La Dernière Croisade de Trottein :

 

A plusieurs kilomètres de là, Gmurk et Loki sont en pleine discussion avec Trottein.

Celui-ci cherchant à en savoir un peu plus sur ses interlocuteurs avant de se confier davantage, Gmurk se lance comme d’habitude dans un récit décousu et embrouillé, expliquant leur survie dans le Non-Lieu sous forme d’énergie méga et résumant chaotiquement leur situation.

Bizarrement, et contrairement à la plupart des personnes briefées auparavant par Gmurk, Trottein n’est pas largué et semble suivre ses explications … Il semble doté d’une intelligence bien au-dessus de la moyenne !

Apprenant que Raugo est également prisonnier du temps, il leur demande de lui réitérer ses remerciements, s’ils en ont la possibilité, et de lui transmettre sa proposition d’aide éventuelle.

Gmurk lui explique que l’une des raisons principales de leur venue ici est que les Guetteurs ont détecté sa téléportation psy, « contre-nature » selon eux. L’homme-vautour leur avoue ne pas avoir eu d’autres solutions car, si Valir-IV est bien répertoriée sur les cartes astrales de l’A.G., la planète est INTERDITE !

Une équipe d’exploration avait tout bonnement disparu de sa surface, et l’équipe méga envoyée pour enquêter était repartie aussi la queue entre les jambes, en déclarant que la planète entière serait vivante ! …

Tandis que Loki, troublé, semble réfléchir à ce qu’il vient d’apprendre, Trottein leur parle aussi de son univers de type E, Dell. Un monde en parfaite harmonie avec la Nature, où tous les habitants vénéraient la planète. Dell qui serait intrinsèquement lié à Valir-IV...

 

Au vu des informations obtenues quant à la nature même de Valir-IV, Gmurk décide brusquement de tenter une expérience. Laissant Loki discuter avec Trottein, il s’éloigne sur la berge en sautillant sans autre forme de procès, et décide de se mettre en transe animale woon …

Resté avec l’homme-vautour, Loki écoute avec attention la suite de son récit.

 

Dans le dérèglement du portail spatio-temporel, Raugo et lui s’étaient retrouvés sur une planète que Raugo avait estimé être … la Terre ! Dans le 6ème Univers ?!? C’était d’ailleurs sur cette planète que Raugo avait créé une Porte de Transit pour fuir et regagner l'A.G. !?!

 

Loki lui explique que lui et ses compagnons ont aussi été envoyés ici pour enquêter justement sur la disparition (la destruction ?) d’une Porte de Transit ouverte par les mégas sur Valir-IV.

 

Compte tenu des informations données par Trottein, de multiples hypothèses s’ouvrent désormais à lui. L’expérience Tygg sur Valir-IV aurait-elle atteint un nouveau degré permettant de détruire l’énergie méga ? Les Tyggs auraient-ils donc détruit la porte afin d’empêcher d’éventuels mégas de revenir voir ce qui se passait sur cette planète ??

 

Loki évoque l’idée de négocier avec les Tyggs. Mais Trottein refuse net. Celui-ci est très fataliste vis-à-vis de l’ordre Tygg, qui ont asservi son peuple et l’ont torturé afin qu’il crée Dell.

 

Il est hors de question pour lui de négocier.

 

Depuis son arrivée dans le 5ème Univers, il n’était même plus capable de dormir, et il était venu sur Valir-IV afin d’attendre l’arrivée de son double-négatif et le combattre une bonne fois pour toute ! C’était un dénommé Ben Tuloï qui avait été son mentor, comme celui de Raugo d’ailleurs, et qui lui avait appris les techniques de méditation indispensables pour limiter l’évolution du nouveau double-négatif psy qu’il développait depuis que son premier était devenu autonome.

 

Sur Dell, la Nature se défendait par elle-même ; elle était capable par exemple d’engloutir tout simplement quelqu’un dans le sol. Et cet idéal semblait s’être transféré dans la réalité de Valir-IV !

La planète ne serait-elle qu’un Tygg surpuissant ??? Loki en tremble d’avance …

Décidant de changer de sujet, Loki lui propose alors d’aller explorer l’intérieur du temple.

Mais Trottein le met en garde. Ouvrir le portail par inadvertance, déclencher volontairement ou par mégarde son ouverture, risquait d’avoir des conséquences dramatiques. Trottein lui décrit des hordes de golems crachant de la lave par les yeux, des myriades de prismes vieillissants, assassins, ou effaceurs, envahissant les cieux et se répandant sur le monde …

Non, Trottein préférait rester discret.

Mais, s’estimant toujours redevable envers Raugo et les messagers galactiques, il ne veut certes pas rester inactif et propose donc son aide à Loki … sauf si celui-ci envisageait bien sûr de négocier avec les Tyggs. Ceux-ci restaient ses adversaires, et il n’envisageait aucune négociation avec l’Ennemi.

 

Pendant ce temps, Gmurk pousse des cris gutturaux, se roule à poil par terre, hurle des borborygmes bestiaux et entre en communion avec l’environnement. Il a alors la sensation que la nature lui parle. Il voit un rayon de lumière partir du soleil et éclairer un point dans la forêt au loin, à une vingtaine de kilomètres, et il aperçoit dans le rayon comme un ange (?) pointant son doigt pour lui indiquer le même endroit.

