LEMON POPSICLE


catégorie : Guilty pleasures
pays de production : Israel/Occupied Territories
année de production : 1978
durée : 95’
genre : Teensploitation
réalisateur : Boaz Davidson
scénario : Boaz Davidson / Eli Tavor
cast : Yftach Katzur / Anat Atzmon / Jonathan Sagall

Synopsis :

Référence culturelle incontournable en Israël, cette comédie est l’ancêtre exotique d’American Pie. Une rareté à découvrir.

Mon humble avis :

Intrigué par les extraits vus dans le documentaire « THE GO GO BOYS : The Inside Story of Cannon » au FEFFS 2014, je suis donc allé voir cette relecture juive du film de George Lucas « American Graffiti » en plus « teensploitation »… d’ailleurs en 1982, « Lemon Popsicle » eut lui-même ensuite un remake américain sans succès (par le même réal), alors que l’original fut un gros succès en Israël, en Allemagne et au Japon, qui fit vraiment décoller la carrière des « Gogo brothers », les producteurs Golan & Globus (la Cannon des 80’s).
Son réalisateur, Boaz Davidson, est encore aujourd’hui actif comme producteur sur de gros blockbusters, comme « Rambo » ou « Expendables »…
Le message du film semble être simplement que le concours de bite est un concept universel !

Mais on peut aussi se demander pourquoi le héros ado s’acharne autant à trouver l’amour, lorsque l’on voit ce que deviennent les mères juives plus âgées (physiquement comme psychologiquement) !!!
La réalisation suit les codes d’une comédie romantique sur les centres d’intérêt adolescents : le sexe, le sexe, le sexe, et… euh… ah oui, le sexe.
On suit donc le parcours d’un looser dont le rival est son meilleur ami, le tombeur.
Les cadrages usent beaucoup de simples champ / contre-champ pour les dialogues, qui sont parfois même en plans séquences.
Il y a par contre aussi une caméra portée assez moderne (qui renforce la véracité assez crue des situations).
Notons un beau plan de voyeurisme au travers d’un trou de serrure.

La photographie est en lumière naturelle non travaillée, avec une légère surexposition.
Evidemment les couleurs de la copie projetée au NIFFF 2015 sont un peu passées, ce qui donne au film un côté rétro grindhouse, mais on imagine que ça devait être plus acidulé à l’époque de sa sortie.
Le montage est bien mené, sans trop de temps morts ou de remplissage, il avance surtout au rythme des dialogues.
Les décors sont réels (pas en studio), des apparts, le lycée, un ciné, un bar, un drive-in, un lac, etc…
Les costumes des années 60 sont réels aux aussi évidemment : les garçons ont des bananes avec de la brillantine dans les cheveux, et les cols de chemise remontés, tandis que les filles ont des nattes, des jupes et des socquettes blanches.
Il n’y a strictement aucun effet spécial dans ce film.

Le casting met en avant un trio de teenagers israéliens assez sympathique, le héros, interprété par Yftach Katzur, ayant de plus un jeu assez subtil.
L’actrice Anat Atzmon qui joue Nikki, la cible du héros, est vraiment mignonne.
On trouve aussi un rôle de vieille cougar nymphomane, Stella, pour une scène érotique assez poussée pour l’époque.
La musique nous offre généreusement du rock’n roll des 60’s, balade à la Elvis, slow à la Paul Anka, et tubes de l’époque.
Il y a une excellente musique typée western dans une scène où le héros doit réunir une grosse somme en un temps record (ça c’est du suspens hébraïque) !
Notons que la bande originale fournit des chansons sans interruption du début à la fin du film.

Le film a été produit avec un budget de 3 millions de lires israéliennes, dont un million a été payé en redevances aux musiciens (surtout américains) pour les chansons qui ont été utilisées dans la bande son.
En conclusion, cette « potacherie » à la Max Pécas est donc à la limite de la sexploitation, et va loin dans les mauvais exemples à destination des ados : vol de voiture, entrée partout par effraction, etc…
Finalement, sur ce point, c’est beaucoup plus politiquement incorrect qu’un récent « American Pie » !
Mais c’est aussi beaucoup moins irresponsable, puisque les actes de ces insouciants ont leurs conséquences, jusqu’à une scène oppressante d’avortement (qui avait fait scandale à l’époque selon le doc THE GO GO BOYS)…
En tout cas, depuis la sortie de « Lemon Popsicle », huit suites ont été faites (sans compter les copies officieuses), dont Boaz Davidson réalisa les 4 premières !