METROPIA

 

Sweden, 2009
Thriller - Animation
80’, Colour, 35mm
 
Director : TARIK SALEH
Art Director: MARTIN HULTMAN
Director of Animation: CHRISTIAN RYLTENIUS
Producer : KRISTINA ABERG
Screenplay : FREDRIK EDIN, STIG LARSSON, TARIK SALEH
Photography : SESSE LIND
Editing: JOHAN SÖDERBERG
Special Effects:
Cast: VINCENT GALLO, JULIETTE LEWIS, STELLAN SKARSGARD, UDO KIER, ALEXANDER SKARSGARD

SYNOPSIS
L’action de Metropia se déroule dans un futur pas si lointain. Le pétrole devient une denrée rare, et les métros sont reliés en un gigantesque réseau sous-terrain à travers l’Europe. A chaque fois que Roger, de Stockholm, entre dans ce réseau, il entend la voix d’un inconnu dans sa tête. En quête de réponse, il va demander à la mystérieuse Nina afin qu’elle l’aide à s’échapper de l’emprise dérangeante du Metro. Mais plus ils avancent, plus ils deviennent impliqués dans une sombre conspiration.
Visuellement digne des plus beaux films d’anticipation, avec une intrigue captivante dans laquelle les personnages, interprétés par de formidables acteurs, nous font osciller subtilement entre humour et suspens, Metropia fera date dans l’histoire de l’animation.

 

TARIK SALEH
Tarik Saleh a réalisé plusieurs documentaires primés, dont Gitmo-New Rules of War (2005) et Sacrificio – Who betrayed Che Guevara ? (2001). Ce dernier a gagné le premier prix à de nombreux festivals à Cuba, au Portugal, au Brésil, et a lancé le débat sur ce sujet à travers l’Europe et l’Amérique latine. Saleh est également l’un des fondateurs de Atmo Media Network et à crée Atmo Animation, qui a produit et écrit plus de 30 courts métrages animées. Il a également écrit et produit deux séries dramatiques pour la télévision suédoise (A Different Class et Dream Team).

MON HUMBLE AVIS :
Le jeune metteur en scène Tarik Saleh (37 ans) est venu sur scène nous présenter son film, avec beaucoup d'humilité et de simplicité, il a même répondu à toutes les questions du public aprés la séance. Ce genre d'occasion est toujours un plaisir trés instructif, merci aux "Films du Spectre".
Grâce aux explications techniques du réalisateur lui même, nous avons appris que l'animation du film est faite avec le logiciel "Adobe after effect" en utilisant la fonction de morphing sur des "pantins" en 2D constitués de photos. Il ne s'agit donc pas de CGI en 3D mais de quelque chose de beaucoup plus simple, se rapprochant de ce que les amateurs peuvent réaliser en "Flash" par exemple...
Anecdote amusante : le père de Saleh, animateur en stop motion (marionettes animée image par image), a fait un film de 20 minutes en 20 ans, quand Tarik Saleh a fini son long métrage en 6 ans, il l'a trouvé un peu fainéant ! :)
Les thèmes traités par Métropia peuvent paraître sombres, mais le réal prétend être un optimiste avant tout, c'est pourquoi il a montré que la vie continuait quelque soit les circonstances politiques, et que l'amour est au centre de son récit.

Selon lui, le paradoxe de nos sociètés modernes est que les grands trusts commerciaux souhaitent nous offrir toujours plus de services permettant de voyager ou de consommer en toute liberté, mais en même temps ils souhaitent pouvoir contrôler nos envies et nos désirs par leurs publicités à outrance... C'est le message principal du film, comment ne pas sombrer dans la paranoïa, et conserver son libre arbitre dans ce monde où les abus de pouvoirs des puissants sont devenus si banals.
La mise en scène est assez académique, diversifiant les valeurs de plans, et ménageant ses effets et ses atmosphères avec soin.
Les cadrages sont plutôt chiadés, on a parfois l'impression que certains plans s'éternisent pour nous laisser le temps de s'extasier devant une composition digne d'un tableau, mais c'est dommage que le rythme du récit en patisse un peu... un montage plus serré aurait amélioré ça, selon moi.
Les personnages sont conçus de façon assez originale, ils ont de petits corps caricaturaux pour de grosses têtes, ou les éléments du visage sont encore hypertrophiés... ça ressemble un peu à des portaits faits par un caricaturiste de rue, un mélange entre Gollum et Benjamin Button ! :)

L'animation des expressions des visages est trés soignée, on a vraiment l'impression d'avoir de (bons) acteurs jouant la comédie à l'écran... d'ailleurs le casting vocal est assez impressionnant (Cf fiche artistique plus haut).
A ce sujet, l'intervention du réal a aussi été passionnante, par exemple pour le rôle du patron dictateur il a hésité entre Max Von Sidow et Udo Kier avant de choisir Udo pour son côté malsain et dément ! :)
De même il a préféré Vincent Gallo à Adam Sandler pour le rôle du héros car il ne voulait pas d'une voix trop timide, car même en étant parano et manipulé le personnage a une certaine force intérieure que la voix se devait de transmettre.
Les décors du film sont trés particuliers, ce monde fait d'immeubles en ruines, de métal et de béton gris et triste, où on ne voyage que sous terre dans des galeries crasseuses, a contre toute attente sa propre poésie visuelle, faîte de camaïeux de couleurs ocre, rouille, ou de gris et de bruns ternes, finalement mélancoliques et apaisants.
il y a beaucoup d'effets visuels mélés aux animations, fumée, lumières, pluie, etc, qui renforcent la "réalité" de l'univers proposé, et aide à l'immersion du spectateur dans le récit.
La musique est tout bonnement fantastique, elle offre de vraies mélodies magnifiques, avec une sensibilité à fleur de peau vraiment envoutante.
Enfin, malgré son rythme un peu lent, ce film est une vraie expérience à ne pas manquer, son message est juste et intelligent, ses images sont originales et audacieuses, que demandez de plus ?