Gmurk se met en transe et lance son sort de lévitation. Volant tel Superman son poing brandi vers l’avant, il s’élance dans le ciel et se dirige vers l’endroit indiqué à toute vitesse.

Il survole alors une végétation très différente, chatoyante et très colorée. Il repère également une faune abondante et distingue plusieurs grands félins au pelage bleu et dotés de six pattes.

Une dizaine de minutes plus tard, il arrive à destination de la zone indiquée par le rayon, et se pose sur le sol.

 

Il ressent immédiatement une sorte de force d’attraction très puissante qui se dégage de cette nature. Le simple fait de poser ses pieds sur la mousse du sol, la caresse des plantes sur sa peau nue, l’attirent inexorablement. Il résiste mentalement et, pour ne plus être sous l’influence de cette nature, il referme la visière de son casque-à-pointes.

Sa vision déformée grâce à l’ordinateur de visée de son casque, les odeurs ensorcelantes et suaves des végétaux ne pouvant plus l’ensorceler grâce à son filtre respirateur, il décide d’explorer les alentours en vagabondant parmi les arbustes et les graminées.

Il remarque alors une sorte de plante géante, ressemblant à un enchevêtrement de grosses chenilles regroupées et renfermées sur elles mêmes, couvertes de végétation, et s’en approche silencieusement. Soudain la plante se déploie, et des tentacules géants terminés par des griffes acérées attaquent Gmurk !

Sur le qui-vive, celui-ci évite assez aisément les attaques et redécolle, virevoltant entre les tentacules et lévitant à distance raisonnable. La créature végétale finit même par se blesser elle-même en cherchant à l’attraper. Deux de ses tentacules se heurtent violemment, cassant l’une de ses griffes qui tombe s’écraser au sol.

Gmurk s’éloigne hors d’atteinte et attend que la créature se replie sur elle-même. Puis il continue de chercher ce que l’ange et le soleil avaient bien pu lui  indiquer, mais sans succès.

 

Grâce à sa caméra intégrée, il en profite pour filmer son exploration. La végétation est très étrange, très belle, de nombreux arbres tortueux exhibent leurs racines hors du sol, des troncs sinueux s’enroulent sur eux-mêmes, des champignons de taille exceptionnelle poussent les uns sur les autres comme des termitières, des fleurs multicolores parsèment les herbes hautes, et des plantes grimpantes vivent en symbiose avec les plus grosses…

Gmurk se méfie et, tout en volant à quelques mètres au-dessus de ces plantes, il se demande quelles auraient été ses chances s’il était venu ici en marchant tout simplement, encerclé de tous côtés par cette Nature ensorceleuse ?

Au bout d’un quart d’heure, il décide finalement en avoir assez vu/filmé et, sans oublier de récupérer au passage la griffe en corne végétale gigantesque (approx. 5 mètres de long !) grâce à sa force phénoménale, il repart vers le cratère en lévitant pour rejoindre Loki.

 

Ce-dernier ne s’est pas inquiété outre mesure en voyant s’envoler son compagnon verdâtre et, stoppant quelques minutes sa discussion avec Trottein, il tente de contacter par radio Corina.

De leurs côtés, celles-ci poursuivent leur longue marche dans le tunnel souterrain. Très vigilantes, elles ne repèrent aucune présence métallique.

Le bippeur de leur radio les avertit soudain d’une communication. Félicia répond, et Loki les prévient de leur position et leur dit qu’il les attend au cratère.

Mais alors qu’il utilise son communicateur tech-6, il a rapidement comme une impression désagréable d’acide dans l’oreille et de mousse sur les dents, et il doit abréger rapidement la conversation.

Les deux exploratrices restent surprises par la brièveté de l’appel, Loki leur ayant quasiment raccroché brusquement au nez. Elles décident de continuer dans le tunnel, espérant atteindre sa sortie et pouvoir ainsi rejoindre les coordonnées fournies par leur ami.

 

Plus elles avancent, et plus elles sont persuadées d’être dans une galerie d’évacuation. Et Corina est certaine que ce n’est qu’un contrôle surnaturel du minéral qui a ainsi pu créer une telle galerie sur une distance aussi énorme.

 

Au bout de deux bonnes heures de marche, luttant contre la fatigue, elles aperçoivent posé par terre un cube en pierre ordinaire, de 2 centimètres d’arête, avec une face d’un noir d’ébène et une face d’un blanc immaculée … Un objet Tygg évidemment.

 

Félicia se précipite pour le ramasser, mais Corina la retient d’un geste. On ne ramasse pas ce genre d’objet à la légère ! Corina lui explique avec difficulté ce qu’elle a retenu des délires gmurkiens quant à la matière Tygg et, dans sa paranoïa, préfère demander à Félicia de ramasser le cube. En ayant bien mis ses gants auparavant, et en veillant à ne toucher le cube qu’avec les deux bagues en or que lui tend Corina, l’archéologue met le cube dans ses échantillons après l’avoir pris en photo.

 

Félicia se pose des questions … Suite à ses découvertes et aux explications de Corina dont elle n’avait pas tout compris, elle suppose que la cité devait (doit ?) être un avant-poste militaire de cette race extra-terrestre belliqueuse, les Tyggs, hostile à l’Assemblée Galactique. Elle n’en mène pas large mais, incapable de répondre à toutes ses questions, elle poursuit son chemin avec Corina sans rien dire.

 

Elles poursuivent leur chemin pendant des heures, simplement éclairées par la torche du casque de l’archéologue.