SCENARIO

 

 

1. EXT – CAMPEMENT FORESTIER – JOUR

 

C’est l’hiver, la forêt est enneigée, une tente militaire est dressée dans une clairière. Quelques soldats amazones sont postées tout autour aux aguets, derrières des barricades de sacs de sable. Elles ont l’air fatiguées, affamées, déprimées… certaines sont aussi blessées. On entend les clameurs de plusieurs voix agitées sous la tente…

 

2. INT – TENTE MILITAIRE – JOUR

 

Faisant à la fois office d’abri pour dormir à ceux qui ne sont pas de garde, de cantine, d’hôpital de fortune, et en l’occurrence aussi de cellule de prison, l’intérieur de cette tente est un véritable foutoir : divers équipements militaires s’y entassent en désordre, entre les lits de camps et l’unique table servant autant à la radio, à la préparation des repas qu’aux opérations chirurgicales improvisées.

Dans un coin une jeune femme couverte d’ecchymoses est attachée à une lourde malle, une gradée et une doctoresse s’interposent entre elle et un groupe de guerrières en colère.

Ces guerrières protestent devant leur gradée :

 

AMAZONE 1

Faisons-lui sa fête à cette dégonflée !

 

AMAZONE 2

Ouais, cette chienne a voulu déserter, c’est qu’une traîtresse…

elle mérite qu’on lui donne une bonne leçon.

GRADEE

Gardez votre sang froid, les filles, c’est encore moi qui commande dans ce campement, et on s’en tiendra aux ordres qu’on a reçus…

Je vous rappelle qu’on doit remettre la prisonnière à la police militaire pour qu’elle soit jugée.

 

AMAZONE 1

Ah, belle connerie chef, sauf vot’ respect, mais il va falloir qu’on tienne cette position jusqu’à leur arrivée pour le transfert, avec l’ennemi qui grouille dans le coin, alors qu’on pourrait rejoindre le gros des forces rassemblées dans la vallée.

 

PRISONNIERE

Tu discutes les ordres maintenant ?

Tu sais pas que tu pourrais te retrouver toi aussi menottée pour moins que ça !

 

GRADEE

Toi fermes-là, n’aggraves pas ton cas !

Et vous deux, retournez à vos postes de gardes,

on restera ici le temps qu’il faudra, même si l’ennemi vient nous renifler l’cul !

 

Les deux guerrières obéissent à contrecoeur, elles ressortent de la tente en serrant les dents et en jetant des regards noirs à la prisonnière.

DOCTORESSE

Rien de grave chef, juste quelques ecchymoses.

 

PRISONNIERE

Merci docteur… mais je leur en veux pas… je les comprends.

Les soldats aimeraient faire justice elles-mêmes en se défoulant sur moi des horreurs qu’elles subissent à cause de la guerre…

En réalité, elles m’envient d’avoir eu le cran de refuser de tuer.

GRADEE

N’importe quoi. Elles veulent juste se débarrasser de toi pour pouvoir se barrer d’ici.

Elles n’acceptent pas qu’on prenne des risques pour qu’une traîtresse dans ton genre puisse avoir un procès équitable.

 

PRISONNIERE

A tes yeux je suis une traîtresse, mais aux miens c’est vous toutes qui désertez la cause de l’humanité…

 

DOCTORESSE

Qu’est ce que tu veux dire par là ?

 

GRADEE

Laissez tomber docteur, ce n’est que de la provocation d’agitateur politique.

 

PRISONNIERE

Bien sûr, c’est toujours plus facile de refuser le débat, et de rejeter ce qu’on ne comprend pas…

 

DOCTORESSE

Pas du tout, moi je suis avant tout une scientifique, et je serai curieuse de vous entendre confronter vos points de vue.

GRADEE

Mais je n’ai pas peur d’assumer mes convictions.

On est venu ici pour se battre au nom de la liberté contre une armée d’invasion.

Je ne vois pas de quoi on devrait avoir honte.

PRISONNIERE

Tu nous ressors le discours officiel évidemment,

t’es même plus capable de réfléchir par toi-même !

DOCTORESSE

Ne sois pas blessante, c’est inutile, donnes nous plutôt ton opinion.

PRISONNIERE

Rien ne mérite de tuer une autre femme, aucune cause politique ou économique ne pourrait justifier le fait qu’une minorité de femmes gouvernant des peuples entiers puissent décider pour eux qu’ils doivent entrer en guerre les uns contre les autres.

