Interview d'Olivier Nelli

pour la GONEL ZONE

 

Laurent Gonel : Présentes toi pour les lecteurs de la GZ (lâche toi !)


Olivier Nelli : Salut, je suis Olivier NELLI.

Depuis que j'ai 12 ans, je suis attiré par le bestiaire fantastique.

En quelques mots, c'est grâce à ça que j'ai réussi à passer mon bac.

Les matières que l'on étudie au collège/lycée ne m'intéressaient pas vraiment.

J'étais un élève moyen malgré tout le travail que je faisais.

J'ai toujours gardé à l'esprit que plus vite je sortirais du contexte scolaire traditionnel, plus vite je ferais quelque chose qui me plaise.

D'ailleurs, pendant cette période, j'ai écris près d'une trentaine de nouvelles et un roman (que je garde pour l'instant pour moi).

Je souhaitai au départ, faire des effets spéciaux de maquillage, mais étant peu manuel, j'ai préféré m'orienter vers une formation plus généraliste, qui m'apprenne les différents métiers de l'audiovisuel.

J'ai fait l'école d'audiovisuelle l'E.S.R.A, à Nice, dont je suis sorti diplômé en 1998.

En première année, j'ai écrit un court-métrage qui a plu et que j'ai réalisé alors que je ne me sentais pas assez fort pour ça.

Malgré l'expérience un peu désastreuse de ce premier film d'étudiant, je me suis quand même trouvé cette vocation de réalisateur.

Après avoir réalisé une publicité en 35 mm, j'ai essayé de faire un court-métrage fantastique, gore et psychologique mais qui n'est pas passé devant la commission de l'Ecole.

D'un côté trop ambitieux et d'un autre les thèmes que je véhiculai (le cannibalisme, les sectes et le meurtre comme une nécessité) étaient trop "extrêmes" à leurs goûts.

En 1999, je l'ai remanié et je compte en faire le premier volet d'un triptyque religieux : DISPARAGMOS.

 

 

Depuis tout ce temps, j'ai touché un peu à tout. J'ai réalisé mon premier vrai court-métrage (que j'ai porté à bout de bras entièrement) "SPIRIT...", visible sur mon site : http://goredoc.free.fr.

Un film qui m'a appris beaucoup de choses et notamment, qu'à un type de film correspond un budget minimum pour le réaliser.

Même si les films de genre ont toujours été considérés comme des films à petits budget, ils nécessitent quand même un budget minimum si on veut pouvoir faire en sorte qu'il soit bien.

Ce qui n'est vraiment pas le cas en France ou dès qu'on parle de film d'horreur, on donne un budget quinze fois moins important qu'à un film social de base, alors qu'il y a des effets sanglants, des mouvements de caméra, des destructions et des décors, etc...

En tout cas, depuis 2000, je me consacre à l'écriture de ma trilogie sur la religion et je prépare OBSCURO qui est un bon prologue à ce qui va suivre.

En attendant que tout se concrétise, j'ai réalisé le DVD "Documents 2001" pour le plus vieux groupe de métal français actuel KILLERS.

Ensuite, j'ai rejoins le collectif TDKprod (qui va bientôt passer boite de prod) avec qui je réalise des clips ("Dance For Me" pour le groupe The Outburst, http://www.youtube.com/watch?v=p6JzNuoT8J8) et des vidéos live (Benighted Soul, Kragens).

L'équipe de TDKprod a monté depuis octobre 2006, une web-tv : http://nrv-tv.com. Là, y est diffusé notre émission de métal dont je suis le monteur et occasionnellement, le réalisateur et cadreur.

La dernière interview en date est celle d'After forever.

Je participe aussi aux différents projets de Laurent Gonel, en occupant de nombreux postes même les plus incongrus (chuuuut il ne faut faut pas le dire).

 

 

Laurent Gonel : Présentes le film pour les lecteurs de la GZ (fais toi plaisir !)


Olivier Nelli : C'est l'histoire d'un couple de cambrioleur qui, suite à une panne de voiture, se réfugie avec leur butin (un sac rempli d’argent), dans un manoir apparemment inhabité.

La destruction accidentelle d’une armoire provoque mystérieusement leur enfermement dans la pièce.

Leur délivrance tient à deux choses, soit payer ce que la femme refuse littéralement, soit réparer. S’en suit une dispute allant crescendo qui se conclue par la mort du mari.

