THE PRIESTS

 

Réalisé par Jang Jae-hyun
South Korea - 2015
Première suisse
avec Gang Dong-won, Kim Yun-seok, Park So-dam
104’ - korean st en/fr - 16 ans

L'Avis du NIFFF :

Choi, un jeune diacre, est dépêché pour assister le Père Kim lors d'une séance d'exorcisme.
Le prêtre ayant mauvaise réputation au sein du clergé, il demande à Choi d'enregistrer le déroulement du rituel.
Mais lorsque le démon expose toute sa malfaisance, la soirée va se prolonger horriblement...
En adaptant ici son précédent court en long métrage, Jang Jae-hyun intensifie l'expérience horrifique du christianisme badass à la sauce coréenne.
Terrifiant.

 

Mon Humble Avis :

Bastian Meiresonne le présentateur des films asiatiques au NIFFF se dit possédé, et vomit sur scène, pour apporter au public le premier film de possession Coréen.
Le réalisateur avait auparavant fait un court qui servit de brouillon à ce long, ce film est sorti en novembre plutôt qu'en été comme souvent avec les films d'horreur en Corée.
Pourtant il a connu un succès phénoménal...

Le message concerne la lutte éternelle du bien et du mal selon la vision judéo-chrétienne, avec un regard ironique sur les rites et traditions millénaires dans notre contexte moderne, sous la forme de ce anti héros inadapté à la pureté morale nécessitée par sa mission.

La réalisation académique suit les standards du genre, sans chercher à les réinventer.

 

Les cadrages soignés sont variés, allant des plans caméras à l'épaule aux lents travellings sur rails, mais privilégiant toujours du mouvement (du cadre ou dans le cadre).
Des cadres obliques font monter la pression pendant le rituel, assez attendu par le spectateur pour que la mayonnaise prenne...

La photographie use de tons bleus verts pâles, avec des rehauts oranges, opposant le froid de l'hiver extérieur et le réconfort de couleurs chaudes dans les intérieurs, avec une prédominance du jaune (couleur de la mort selon le giallo italien).
De belles ombres sculptent les visages, isolés du fond par un arrière plan flou.
Certains plans diurnes baignent au contraire dans une clarté exagérément candide.

 

Le montage du générique de début est digne d'un clip gothique avec ses fondus enchaînés de gros plans sur des bibles et des statues.
Le film lui même est monté avec énergie, sans temps morts.

Les décors urbains nous montrent un Séoul nocturne plutôt inquiétant, mais débordant de vie le jour.
On y voit une église, un hôpital, et de nombreux autres décors d'envergure, souvent filmés en contre plongée (depuis des grues).

Les costumes réalistes sont sobres, surtout des bures de prêtres catholiques, mais aussi les tenues plus traditionnelles des chamans locaux (avec une tête entière de vache attachée dans le dos !).

 

Les sfx améliorent l'impact de cascades automobiles réelles, et même d'un vrai carambolage.
Une chute se termine par un encastrement dans une voiture, effet réalisé en synthèse.
Un chien démoniaque apparaît dans la brume, avec des yeux incandescents.
Un flot de cafards descend le long des murs, du sang sombre coule des oreilles de la possédée et elle finit par vomir une gerbe sanguinolente sur les icônes sacrées qui ornent les murs de sa chambre !
Quand au maquillage réaliste de la jeune fille possédée, il consiste seulement en une peau abîmée ou ressortent les veines, et des dents pourries.
Les marques de la syphilis apparaissent comme par magie (infographie) sur les bras du jeune aspirant.
On a droit à des fumées numériques peu crédibles dans ce contexte par ailleurs aussi réaliste que puisse être un tel récit surnaturel, l'effet too much de trop sans doute...

 

Le casting apporte un brin d'humour avec le rôle du jeune prêtre bien servi par un acteur plein de charme, Gang Dong-won, que j'avais adoré dans Woochi le magicien des temps modernes.
Pour une fois, l'acteur plus âgé Kim Yun-seok joue un personnage positif, même si sa carapace de dure à cuire lui permet de jouer facilement sans être à contre emploi.
C'est un acteur très doué qu'on a pu apprécié entre autres dans The Chaser, the Murderer, The Thieves, Sea Fog les clandestins, comme aussi dans Woochi.

La musique fait plus dans l'atmosphère oppressante que dans la mélodie.
Ça ne vaut pas Jerry Goldsmith sur Omen, mais cela a une certaine efficacité pour faire sursauter.
Cette présence d'abord discrète est renforcée par des airs classiques avec des chœurs puissants lors de l'exorcisme proprement dit.
Les moments tragiques sont juste illustrées au piano.
Lorsque la foi du jeune s'intensifie, la BO monte enfin en puissance et accompagne les émotions avec l'intensité nécessaire.

En conclusion, le film mélange finalement les genres, comédie en demi teintes, et fantastique plus classique, et même film d'action sur la fin, avec une certaine classe, et en tout cas un dosage subtil permettant aux différents aspects de fonctionner sans se nuire, par la force de la sobriété : less is more !