GRADEE

Je vois… tu te dis contre la guerre, mais moi je pense que tu manques surtout du courage nécessaire pour défendre ta patrie, et que c’est pour ça que tu préfèrerais te planquer pendant que les autres font le sale boulot !

 

PRISONNIERE

Pourtant il faut davantage de courage que tu l’crois pour se dresser contre l’appel aux armes, et refuser de se battre et ce quelles que soient les conséquences pour soi-même…

j’ai pas peur d’être fusillée par mes consoeurs, si ça peut servir d’exemple.

 

GRADEE

Tu parles, quand on aura tous été envahi par l’ennemi, ça nous fera une belle jambe les sacrifices comme le tien.

 

PRISONNIERE

Et toi docteur, t’en pense quoi de tout ce merdier ?

 

DOCTORESSE

Je ne sais pas… je… mon travail c’est de préserver la vie avant tout c’est sûr, mais…

 

PRISONNIERE

Et la vie des filles d’en face vaux moins que les nôtres ?

DOCTORESSE

Non je n’ai pas dit ça, mais la chef n’a pas tout à fait tort non plus sur la nécessité du conflit...

Il faut parfois aussi se résoudre à se battre pour défendre une cause juste.

 

PRISONNIERE

Pfff, une cause juste… la justice dans notre société humaine défend surtout des intérêts des puissants. On se bat en fait pour des histoires de gros sous, vous n’êtes que de la chair à canon pour ces salopes. Vous ne croyez pas qu’on sert la même propagande à nos ennemies.

 

GRADEE

J’te plains, tu crois en rien… si tout le monde pensait comme toi ça serait l’anarchie totale.

 

PRISONNIERE

Y aurait surtout pas toutes ses tueries ! Franchement, t’es fière du sang que t’as sur les mains, t’as tué combien de jeunes femmes pour avoir tes belles médailles, l’héroïne de guerre ?

 

DOCTORESSE

Arrêtez, ça ne mène à rien de vous insulter.

PRISONNIERE

Ce que je veux dire, c’est que tuer une femme en tant de paix, c’est être une meurtrière, tandis qu’en tuer des dizaines maintenant c’est être une héroïne… j’trouve ça absurde, c’est tout.

 

GRADEE

T’es peut être pas aussi lâche que je le pensais, rien que pour avoir le culot de me balancer tout ça en face…

 

3. EXT – CAMPEMENT FORESTIER – JOUR

 

On retrouve les deux guerrières du début ayant repris leur poste à une barricade de sacs de sable. La première sort son zippo et s’allume une clope pour se réchauffer, tandis que la seconde contemple la photo d’un bel homme avec nostalgie.

 

AMAZONE 1

Waow, c’est qui ce canon, fais voir un peu son joli p’tit cul !

 

AMAZONE 2

Arrêtes de déconner, c’est pas un de tes chippendales de magazine, c’est mon fiancé qui m’attend sagement au pays…

AMAZONE 1

Oh excuses, je savais pas… il est craquant, veinarde.

Ah si seulement les hommes dirigeaient le monde à notre place, y aurait pas toute cette violence, comme dit la poétesse “ l’homme est l’avenir de la femme ”, tu crois pas ?

 

AMAZONE 2

C’est complètement phallocrate ce que tu dit là, c’est un cliché à la con.

Les hommes sont mieux à la maison à élever les enfants c’est sûr, mais dés que tu leur donnes un peu de pouvoir, ils sont tout aussi fous que les femmes, alors…

 

Brusquement, on entend un craquement dans le sous-bois comme-ci on cherchait à se rapprocher silencieusement. Cela stoppe immédiatement les plaisanteries, et toutes les amazones redoublent de vigilance. L’inquiétude se lit sur tous les visages scrutant la forêt, la tension est à son comble… lorsque tout à coup la fusillade démarre !

La première balle atteint l’amazone à la photo en pleine tête, ensuite c’est le déluge : les insurgées répliquent au hasard en arrosant de rafales le sous-bois, alors qu’on y perçoit furtivement les silhouettes des attaquants.

Les tirs font gicler la neige de tous côtés, des éclats d’écorce et des branchages arrachés volent sur les insurgées, c’est le chaos, on ne voit plus que la peur et la rage sur les visages des combattantes.

