BAHUBALI THE BEGINNING

Réalisé par S.S. Rajamouli
India - 2015
Première suisse
avec Prabhas, Tamannaah Bhatia, Sathyaraj, Rana Daggubati, Anushka Shetty, Nora Fatehi
137’ - telugu st en/fr - 14 ans

L'Avis du NIFFF :

Dans une Inde immémoriale, une femme de sang royal se sacrifie afin de sauver un enfant.
L'orphelin, répondant à l'appel de l'aventure, embrassera son destin pour devenir un héros messianique s'élevant contre la tyrannie.
S. S. Rajamouli, réalisateur de l'inoubliable Eega (NIFFF 2013), met les bouchées doubles avec cette première partie incroyablement épique et exaltante d'un diptyque, qui promet de marquer l'histoire du cinéma tollywoodien au fer rouge !

 

Mon Humble Avis :

18 millions de dollars pour ce blockbuster qui s'est autorisé une affiche promotionnelle de 5 km de long le long de la mer, entièrement peinte à la main !
Baahubale ça démoule du poney !!!
Les films tamul contiennent souvent une action plus musclée que ceux de Bollywood, et des acteurs et actrices aux canons de beauté plus éloignés des nôtres.
Ils ont mis cette fois les petits plats dans les grands pour rivaliser avec les succès en langue hindi.

Le message naïf du film insiste sur la loyauté filiale, et la loyauté de castes envers son supérieur, avec l'image forte du serviteur heureux de placer le pied de son suzerain sur sa tête !
Bien sur le bien combat le mal, la justice combat l'esclavage, mais la notion de servitude reste non seulement normale, mais encensée...

 

La réalisation est ample et moderne, cherchant le divertissement avant tout.

Les cadrages sont souvent en mouvement, mais avec lenteur et élégance, toute une grammaire visuelle très vaste est développée.
Travellings, panoramiques, plongées, contre plongées, ralentis et augmentation de la vitesse de défilement, tout y passe pour accompagner le récit en renforçant les émotions.

La photographie est lumineuse et colorée, avec de forts contrastes.
Il y a un énorme travail sur l'image, pour que tout soit à la fois lisible et agréable à regarder.

 

Le montage est dynamique sans être trop fatiguant, se permettant quelques rares ralentissement sur des passages émouvants.

Les décors "bigger than life" sont améliorés en synthèse.
Le Gange est magnifié avec des cascades sublimes aux proportions titanesques.
La cité des forges d'armes est impressionnante, tout comme le palais royal de taille phénoménale.
Ses tours ocre sont garnies de colonnes et de multiples statues, les différents niveaux de sa ville en étages sont rehaussés de touches de verdure, avec un esthétisme appliqué.
Le décor des ruines, caché en pleine forêt enneigée, est romantique à souhait, avec ses bateaux de marbre en forme de cygne, et le film y place la déclaration du héros pour sa belle, au milieu d'un duel, qui est à la fois un strip tease des plus misogynes (une chanson et l'éternelle métaphore de l'eau permettant de suggérer la scène de sexe) !
Les plateaux et autres rajouts en synthèse n'empêchent nullement de profiter de splendides décors naturels, montagnes, forêts, grottes, etc...

 

Les costumes d'époque traditionnels sont assez simples chez les paysans, et apprêtés de bijoux rutilants chez les nobles.
On voit aussi de magnifiques costumes folkloriques de danseurs de différentes ethnies, au palais, lors de la fête de l'édification de la statue gênante du despote.
Le peuple barbare des envahisseurs a un look d'hommes des cavernes couverts de suie, digne des ogres cannibales et autres démons des légendes indiennes.
Les militaires ont des armes et des casques dignes du genre heroic fantasy.
Notons que les couleurs des costumes s'accordent souvent parfaitement avec l'environnement de la scène.

 

Les sfx améliorent les décors et l'ampleur de l'action, c'est du numérique de haut niveau, on sent bien les progrès de ces sociétés indiennes depuis que Hollywood décentralise chez eux par économie...
Grâce aux effets spéciaux, le héros réalise des exploits qui feraient passer Tarzan pour un aimable plaisantin !
La surenchère indienne ne semble avoir aucune limite, ni dans le réalisme (totalement absent ici), ni dans le ridicule, nous offrant le plaisir coupable de la nanardise à 18 millions de dollars !!!
Avouons que les scènes de batailles à grande échelle valent quand même ce qu'on a vu de mieux dans le genre.
Un taureau géant est parfaitement animé pour un combat contre un homme à mains nues, un char traverse un barrage enflammé, le héros se bat contre des dizaines d'hommes (souvent grâce à des câbles), des brasiers enflamment des armées entières, bref il est impossible de tout lister !

 

Le casting est celui d'un film choral aux nombreux personnages bien développés.
Kattappa (Sathyaraj) le loyal guerrier est impérial, la farouche rebelle (Tamannaah Bhatia) est séduisante à souhait, et le héros (Prabhas Raju Uppalapati) à la force herculéenne permet une immédiate immersion au petit garçon sommeillant en chaque spectateur masculin.
La figuration est énorme, en hommes comme en animaux (chevaux, éléphants...), il y a des galeries de tronches locales très diversifiées.

La musique se permet une chanson toute les deux minutes, et la BO s'offre des cuivres graves et des percussions entraînantes, le tout à base d'instruments locaux.
C'est vraiment épique, et les chansons sont agréables.

 

En conclusion, c'est du grand spectacle, certes un peu naïf au regard de nos critères occidentaux, mais pas vraiment plus que les films de super héros américains par exemple.
Il faut en profiter au premier degré, sans trop creuser le message parfois puant, comme d'un magnifique conte pour enfants...
Un flashback en dernière partie renforcera la psychologie des différents protagonistes, affinant leurs relations, et relativisant le manichéisme de l'histoire, alors laissez vous emporter, avec la crédulité requise, et savourez ce morceau de bravoure...


BAHUBALIIIIIIII !!!