La création d’un meuble d’un nouveau genre est la clé de la liberté pour la jeune veuve.
OBSCURO a été écrit en 2001, à la base pour le projet CHAMBRE 13 de la chaîne cablée 13ème rue : "un couple, une pièce, dans moins de 5 minutes, l'un des deux va mourir".

Il n'a pas été sélectionné et comme j'avais vraiment envie de le réaliser, je me suis rendu compte que sorti du contexte, le projet devenait un film d'horreur de base et gratuit.

Régulièrement, j'ai réfléchi au pourquoi du comment le couple se retrouve enfermé dans cette chambre et de la façon dont l'un des deux va se faire exécuter.

En 2002, j'ai finalement réussi à trouver la clef du mystère et je me suis lancé dans la préparation du film.

C'est à cette époque que j'ai réalisé le casting complet du film (tant techniciens que comédiens).

Le projet comprend donc une quinzaine de personnes motivées et décidées à ce que le film se fasse.

 

 

Laurent Gonel : Quels sont, en toute honnêteté, les points forts et les points faible de ton film ?


Olivier Nelli : Dès qu'on parle de court-métrage, il faut absolument qu'il fasse moins de 20 minutes et pour un très petit budget (10 000 euros). En toute honnêteté, le gros point faible du projet pour l'instant c'est de trouver les financements nécessaires au projet : entre 25 000 et 50 000 euros pour un court métrage de 30 minutes.

Par contre, au niveau des points forts, c'est un projet que je porte sur mes épaules depuis un peu plus de 5 ans.

Tout a été pensé en détails, ligne par ligne, secondes par secondes.

Il respire l'honnêteté d'un fan qui donnerait tout pour défendre le genre qu'il aime dans son pays.
Ensuite, je suis dans ce projet depuis si longtemps que j'ai l'impression que ce que j'y ai écris, est vraiment intéressant, et qu'il peut séduire par ses images et ce qu'il y à raconter.

Seulement, les vrais défauts et les vrais points forts du projet apparaîtront au grand jour au moment où le film sera projeté dans sa version définitive.

Certaines choses qui semblaient géniales sur le papier auront peut-être l'effet d'un soufflet raté et inversement.

Je ne suis à l'abri de rien du tout.

Malgré toutes les bonnes intentions du monde, il y aura toujours des choses qui seront réussi et d'autres moins bien.

Aujourd'hui, j'espère que se sera un film qui plaira au plus grand nombre! :)

 

Laurent Gonel: A qui est destiné ton film ?


Olivier Nelli: Ce film est destiné à un public assez large et pas seulement les fans de films d'horreur traditionnels.

En France, on a tendance dénigrer le genre.

Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de producteurs où de personnes au sein du CNC qui ont l'audace d'essayer de produire ce genre de film chez nous.

On n'arrête pas de nous dire qu'il faut laisser ça à d'autres.

Le résultat de tout ça est que l'on se retrouve en France avec un vivier de réalisateurs qui ont une envie de faire du fantastique.

Lorsqu'ils arrivent enfin à faire un film plus où moins réussi dans le genre en France, on les félicite pour ce qu'ils ont fait puis on leur dit aurevoir.

De ce fait, nos réalisateurs dans le genre (Alexandre Aja, Eric Valette) continuent de faire ce qui leur plait dans d'autres pays.

Alors, oui, en France, on n'a plu forcément ces réalisateurs sous la main mais il faut quand même se dire que les réalisateurs en vogue dans ce genre, aux Etats Unis, sont avant tout français.

Je suis français avant tout et je veux pouvoir faire le genre de films que j'aime dans mon pays.

Regardez, l'Angleterre qui était quand même l'un des pays où les films d'horreur étaient les plus censurés au monde, c'est de là que vienne certains des plus grands films d'horreur des dix dernières années (THE DESCENT, CREEP).

Les mentalités changent et il y a de la place pour ce genre de films, qu'on le veuille ou non.
Donc, avec OBSCURO, je veux prouver aux producteurs qu'on peux faire des films d'horreur en France et qui peuvent toucher un maximum de personnes très différentes.

C'est pour cette raison que ce film est destiné au public en général et pas seulement aux aficionados du genre.