Lorsqu’elles sont touchées, le sang asperge le sol gelé, le contraste est alors violent entre la froide blancheur de la neige et la brûlante rougeur de l’hémoglobine.

4. INT – TENTE MILITAIRE – JOUR

 

Durant la bataille, une guerrière blessée est amenée sous la tente par deux autres amazones qui repartent au feu immédiatement. Elle est posée juste à côté de la malle où est attachée la prisonnière.

Elle hurle en se cramponnant à sa blessure au ventre, elle est pratiquement coupée en deux par une rafale qui lui a déchiquetée le bassin, ses intestins pendouillent d’une plaie béante qui saigne abondamment.

 

GRADEE

Posez-la ici et retournez à vos postes, allez bougez-vous !

 

DOCTORESSE

Tiens bon, je m’occupe de toi…

Pendant que la doctoresse s’active sur sa patiente, la gradée jette un coup d’œil par l’entrée de la tente, puis se précipite chiffonner des cartes d’état major annotées qu’elle jette dans le poêle.

 
PRISONNIERE

Qu’est-ce qui se passe, ça tourne mal ?

 

GRADEE

On ne va pas s’en tirer cette fois,

et ces renseignements ne doivent surtout pas tomber entre les mains de l’ennemi…


La doctoresse fait ce qu’elle peut mais ne parvient pas à sauver la soldat éventrée, l’amazone perd trop de sang (la doctoresse en est vite aspergée).

Dans la panique, la prisonnière se libère de ses liens à l’aide d’un scalpel qu’elle vole dans la trousse de la doctoresse.

Ensuite elle assomme la médaillée par surprise (profitant qu’elle était entrain de brûler les documents top secrets dans le poêle), en utilisant une pelle pour la frapper derrière le crâne.

Bien qu’elle assiste à toute l’évasion, la doctoresse n’interviens pas, car elle est prostrée impuissante, agenouillée dans la mare de sang à côté du cadavre de sa patiente.

La prisonnière dérobe l’uniforme de la gradée (espérant s’enfuir plus facilement ainsi déguisée), et l’attache à sa place au coffre.

A l’extérieur les coups de feus se sont progressivement taris puis tus…

 

5. EXT – CAMPEMENT FORESTIER – JOUR

 

Les amazones sont débordées par l’attaque surprise de l’ennemi, et toutes tuées, la médaillée, la prisonnière et la doctoresse mises à part puisque la tente n’a pas encore été atteinte par l’ennemi.

 

 

Les mises à mort sont particulièrement cruelles, les balles qui atteignent les amazones leur occasionnant des blessures répugnantes (doigts qui sautent, joue perforée, œil crevé, mâchoire arrachée…).

 

 

Des grenades sont aussi utilisées par les ennemis, et bientôt il ne reste de la petite troupe qu’un éparpillement de restes calcinés et de corps criblés de balles avachis dans la neige.

 

 

Les guerrières adverses ont eu beaucoup de pertes aussi, il n’en reste plus qu’une debout avec sa chef, vêtue d’une tenue fasciste (style caricature de SS-SM).

On découvre ce personnage par la traversée du champ de bataille encore fumant par ses bottes noires (sa jambe est ensanglantée, elle boîte), avant de remonter le long de sa silhouette luisante jusqu’à son sourire carnassier. La tente est donc finalement prise par ce chef fasciste et sa seule guerrière survivante, et cela avant que la prisonnière n’ait pu s’enfuir.

6. INT – TENTE MILITAIRE – JOUR

 

La chef fasciste et sa guerrière entrent brusquement sous la tente, braquant le trio de leurs armes, la prisonnière est surprise par cette intrusion (son fusil traînant par terre) alors qu’elle venait juste d’enfiler le costume de la gradée. Cette dernière sort à peine du K.O., elle est encore groggy, elle voit trouble et analyse encore mal la tragique situation. La doctoresse se redresse mais est désemparée, elle se contente de lever ses mains tremblantes comme pour faire un bouclier entre elle et la menace…

 

FASCISTE

Toute résistance est futile, je suis désormais maîtresse des lieux !

PRISONNIERE

On se rend, ne tirez pas.

 

DOCTORESSE

Oui, oui, on se rend, vous n’allez tout de même pas abattre des prisonnières désarmées.

