des hommes…

 

La réalisatrice cherche ici à compiler les idées de ses nombreux courts métrages sur des sujets similaires.

Elle fait aussi référence en miroir à son documenteur « White Trash Girl » de 1995.

Elle veut décrire la réalité, mais sous un angle poétique, avec ce qu’elle nomme une « touche magique ».

Elle a aussi digéré de nombreuses influences cultes du genre fantastique : après une introduction à la Halloween, les scènes à l’école évoque Suspiria, et le maniaque à la fin fait penser à Hostel, mais le tout sous un angle vraiment personnel.

 

Les cadrages usent d’une steadycam instable, et de beaucoup de gros plans, voire d’hyper gros plans (notamment sur les bouches).

 

La photographie présente des ombres aux contrastes doux.

Les scènes nocturnes sont nombreuses, mais l’absence de détourage lumineux et de mise au point nette génèrent un manque de lisibilité dommageable.

 

Le montage est un peu speed, ça fait clip par moment, heureusement ça prend un rythme de croisière plus tranquille, une fois l’exposition passée.

Notons l’emploi de fondus enchaînés, procédé élégant devenu trop rare.

 

Les décors banals nous montrent des demeures américaines typiques, et un lycée comme on en a déjà vu des milliers au cinoche.

 

Les costumes se contentent d’uniformes scolaires, mais les tenues oldschool d’Alicia Silverstone en « sorcière gothiquo-féministe » sont assez classes.

 

Les SFX originaux superposent des mouvements de visage en fondus, avec de légers morphings.

L’insistance sur les métaphores liées aux menstruations donne lieu à des litres de faux sang !

 

Le casting permet donc à Alicia Silverstone de casser son image de « Clueless » pour un rôle aussi mystérieux que vénéneux.

La jeune Kiah McKirnan est en effet épatante, surtout dans les scènes où son pouvoir empathique lui fait ressentir toutes les émotions des autres jeunes qui l’entourent.

 

La musique est subtile, mélangeant chœurs féminins, guitare et électro.

Ça ressemble à de la synthéwave des années 80, tantôt envoutant, tantôt effrayant.

 

En conclusion, ce bizarre croisement entre Lynch et Craven apporte une ambiance novatrice, et des péripéties imprévisibles, à condition bien-sûr de supporter les valeurs féministes assénées tout du long avec la légèreté d’une propagande fanatique !