 

 

Laurent Gonel : En tant que réalisateur, estimes-tu avoir ton propre style ?


Olivier Nelli : Je ne sais pas si on peut parler de propre style pour l'instant.

J'essaie de me différencier de ce qui a déjà été fait mais les influences sont là.

Elles font parties de moi.

On retrouvera des choses qui rappelleront Dario Argento, Mario Bava, Lucio Fulci dans ce que je fais.

Aujourd'hui, on n'invente plus rien.

On fait au mieux avec notre bagage culturel et c'est tout.

En ce qui concerne le style, ce n'est pas à moi de le dire.

Ce que j'essaie de faire, c'est réaliser des films très techniques qui leur confèrent un côté artistique indéniable mais avec la volonté de raconter quelque chose de compréhensible par le plus grand nombre.

Le but final étant d'essayer de faire une œuvre d'art très pointue mais pas nécessairement réservée aux seuls initiés.
Aujourd'hui, je me sens très proche du travail de Oxyde Pang sur AB-NORMAL BEAUTY.

Quand on voit l'interview du réalisateur, je me retrouve parfaitement dans ce qu'il dit et par son approche du film.

 

 

Laurent Gonel : Pourquoi avoir choisi de faire participer au film l’immense, le génialissime LoloGogo ?


Olivier Nelli : Laurent est quelqu'un que j'ai rencontré à Gérardmer en 2002 si je me souviens bien, au festival Fantastic'arts de Gérardmer.

En 2003, mon storyboarder de l'époque avait quitté le navire pour des emplois payés.

Comme je savais que Laurent savait dessiner, qu'il était motivé et très investi dans ce qu'il entreprenait et fan de films de genre comme moi, je lui ai donc proposé de prendre le relais sur la conception du storyboard.

On a bossé d'arrache-pied pendant deux ans tout les mercredi.

On a commencé par travailler de manière traditionnelle : je lui décrivais mes plans et il les transformait en dessins.

Au bout de quelques séances, on a été bloqué car il n'avait pas l'habitude de dessiner certaines perspectives demandées.

De là, on a commencé à travailler à partir de photos.

Je suis fan de cadrages particuliers et de macros.

N'ayant aucun point de repère pour dessiner ce genre de plans et étant quelqu'un doté d'une imagination débordante, il a commencé à me créer avec trois bouts de ficelles, des éléments macroscopiques en grandeur nature, comme on pourra en voir dans le film.

Par exemple, au moment où l'on doit voir un clou enfoncé vers nous en contre plongée et filmé en macro, Laurent m'a donc fabriqué un clou géant avec le sabre de Dark Vador en guise de pointe et une assiette scotchée en son extrémité pour imiter la tête du clou !

A partir de là, on n'avait plus qu'à photographier les plans qu'on désirait.

Ensuite, Laurent m'a retouché toutes les photos sous photoshop afin qu'elles se rapprochent le plus possible de l'idée de plan que j'avais en tête.

Et c'est seulement après tout ce travail qu'il a tout redessiné.

 

 

Laurent Gonel : Envisages tu une autre collaboration avec LoloGogo (et pourquoi) ?


Olivier Nelli : Bien sûr !

Déjà, je n'oublierai jamais tout le travail qu'il a effectué pour OBSCURO.

Je lui dois tout.

Je vais essayer de participer à tous ces projets : je viens de terminer le montage-image du LENDEMAIN DU JOUR D'APRES.

Je joue dans sa série SEX TREK et je le fait participer à mes différents projets plus ou moins officiels pour l'instant.

Je lui fais part de mes idées et il m'aide avec son regard extérieur à me réorienter, à me faire prendre conscience que telle ou telle chose serait meilleure pour faire avancer mon travail.

 

 

Laurent Gonel : Parles nous de ton film culte (mais si, choisis en un seul !)


Olivier Nelli : ZOMBI sans hésiter !!!!!

Un film devenu culte que très tard.

Je l'ai vu quand j'avais 12 ans mais je ne l'avais pas aimé (peut-être à cause d'une version en VO non sous-titrée).

Quelques années plus tard, mon cousin m'a prêté un VENDREDI 13 et ZOMBI se trouvait à la suite.

Je l'ai revu mais je ne l'ai pas apprécié à ce moment là non plus.

Deux jour plus tard, un de mes meilleurs amis est passé chez moi et voulait voir ZOMBI et je l'ai donc revu avec lui.

