ZHONG KHUI : SNOW GIRL AND THE DARK CRYSTAL

 

Genre heroic fantasy, martial arts
Pays Chine, Hong Kong, USA
Audience ENA
Audio Chinois
Sous-Titres Anglais, Français, Néerlandais
Réalisateur Peter Pau, Tianyu Zhao
Cast Kun Chen, Li Bingbing, Peter Pau, Winston Chao, Zishan Yang
Scénario Huanhuan Zhang, Junli Gao, Raymond Lei Jin
Soundtracks Javier Navarette
Production Desen Intl Media, Enlight Pictures, K Pictures Co, Tencent Video, Tianhua Xiuxing Media Co, Village Roadshow Pictures Asia, Wanda Media Co, Warner Bros HK, Wu’s Ent. Co
Distributeur Arclight Films
Année 2015

 

L’Avis du BIFFF :

À chaque millénaire, au quinzième jour du septième mois (la mi-juillet pour les plus pragmatiques), un portail reliant l’Enfer, la Terre et le Paradis s’ouvre pendant une semaine, permettant à celui qui détient le Cristal Noir de faire de gros dégâts à ses voisins.
Or, le fameux caillou trône en Enfer et, vu la réputation sulfureuse du bled, ça sent le roussi pour la Terre et le Paradis…
Mais c’est sans compter Zhong Kui, le mythique tueur de démons entraîné par les dieux, qui décide de se faire une petite apnée incognito dans les rivières de soufre dans le but de récupérer le fameux Cristal.
Seulement voilà : les propriétaires ont encore sept jours devant eux pour monter à l’étage et récupérer leur saint-Graal.
Sur Terre, il va désormais falloir être au taquet, car des vagues de monstres furibards et de démons en tout genre vont déferler à domicile, comptant à leur tête la frigide Snow Girl.
Autant dire que la semaine risque d’être longue pour Zhong Kui…
Adaptation épique d’une figure légendaire de la mythologie chinoise, Snow Girl and the Dark Crystal est réalisé par une autre légende : l’Oscarisé Peter Pau, directeur de la photographie sur Tigre et Dragon (merci pour la statuette), Shoot’Em up ou encore The Forbidden Kingdom !
Héroïc-fantasy aux faux airs de jeu vidéo, cette galette aux effets spéciaux réalisés par l’équipe de Guardians of the Galaxy réunit Kun Chen (Flying Swords of Dragon Gate) et la superbe Bingbing Li (Transformers : Age of Extinction, Detective Dee) en un spectacle grandiose !

 

L’Humble Avis de Laurence :

Zhong Kui est un exorciste légendaire originaire de Chine.
Il est souvent représenté dans l'art japonais.
Il y apparaît barbu, armé d'une longue épée et portant parfois un large chapeau de paille.
Ce héros combat et met à mort des oni (diables japonais).
À Taïwan et dans le sud du Fujian, à la fin de certaines cérémonies, on demande parfois à un maître taoïste ou à un acteur incarnant Zhong Kui armé d’une épée, d’exécuter une danse censée chasser les esprits maléfiques.
Traditionnellement, ce spectacle était considéré comme dangereux pour le public ordinaire qui partait avant son exécution.
Dans le monde chinois, Zhong Kui apparaît parfois en dieu protecteur sur les portes.
Selon la tradition chinoise, c’était un jeune homme doué pour les études mais fort laid vivant sous la dynastie Tang.
Il se rendit une année aux examens impériaux avec son ami Du Ping et arriva en tête du concours.
Cependant, lors de l’entrevue que les lauréats devaient avoir avec l’empereur, ce dernier le jugea trop laid pour occuper une fonction publique et annula son titre de bachelier.
De dépit, Zhong Kui se jeta tête la première contre les marches du palais et en mourut.
L’empereur lui offrit à titre posthume une robe de fonctionnaire et le roi des Enfers le nomma chef des fantômes en compensation.
Pour remercier Du Ping qui avait organisé ses funérailles, Zhong Kui revint sur terre la veille du Nouvel an pour arranger un mariage entre lui et sa sœur, épisode évoqué dans l’opéra de Pékin, « Zhong Kui marie sa sœur ».
La première mention littéraire connue de ce personnage se trouverait dans l’Histoire non officielle des Tang, ouvrage perdu datant de la dynastie Song.
L’empereur Tang Xuanzong, malade, aurait vu dans un cauchemar un démon voler une de ses flûtes et la bourse brodée de la favorite Yang Guifei.
Un démon plus grand portant une coiffe de mandarin serait alors apparu et aurait fait fuir le premier après lui avoir arraché un œil qu’il aurait avalé.
Il se serait alors présenté comme Zhong Kui de Nanshan, ayant juré de débarrasser l’empire des influences néfastes.
L’empereur se réveilla guéri et ordonna au peintre officiel Wu Daozi de faire le portrait de l’esprit exorciste, et d’en faire placer un sur la porte de sa chambre à coucher.
Le mythe de Zhong Kui aurait des origines plus anciennes que la dynastie Tang.
Selon les érudits Yang Shen (1488-1559), Gu Yanwu (1613-1682) et Zhao Yi (1727-1814), le nom du personnage serait une variante graphique de zhong kui, un objet rituel d’exorcisme, dont le nom serait l’expansion disyllabique de zhui, bâton servant à chasser les esprits, selon des livres anciens comme le Zhouli.
Selon le folkloriste taïwanais Hu Wanchuan, le personnage de Zhong Kui serait lié aux traditions chinoises anciennes de l’exorcisme nuo, dans lequel des jeunes gens déguisés expulsaient les mauvaises influences du palais lors de la période du Nouvel An chinois…
« Snow girl and the dark crystal » semble être (selon mes recherches du moins) la première adaptation du personnage à l’écran.
Dans cette version, pour pouvoir combattre les démons, le disciple exorciste doit se transformer lui-même en l’un d’entre eux, mais sera-t-il prêt à tuer aussi la femme qu’il aime (le démon de la neige, la snow girl du titre) ?

