WHITE BIRD IN A BLIZZARD

 

Réalisateur(s) : Gregg Araki
Producteur(s) : Gregg Araki, Pascal Caucheteux, Sebastien Lemercier
Scénariste(s) : Gregg Araki
Photographie : Sandra Valde-Hansen
Montage : Gregg Araki
Musique : Robin Guthrie
Interprète(s) : Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni, Shiloh Fernandez
Pays : Etats-Unis, France
Année : 2014
Durée : 1h31

L’avis du FEFFS :

Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère.
Le réalisateur des géniaux Kaboom, Mysterious Skin ou The Doom Generation réalise ici un thriller traitant autant de l’adolescence que de la famille disfonctionnelle américaine, avec en toile de fond une histoire mystérieuse de disparition teintée d’humour noir.

Mon Humble Avis :

Un film de Gregg Araki c’est un genre en soi, c’est donc une sélection parfaite pour la section « Crossovers » du FEFFS 2014 qui accueillent les films inclassables, à la frontière de plusieurs genres…

Le message du film traite de la vacuité du mariage, de l’hypocrisie des « couples de façades », en apparence bien sous tout rapports, mais en fait pétris de frustrations.
Il présente aussi une obsession du sexe, comme si c’était indispensable d’être épanoui sexuellement pour réussir sa vie amoureuse (alors que c’est surtout le problème du réalisateur, et absolument pas une généralité reconnue).
Le film montre une ado qui pense avoir tout compris de la vie parce qu’elle baise, alors qu’elle est larguée sur toute la ligne sans s’en rendre compte… ça paraît être le film de la maturité pour Araki, qui se plaçait d’habitude du côté de ce genre de personnage, et parviens enfin ici à juger son immaturité et sa futilité.
Le film montre aussi la jalousie intergénérationnelle des vieux envers les jeunes, l’impression d’avoir gâché sa vie et le souhait d’être à la place de ses ados qui ont encore la vie devant soi…
Comme souvent avec Araki, on jongle avec des thèmes assez sombres, mais dans une ambiance faussement tranquille, voire « guillerette ».

La réalisation classique de soap opéra réserve quand même quelques scènes plus stylisées, mais globalement le travail sur l’image est le principal effort de cette mise en scène.

Les cadrages usent de plans larges écrasant les personnages dans des décors oppressant de vide.
Beaucoup de cadres sont sur l’actrice principale, portant le film sur ses jeunes épaules.

La photographie emploie des couleurs automnales, et une lumière chaude, l’image est moins acidulée que d’habitude avec Araki (dont les films précédents ressemblent à de gros bonbons) !
Il réserve les effets plus marqués pour les scènes oniriques, d’une blancheur immaculée, ou les scènes de boite de nuit aux effets très eighties.
Il y a beaucoup plus de soleil dans les flashbacks, avec une légère aura de surexposition, qui confère un aspect irréel à ces souvenirs flous.

Le montage est calme, on trouve même des plans séquences.
C’est plus clippesque dans le flashback sur l’amourette des deux jeunes.

Les décors sont ceux d’une banlieue américaine bobo typique.

Les costumes font aussi très années 80, ils sont bien colorés.

Il n’y a pratiquement pas d’effets spéciaux dans ce film, à part un unique plan dont je ne parlerai pas pour ne pas spoiler le scénario…

Le casting est la grosse force du film (avec son script malin), tous sont assez justes, Eva Green est vraiment à fond, comme d’habitude (nous offrant encore quelques plans de nudité bienvenus) !
Christopher Meloni, qui joue le père éteint, est génial, Thomas Jane est intéressant de sobriété, les deux jeunes qui font les potes de l’héroïne sont excellents, drôles et charismatiques, mais c’est surtout l’actrice principale, Shailene Woodley, qui est la plus impressionnante, dans un rôle complexe, touchant, auquel le public s’identifie pour parcourir l’intrigue…

La musique diffuse une ambiance nostalgique mystico-bizarre, au milieu de quelques chansons guillerettes utilisées à contre-emploi.
La mélodie générale de la BO est romantique, et gagne en intensité jusqu’au malaise.

En conclusion, malgré que la tournure polar du récit arrive un peu tard, le scénario de ce film est passionnant de bout en bout, avec de beaux personnages bien écrits, que demander de plus ?
Le fait que l’héroïne soit hanté par des rêves est le seul élément qui accroche le film dans le fantastique, mais je le conseille tout de même à tous, car ne il serait dommage de louper un film surprenant, ne suivant pas une recette, surtout avec ce twist final vraiment incroyable !