J'ai eu comme un déclic.

Et mon amour pour ce film a augmenté d'années en années.

C'est mon film de chevet, il possède tout : la critique sociale, les Zombis (ma créature de films d'horreur préférée), Georges A. Romero et Dario Argento (mon maître ;) ) à la production et au montage Européen.

En fait, je considère ZOMBI un peu comme un film de Dario Argento dans le sens où lorsque j'ai découvert la version américaine de 2h20 de ROMERO, je me suis dit : "mince! Dario en intégrant les Goblins dans la bande son et en remontant le film, a été un directeur artistique exceptionnel sur la version Européenne.

Sans lui, la version que je cultifie n'aurait jamais existée et elle est de loin, la meilleur qui ai été donnée de voir.

 

 

Laurent Gonel : Parles nous du dernier film qui t’a plu


Olivier Nelli : LA CHAMBRE DU FILS de Alex De La IGLESIA.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti mal à l'aise en voyant un film.

L'utilisation des décors et de la vidéo est très intelligente.

Les apparitions spectrales sont dérangeantes.

Je ne veux rien dévoiler de ce film afin d'inciter les gens qui ne l'ont pas vu, à le voir justement !

Il est très complexe et très complet et c'est vraiment un petit chef d'œuvre.

 

 

Laurent Gonel : Parles nous du dernier film qui t’a déplu


Olivier Nelli : Il y en a un en particulier c'est SHEITAN.

Si je dois dire qu'une seule chose au sujet de ce film c'est du foutage de gueule.

 

 

Laurent Gonel : Qu’aimes-tu dans le fantastique et dans le cinoche de genre en général ?


Olivier Nelli : Quand je vais au cinéma, c'est pour m'évader et voir des choses qu'on ne voit pas ailleurs.

Des choses réelles, volontairement exagérées nous permettant de nous sortir de notre train-train quotidien.

Le film fantastique et le film d'horreur sont pour moi des véhicules de l'imaginaire et de la créativité sans limites à contrario du cinéma dit "social" que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur.

Si c'est pour payer 9.80 euros, m'asseoir dans une salle et voir le réalisme de la vie de tous les jours (l'homosexualité sur fond de maladies vénériennes; les histoires de je t'aime moi non plus; les problèmes familiaux ou des histoires d'amour qui finissent toujours bien finalement) pas besoin de dépenser d'argent.

Pour ça, il y a juste besoin de sortir un peu dans la rue et dans les parcs publics, se poser quelque part et observer.

C'est moins cher et on en a pour notre argent.

 

 

Laurent Gonel : Quelle est ta position vis-à-vis du gore (limites, aspect, techniques, etc…) ?


Olivier Nelli : Quand on parle de gore c'est toujours lié plus ou moins à un certain amateurisme.

Pour moi, c'est un genre où les idées qui sont développées, vont souvent très loin car on se refuse aucune limite visuelle et scénaristique.

Il est vrai que ça donne un caractère réducteur au genre mais sans ça, sans ces expérimentations extrêmes, nous n'aurions sans doute jamais eu de SEIGNEUR DES ANNEAUX ou des SPIDERMAN tels que nous les connaissons.
Ce que j'espère, c'est que les grandes castes productrices de cinéma en France finissent par comprendre que malgré tout, le gore peut fonctionner dans notre bon pays : on a un publique dévoué, on a une multitude de savoir-faire technique et scénaristique.

Il ne manque plus que les financiers enlèvent leurs œillères et comprennent un jour que le cinéma ne réduit pas qu'au social ou à la comédie.

 

 

Laurent Gonel : Quelle est, actuellement, ton œuvre de LoloGogo préférée (et pourquoi) ?


Olivier Nelli : ZOFIRAX bien sûr !!!!
C'est le premier film de Laurent que j'ai vu et malgré le côté amateur de certaines séquences, on sent à plein nez l'amour du cinéma fantastique.

Qu'importe les moyens, qu'importe l'ambition du projet, le but est de faire un film et d'arriver à représenter tout ce qu'on a dans la tête.

Comme je dis souvent, vaut mieux des effets cheap assumés et sincères que d'avoir un gros budget pour faire des effets moyens pas du tout assumés.

 

Storyboard partiel

 

Retour