 

Le film pose la question du bien et du mal de façon originale : les démons sont-ils vraiment les méchants ?
Les dieux sont-ils vraiment du bon côté ?
Tout n’est pas aussi manichéen qu’on pourrait le croire de prime abord…

La réalisation de Peter Pau est excellente, il produit, réalise, il est directeur de la photo, et il supervise également les effets spéciaux, on sent le film qui lui tient à cœur !

Les cadrages usent surtout de beaucoup de plans larges, pour profiter pleinement de tous les décors, surtout ceux modélisés en synthèse, avec des survols à la « caméra impossible ».
On trouve bien sûr des gros plans (et même des hyper gros plans sur les yeux) lors des face à face.

 

La photographie emploie des couleurs très vives, avec une prédominance de vert pour la nature dans la réalité, de rouge pour les enfers, et de doré au paradis.
Les couleurs souvent très chaudes contrastent avec les tons froids dés que la Snow Girl apparaît.

Le montage utilise des ralentis pendant les combats, où il officie avec efficacité, sans temps morts.
Il prend par contre davantage son temps pour développer les enjeux de son scénario…
Heureusement l’action est très présente !

 

Les décors gigantesques sont souvent en images de synthèses, on y voit un marché, une ville ancienne, des palais… mais surtout les enfers tout en lave et en volcans, et le paradis où les cerisiers fleurissent dans les nuages !
Cette grandiloquence semble être de mise pour tenter de battre les américains sur le terrain du blockbuster…

Les costumes traditionnels sont très travaillés.
Les tenues des démons sont particulièrement originales, faisant davantage référence à l’esthétique de la fantasy occidentale qu’à celle du wuxiapian, entre le style nazgul et la coiffe de la sorcière de « Maléfique ».

 

Les effets spéciaux sont vraiment nombreux, puisqu’une bonne part du film est entièrement animé numériquement.
Il y a des combats aquatiques, des oiseaux fantastiques, des créatures démoniaques, des tas d’effets pyrotechniques en synthèse (feux, lave, électricité, eau, glace…), des transformations, des scènes d’exorcisme, et des créatures de la mythologie chinoise comme le dragon ou le kirin (un animal composite fabuleux tenant généralement un peu du lion et du cheval, possédant un pelage et des écailles, et une paire de cornes semblable à celle du cerf).
Notons que les deux personnages principaux, Zhong Kui et la Snow Girl, ont tout deux des versions numériques, l’un en lave, l’autre en glace, d’un design vraiment sophistiqué et réussi.
Tous les affrontements entre créatures sont donc en numériques, ça peut donner l’impression à certains allergiques de regarder des cinématiques de jeu vidéo plus qu’un film au bout d’un moment, mais pour les fans de mythologie asiatique ce n’est pas gênant.

 

Le casting nous prouve qu’une nouvelle génération d’acteurs va prendre la relève en Chine.
Ils sont très intenses, mais aucun ne sort du lot, à part Li Bing Bing et Chen Kun tous deux bien charismatiques.

La musique du compositeur espagnol Javier Navarete est très épique, et use d’instruments chinois, comme le suona (trompe de cérémonie) et les tambours.
Une scène requiert une mélodie plus arabisante (celle de la danse du ventre).
La bande originale utilise aussi des cordes plus classiques pour les moments d’intensité sentimentales ou dramatiques.

En conclusion, je recommande fortement aux amateurs cette belle histoire d’amour sur fond de guerre entre dieux et démons.

 

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