Vincent doit mourir

 

France Belgique — 2023 — 1h48

Réalisation : Stephan Castang
Acteurs : Karim Leklou, Vimala Pons, François Chattot

 

La vie de Vincent vire au cauchemar lorsqu’il devient la cible d’inconnus comme de proches, soudain pris d’une irrépressible envie de le tuer.

Les agressions se multiplient, avec un degré croissant de créativité.

Pour ne pas mourir, Vincent doit fuir.

Ce premier long métrage repose sur un concept surnaturel d’autant plus anxiogène qu’il est d’une simplicité redoutable.

Le travail sur le son et l’image souligne la douleur de chaque choc infligé au pauvre Karim Leklou, condamné à s’isoler pour minimiser les risques de se faire tabasser ou poignarder, entre autres menaces !

Une métaphore angoissante par l’absurde de l’escalade de la violence dans nos sociétés.

 

Mon Humble Avis :

 

Le réalisateur Stephan Castang est acteur de théâtre, son scénariste a subi une crise de paranoïa après les actes de terrorisme sur Paris et la pandémie de covid, il a décidé d’exorciser tout ça en écrivant ce scénario sur les complotistes survivalistes, la haine sans raison, et la violence pulsionnelle.

L’influence de John Carpenter et de George Romero se ressent dans le métrage.

 

Le duo prépare déjà un autre film intitulé « Jean doit mourir à la fin », ce qui nous évoque « John must dies at the end » de Don Coscarelli…

 

La réalisation privilégie le scénario avant tout, le réalisme étant le maître mot.

Cette histoire absurde est traitée avec sobriété sans effets de style qui nous rappelleraient trop qu’il s’agit d’un film.

 

Les cadrages sur pieds sont propres, il s’agit de plans larges alternés avec des plans rapprochés pour donner du rythme.

Il y a parfois des plongées totales à la grue.

On voit aussi des recadrages et mises en abîmes avec des plans sur un ordinateur, et des vidéos sur des écrans dans le cadre.

  

La photographie est naturaliste, elle utilise les lumières urbaines dans pas mal de scènes nocturnes, et des arrières plans flous qui renforcent le trouble du anti-héros.

 

Le montage est tranquille, il suit le rythme des dialogues et installe l’atmosphère anxiogène et le suspens.

Il n’y a pas d’ennui malgré cette relative lenteur.

 

Les décors commencent à Paris dans une boite de pub, puis en banlieue la nuit, et finalement en province à la campagne.

Ils sont crédibles, et n’ont donc rien d’exceptionnel pour maintenir l’ancrage dans la réalité la plus banale.

 

Les costumes débutent dans le « parigot branchouille », puis glissent doucement vers le « plouc Deschien » !

 

Les SFX sont principalement des blessures (coupures, hématomes) sur notre pauvre anti-héros en premier lieu.

Notons un effort particulier sur ce point, par exemple avec une scène où la coupure continue de saigner même sous la douche !

Il y a aussi une séquence avec du faux caca et du faux vomi, que les amateurs apprécieront !!!

 

Finalement, le film est plus gore que prévu…

 

Le casting est le gros point fort du film, le couple d’acteurs principaux est vraiment formidable.

Le réalisme des réactions à des actes inexplicables renforce l’identification et l’impact émotionnel.

L’acteur principal, l’attachant Karim Leklou, est presque de tous les plans, il porte vraiment le métrage sur ses épaules.

Les seconds rôles sont aussi très sérieux, leur jeu solide assis la crédibilité de l’histoire.

Notons la référence au De Niro de « Taxi driver » devant sa glace, quand Karim Leklou s’entraîne avec son taser.

  

La musique développe du synthéwave à la Carpenter, mais en plus doux et moins pêchu…

 

En conclusion, le suspens du film est fantastique, les touches d’humour rendent le tout plus émouvant, de même que la romance particulièrement réussie.

  

Je conseille fortement ce métrage aussi déroutant que divertissant.