LIZA, THE FOX-FAIRY

catégorie : Films of the 3rd kind
pays de production : Hungary
année de production : 2015
durée : 98’
genre : comedy,black comedy,musical
réalisateur : Károly Ujj Mészáros
scénario : Károly Ujj Mészáros / Bálint Hegedûs
cast : Monika Balsai / David Sakurai / Zoltan Schmied

Synopsis :

Quoi de plus normal que d'avoir un chanteur japonais décédé comme ami imaginaire ? Venant tout droit d'Hongrie, cette comédie musicale ectoplasmique vous fera grincer des dents.

Mon humble avis :

Le mélange de la mythologie nippone avec un contexte pays de l'est rétro est un point de départ plutôt bizarre !
Le message du film tourne autour de la quête de l’amour pur, gênée par la vengeance d’un fantôme esseulé.
La réalisation suit les règles classiques de la comédie noire.
Les cadrages usent beaucoup de plans larges, et de mouvements tranquilles.
Il y a une bonne variation de valeurs de plans.
On trouve beaucoup d’humour basé sur le hors champs, ou sur le dévoilement d’indices visuels par le biais du cadre.
Il y a des arrières plans flous, pour mettre en valeur le premier plan, et globalement une vaste grammaire visuelle de mise en scène.
La photographie est lumineuse, avec des contrastes doux, et des tons chauds (de boiseries et autres tapisseries), cela donne des images « confortables ».
Le montage est assez lent, au rythme d’un humour noir, à froid.
Il y a quand même quelques ellipses clippesques bienvenues, et des ralentis dans les scènes de suspens (souvent en montage alterné).

Les décors sont surtout ceux d’un vieil appartement élégant servant de sanatorium, d’un Mekk Burger (où on sert donc des hamburgers à la viande de chèvre), et d’un poste de police.
Une scène onirique permet d’utiliser de beaux extérieurs montagneux évoquant le Japon.
Les costumes ont un côté rétro « old school », mais avec goût.
La voisine a des tenues disco des années 70, qui inspireront l’héroïne pour se confectionner une robe sexy dans le tissu en broderie de ses rideaux !
Le personnage du flic est à moitié exhibitionniste, il se balade toujours en public avec sa serviette miniature de sortie de douche.

Notons aussi de bien jolies tenues traditionnelles japonaises, et le costard bleu électrique du fantôme crooner.
Les effets spéciaux commencent dés un générique en 3D, dont les lettrages vont cacher les tétons de l’actrice sous la douche !
Puis, ce sont les yeux du fantôme qui se transforment quand il s’énerve, l’envol de l’âme d’une défunte, puis celle d’un cosmonaute tué par une micro-météorite, et celle d’un esquimau mort gelé, effets tous réalisés en synthèse.
De beaux SFX aussi pour la séquence du couple faisant l’amour sur un ballon sauteur, ou pour les disparitions du fantôme en fumée.

Vers la fin, tout un décor se détruit, se muant en un monde de glace, où pousse ensuite un Japon idyllique avec des cerisiers en fleurs jusqu’à l’horizon !
Le casting est parfait, d’emblée l’héroïne interprétée par Monika Balsai est attachante, avec son sourire candide plein de charme.
Le fantôme nippon joué par David Sakurai est à la fois très marrant et suffisamment effrayant (ou disons inquiétant).
L’increvable enquêteur (ressemblant un peu à Martin Sheen) est joué par Szabolcs Bede Fazekas avec beaucoup d’humanité et de sobriété.
D’autres rôles donnent l’occasion à des acteurs aux physiques hors norme de composer des personnages étranges, comme ce tout petit salarié qui se cache dans les placards.
Notons que certains acteurs jouent même en japonais.

La musique use de vieilles chansons japonaises pleines d’entrain.
Il y a aussi des mélodies japonaises traditionnelles, au milieu de cette pop débridée.
Ça passe aux airs de western épique quand le flic a une intuition.
La bande originale a une dimension épique, même avec l’emploi d’un crooner ringard, malgré sa réserve comique, c’est assez étonnant.
En conclusion, c’est encore le regard d’un personnage naïf et candide sur notre société violente aux émotions faussées, décidemment un thème très en vogue au NIFFF en cette édition 2015… je le conseille fortement à tous les romantiques qui aiment rigoler.