 

FASCISTE

Je n’ai pas pour habitude de faire des prisonnières…

à moins que cela n’ait un intérêt stratégique… à genoux !

 

Tandis qu’elles obtempèrent en s’agenouillant les mains derrière la tête, la chef fasciste leur tourne autour comme un prédateur sur sa proie, ramasse le fusil de la gradée et le lance à sa guerrière, qui reste devant l’entrée de la tente, à couper toute retraite possible.

Son attention est alors attirée par la gradée attachée à la malle qui grince des dents silencieusement dans son coin.

FASCISTE

Elle, qui c’est ?

 

PRISONNIERE

Personne… juste une salope qui voulait déserter.

 

DOCTORESSE

Oui c’est ça… c’est personne…

 

FASCISTE

Je ne vois aucune raison de vous garder plus longtemps en vie, à part bien sûr si une officier comme toi peut m’aider à obtenir des informations sur les positions de tes troupes…

 

PRISONNIERE

Je ne sais rien, vous perdez votre temps.

FASCISTE

Je suis sûr du contraire… je sens bien que tu caches quelque chose…

J’ai un don pour flairer le mensonge, et je peux t’assurer que j’ai aussi les capacités de te faire parler, que tu le veuilles ou non !

 

En disant cela, elle fait glisser la baïonnette de son fusil le long du visage de la prisonnière.

Elle va donc la torturer parce qu’elle la prend pour la gradée responsable du campement.

Mais contre toute attente la prisonnière ne parle pas, elle va endurer les tortures alors qu’elle pourrait dénoncer la médaillée.

 

7. EXT – CAMPEMENT FORESTIER – NUIT

 

Ellipse temporelle – la nuit est tombée sur le champ de bataille, les corps sont désormais recouverts par la neige, on ne peut plus distinguer dans quel camp étaient les mortes, leurs différences n’ont plus d’importance désormais.

 

La seule lumière provient de la tente, d’où on entend s’échapper des cris de souffrances et des ricanements sadiques…

8. INT – TENTE MILITAIRE – NUIT

 

L’éclairage tremblotant provient d’une lampe à gaz posée à côté de la radio.

Comme la chef fasciste a été blessée à la jambe, la doctoresse est obligée de la soigner en même temps qu’elle torture la prisonnière qui est allongée sur la table.

Cette dernière ne répond pas aux questions, elle gémit, crie lorsque la souffrance est trop insupportable, et fixe la gradée droit dans les yeux dés que la fasciste ne la regarde pas (par exemple, lorsqu’elle regarde ce que fait la doctoresse sur sa jambe).

La guerrière ennemie ricane devant les débordements sanglants de sa chef.

La prisonnière a déjà de nombreuses scarifications et hématomes, son uniforme n’est plus que lambeaux ensanglantés.

 

FASCISTE

Tu vas parler sale chienne, donne moi l’emplacement exact de vos forces dans la vallée,

et j’abrégerais tes souffrances.

 

Ayant assisté à l’évasion de la prisonnière, la doctoresse songe à passer le scalpel à la médaillée pour qu’elle se libère de la même façon, mais la guerrière ennemie la surveille…

Heureusement le sadisme de la fasciste va lui donner une occasion : la doctoresse doit lui ôter une balle restée dans son mollet droit, puis recoudre la plaie.

Bien sûr tout cela est extrêmement douloureux pour la tortionnaire, mais elle ne s’arrête pas de torturer la prisonnière pour autant… au contraire, plus les soins de la doctoresse la font souffrir, plus elle en rajoute dans la barbarie des traitements qu’elle lui fait subir (doigts cassés, arrachage d’ongles et de dents…), en vain puisque la prisonnière ne connaît aucune réponse à ses questions.


La prisonnière souffre tellement qu’elle ferme maintenant les yeux comme pour s’échapper mentalement à sa condition.

FASCISTE

Tu vas pas te foutre de ma gueule encore longtemps, p’tite conne,

et regarde moi quand je te parle ou alors…

ah tu ne veux pas ouvrir les yeux, mais je vais te les ouvrir moi…

 

Mais les tortures vont tellement loin (début d’ablation d’une paupière) que la fasciste ordonne à sa guerrière de tenir la prisonnière pour l’empêcher de se débattre.

FASCISTE

Viens m’aider à la tenir toi !

 

La doctoresse en profite donc pour faire glisser sur le sol le scalpel jusqu’à la médaillée.

