LE PETIT POUCET

 

France • 2011 • Fantastic • 1h22 • colour • digital • VO Fr / ST Eng
Director: Marina de Van • Cast: Denis Lavant, Rachel Arditi, Adrien de Van

AVIS DU FEFFS

Poucet, en compagnie de ses quatre frères, est abandonné dans la forêt, par ses parents qui ne peuvent plus les nourrir. Il se réfugie dans une maison isolée où résident l’ogre et sa famille. Poucet rusé mais surtout non résigné sauve ses frères du pire des prédateurs : un ogre cannibale, amateur de chairs d’enfants. Son parcours lui aura appris les règles du pouvoir en ce monde. Il aura compris qu’il ne peut accorder sa confiance à personne. C’est donc transformé que cet enfant doux et discret reviendra dans sa famille…
Cette adaptation du conte de Perrault est marquée dès le début par un réalisme cru, lorsque les parents d’une famille miséreuse frappée par la famine essayent de nourrir leurs enfants mais vont être contraints à l’acte ultime de l’abandon. Malgré des passages empreints de fantastique et de merveilleux, la fin du film beaucoup moins moralisatrice que celle du conte de Perrault, met formidablement en évidence les rapports de force qui régissent les relations humaines dès la plus tendre enfance.

Marina de Van est une réalisatrice, scénariste et actrice française. Sa filmographie en tant que réalisatrice comprend Dans ma peau (2002), Je pense à vous (2004), Le hameau (2006) et Ne te retourne pas (2009).

MON HUMBLE AVIS

Aïe aïe aïe, avec cette nouvelle version (la dernière en date était de 2001), on mesure l'écart (le fossé !) entre un film fantastique français et ses contemporains des pays européens : une photo quelconque (genre téléfilm en éclairage naturel), et surtout des SFX trop minables, ce n’est pas étonnant car on doit ce ratage aux mêmes producteurs qui nous ont donné « Barbe bleue » de Catherine Breillat il y a 2 ans...
L’anecdote contée sur la scène du FEFFS 2011 par son président Daniel Cohen nous apprend que le festival en est un peu responsable, puisque c’est au cours de l’édition 2009 que les 2 réalisatrices ont dînés ensemble, et qu’apprenant son intention d’adapter elle aussi un conte, Breillat proposa à Marina de Van de lui proposer ses producteurs !

Comme pour le conte précédent, le propos du film, une réactualisation d'un mythe, ne peut pas faire mouche dans ses conditions, puisque la forme (tentative de version « réaliste » académique et « passéiste ») ne rejoint pas le fond (qui se veut plus « film d’auteur » mais reste mièvre et sans surprise).

Le traitement se veut réaliste, dans sa description des mœurs paysannes, et des affres de la famine, pour sombrer pourtant dans un fantastique de pacotille, totalement ridicule (même pour des spectateurs en bas âge), ça fait pitié.
Le récit se permet même (comme dans « Barbe bleue » qui oscillait avec le présent) un rêve prémonitoire anachronique, mais sans aucune explication logique, si ce n’est de placer un sketch rigolo de Denis Lavant !

Les cadrages sont d'une platitude incroyablement conventionnelle, ça fait très théâtre filmé, mis à part quelques gros plans sur le (non) jeu de l’enfant tenant le rôle-titre.
La photographie fait par contre davantage d’effort pour souligner les ambiances, les scènes forestières sont belles malgré la sobriété de l’éclairage, et celles à la ferme ayant des couleurs brunes, qui rendent un style très peinture flamande.
Seules les scènes dans le château de l’ogre font moins décor réel, avant que tout s’écroule dans le pathétique avec les scènes finales (et leurs SFX que même Méliès aurait trouvé dépassés).

Le montage est lent, c’est trop sérieux et trop répétitif (comme le conte original bien sûr, mais ce n’est pas une raison), ça se veut profond par sa description des niveaux de vies différents des différentes classes sociales, mais c’est une analyse politique qui même si elle est juste demeure néanmoins primaire (pour ne pas dire primitive), et surtout n’aboutit pas à une solution ou à une position claire de la réalisatrice, si ce n’est des Lapalissades comme :
« L’homme est pire que le loup. » ou « Mangeons des pommes » !

Les décors sont pas mal, il y a la ferme humble au possible, un village d'époque, et une sorte de manoir, ce qui offre assez d'espaces différents pour faire vagabonder notre imagination (à condition de les filmer correctement).

Les costumes sont assez bien faits, dans l’idée d’une version historiquement plausible, ça manque un peu d’audace (mais après la stylisation de la version d’Olivier Dahan, c’est compréhensible de chercher à se démarquer).

Les sfx sont inexistants pendant les ¾ du film, jusqu’au final plus fantastique, pouvant en justifier l'emploi...
Parlons un peu de cette fin hallucinante qui atteint une sorte d’onirisme décalé (et involontaire) par son « jmenfoutisme » sidérant : des écrans verts pour incruster les personnages dans un décor indigne d’une fête foraine, quelques gouttes de faux sang, des stocks shots animaliers rajoutés par-dessus l’image malgré des luminosités différentes, ça fait beaucoup trop d’images nazes pour un seul film...

L'interprétation des enfants est assez catastrophique, on a l'impression de voir des élèves de CP clamer avec hésitation leur récitation devant la maîtresse, ils semblent très coincés, ou intimidés, en tout cas ça fait "mauvais théâtre".
Par contre le frère de la réalisatrice, Adrien de Van, s’en sort tout à fait honorablement, nous apitoyant efficacement sur son personnage de père ne parvenant plus à nourrir sa marmaille.
Même Denis Lavant dont j’attendais beaucoup pour relever le niveau (j’adore cet acteur trop rare) se livre ici à un show excessif en roue libre, il nous donne un surjeu caricatural et indéfendable ! snif…

La musique d’Alexei Aigui utilise surtout le violon et le piano, dans des compositions larmoyantes qui collent parfaitement au sujet.

Malgré tout, je conclurais en vous déconseillant le visionnage de ce film, si vous êtes amateur de films fantastiques qui déchirent, et si vous voulez encore garder un once d'espoir quand au renouveau d'un cinoche de genre en France... cependant si vous voulez rigoler au second degré en vous moquant de la performance « out of this world » de Denis Lavant, ou bien uniquement pour renforcer votre passion pour d'autres films en comparaison avec cet écueil, il y a là une occasion véritable de soutenir « Le petit poucet ».

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