REFROIDIS ou IN ORDER OF DISAPPEARANCE

 

Réalisateur(s) : Hans Petter Moland
Producteur(s) : Finn Gjerdrum, Stein B. Kvae
Scénariste(s) : Kim Fupz Aakeson
Photographie : Philip Øgaard
Montage : Jens Christian Fodstad
Musique : Kaspar Kaae
Interprète(s) : Stellan Skarsgard, Pal Sverre Hagen, Bruno Ganz, Hildegun Riise
Pays : Norvège, Suède, Danemark
Année : 2014
Durée : 1h56

L’avis du FEFFS :

Nils (Stellan Skarsgard) est informé par la police du décès de son fils par overdose d’héroïne. Mais, quand il apprend la vérité, ce placide conducteur de chasse-neige se mue en justicier et entreprend de supprimer méthodiquement tous ceux qui sont liés à la mort de son fils, provoquant ainsi une désopilante guerre entre trafiquants de drogue avec, d’un côté, un parrain serbe à l’ancienne (Bruno Ganz) et, de l’autre, « le Comte », dandy paranoïaque et bébête.
Refroidis est un thriller d’action superbement filmé, mais aussi une comédie noire, mêlant un sens de la justice très personnel à une froide précision dans le comptage des victimes, dont les noms sont cochés à l’écran à mesure qu’elles disparaissent dans les paysages enneigés d’un hiver norvégien.

L’avis du BIFFF :

Bardé de son humour pisse-froid et noir comme on l’aime, le cinéma scandinave dégaine à nouveau une de ses perles du genre ! Cette fois, la claque est norvégienne et on la doit à Hans Petter Moland qui s’acoquine pour la 4e fois avec Stellan Skarsgård (Thor, The Avengers) dans un thriller jouissif, qui emprunte à Fargo son ambiance polaire et à Tarantino son empilement de cadavres frais. Au passage, cette kill list norvégienne a gagné le Prix International chez nos amis de Fantasia !

Mon Humble Avis :

Un polar norvégien est bien souvent une promesse d’humour noir, bien que celui-ci commence le plus sérieusement du monde…

Le message du film semble être sur la corruption du système par les organisations mafieuses, et surtout à quel point la vie ne tient qu’à un fil, mais c’est surtout que la portée de son film n’est pas une priorité pour le metteur en scène.

La réalisation commence donc très sérieusement, comme celle d’un polar classique brut de décoffrage, mais l’humour noir pointe son nez doucement, par des dialogues décalés tout d’abord, puis des personnages « boderline »…
De la même façon, la réalisation est sage au début, comme celle d’un film d’auteur, puis elle se lâche progressivement, vers le film de genre amoral.

Les cadrages sont souvent des plans larges dans des décors vides, mais il y a une bonne variation de valeurs de plans.
Ils sont généralement bien composés, de façon très géométrique, et professionnelle.

La photographie use des tons pâles, avec une prédominance du blanc de la neige, ce qui donne la plupart du temps une image claire, et bien nette.

Le montage est convenablement rythmé de prime abord, mais des longueurs apparaissent ensuite…

Les décors enneigés se situent au sein de sommets montagnards, avec un village perdu, des pistes de ski, la ville la plus proche, et la route entre les deux.
La déco intérieure est souvent soignée, comme dans la maison du parrain avec ces chaises en forme de visages, celle du frère à la mode asiatique, ou celle du serbe à la slave, et même celle du grand hôtel avec ses multiples rennes empaillés.

Les costumes sont donc des tenues chaudes, de gros anoraks, et même un pantalon de protection imperméable.
Les mafieux sont bien sûr en simple costard, malgré le froid !

Les effets spéciaux concernent surtout les maquillages de passages à tabac, ou des balles dans la tête à l’ancienne.
On trouve aussi une belle décapitation, et une grosse fusillade finale.

Le casting inclus Stellan Skarsgård (qui jouait le professeur Selvig dans « Thor ») en héros, et il est convaincant en père faisant sa vendetta d’autodéfense.
La mère éplorée perdant progressivement la tête est bien jouée aussi, avec intensité.
Le parrain joué par Pål Sverre Hagen est vraiment rigolo, il apporte une touche de distanciation comique bienvenue, et le gosse qui joue son fils est trop mignon.
Bruno Gantz (qui jouait Hitler dans « La Chute ») est un chef mafieux serbe dure à cuire.

La musique est rare, elle n’a vraiment pas une grande présence dans le film, c’est souvent du mélodramatique tristounet…
Elle est meilleure dans le suspens, ou l’air cool à la guitare accompagnant le final.

En conclusion, c’est un mélange de « Fargo » et d’ « Un plan simple » des frères Cohen, mais à la sauce nordique.
Ce « revenge movie » est donc distrayant, malgré son rythme inégal.