La médaillée se détache discrètement puis se rue sur la guerrière ennemie qu’elle égorge.

Puis tandis qu’elle se bat avec la fasciste, chacune un scalpel sanglant en main, la doctoresse détache la prisonnière et lui procure les premiers soins les plus urgents. La médaillée a le dessus sur la fasciste, celle-ci se retrouve désarmée, entravée par un bras autour du cou et menacée du scalpel de l’autre main. Alors que la gradée est prête à l’achever, la prisonnière l’interrompt d’un cri.

 

PRISONNIERE

Non ! Je t’en supplie, épargne-là…

Pour moi, s’il te plait, laisse-la s’échapper…

 

Dans un premier temps, la médaillée refuse du regard, indignée d’une telle demande, et renforce sa prise sur la fasciste, prête à lui enfoncer son scalpel dans l’œil.

Mais la prisonnière insiste en se redressant assise sur la table, aidée par la doctoresse.

 

PRISONNIERE

Tu me dois bien ça…

J’aurait pu dénoncer ta véritable identité pour éviter les tortures, t’aurais pris à ma place…

P’têt que toi t’aurais pas tenu, et livrée les informations qu’elle réclamait…

 

La gradée relâche progressivement son emprise sur la fasciste, visiblement troublée par les arguments de la prisonnière.

 

PRISONNIERE

Je veux qu’elle vive. Ça ne veut pas dire que je lui pardonne quoique ce soit…

Mais je ne veux la mort de personne… moi j’ai pas d’ennemie, ça n’est pas ma guerre.

Laisses moi sauver au moins une vie…

 

A contrecœur, la médaillée accorde donc à la prisonnière sa demande, et laisse la fasciste (alors réduite à une misérable pleurnicharde) s’échapper en boitant.

Quand elle est sortie de la tente, un silence lourd tombe sur le trio : la gradée troublée reprend son souffle, la doctoresse panse les blessures dues aux tortures, tandis qu’un sourire de soulagement se dessine sur les lèvres tuméfiées de la prisonnière.

C’est alors qu’on entend un véhicule se rapprocher du campement.

La gradée jette un œil par l’entrée de la tente (insert d’un plan extérieur en vue subjective : une jeep roule vers le camp).

 

GRADEE

C’est la police militaire, elles viennent pour toi.

 

PRISONNIERE

Après tout ça, tu ne peux pas me laisser partir moi aussi ?

 

Bien qu’hésitante, la médaillée ne peut s’y résoudre.

 

GRADEE

Je dois honorer ma mission tu le sais bien.

Mais je te promets que je te défendrai de mon mieux lors de ton jugement devant la cour martiale…

 

Echange de regards pleins de doutes des 3 personnages, en gros plans…

9. EXT – PELOTON D’EXECUTION – JOUR

 

Tout à coup un bandeau noir cache le regard de la prisonnière (sur son visage les cicatrices sont moins récentes) : changement de décor, elles sont désormais devant un peloton d’exécution.

 

PRISONNIERE

Je t’en prie, ce n’est pas maintenant que je vais fermer les yeux, tu crois pas ?

 

La médaillée lui ôte le bandeau à sa demande, et lui accroche au bras tel un brassard anarchiste.

Entre elles, les regards sont intenses, la gradée semble pleine de remords et de culpabilité, la prisonnière a l’air simplement triste et sans espoir.

 

Puis elle s’éloigne, l’ordre de tir est donné.

 

La prisonnière est tuée par les siennes.

 

10. EXT – MONUMENT AUX MORTES – JOUR

 

On retrouve alors, de nos jours, la médaillée, vieillie, devant un “ monument aux mortes ” (piédestal sculpté avec drapeau et plaque gravée aux noms des disparues).

On entend ses pensées (en voix off) en un long plan séquence qui se rapproche lentement d’elle, pour capturer son émotion.

GRADEE

Des années ont passées, notre guerre appartient désormais à l’histoire…

Une histoire toujours prête à se répéter…

Devant une de ces statues à la mémoire de celles qui ont perdu la vie durant la guerre, je me rappelle mes sœurs d’armes bien sûr… mais je songe surtout au monument commémoratif qui ne verra jamais le jour, celui dédié à toutes celles qui sont mortes en refusant de tuer leurs semblables !

 

Fondu au noir.

 

FIN