Le Tygg  :

 

Gmurk lévite au-dessus des marches, suivi par Corina. Plus ils descendent, et plus il y a de rats morts jonchant les marches. Ils atteignent bientôt le bas de l’escalier en colimaçon, à une cinquantaine de mètres sous terre !

En s’approchant de la pièce en bas des marches, le félin rechigne et ils perçoivent aussitôt un gaz chimique mêlé à l’oxygène raréfié.

Le filtre intégré dans le casque de Gmurk se met en marche immédiatement.

 

Corina se motive pour un sondage transfert mais ne ressent aucune présence vivante hormis leur groupe, ni aucune Porte de Transit ! En revanche, elle détecte comme une sorte de pont ou de lien télépathique d’ordre psionnique entre elle et son petit félin. Avec stupéfaction, elle réalise qu’elle vient de se mettre en transe psionnique ! Et alors qu’elle se pose des questions, elle ressent au fond d’elle-même la confiance totale de l’animal en elle et elle voit même brièvement par les yeux du jeune félin.

Elle comprend alors qu’il s’agit d’un animal psy, ou animal-catalyseur, capable de réveiller les capacités télépathiques d’un psy latent en cas de lien psychique fort.

Le petit kattshicat lui apprend qu’il est orphelin et que ses parents ont été tués. Il est le seul survivant d’une meute ayant investi les lieux et s’étant peu à peu entredéchirée. Il s’était réfugié depuis dans la salle du premier étage, évitant les fauves et les prédateurs qui erraient au rez-de-chaussée de la base.

 

Gmurk dépose Nagylone et, protégé par son casque, descend jusqu’en bas.

La pièce semble être une réserve de matériaux et de produits divers. Un container de produits chimiques avait dû se percer, emplissant la pièce d’un gaz toxique.

A l’aide de l’infrarouge et des détecteurs de son casque, dans l’obscurité la plus complète, Gmurk aperçoit alors, glacé d’effroi, un tétraèdre de proto-matière noire lévitant dans la pièce, sa pointe vers le bas, sa surface plane vers le haut, à l’inverse d’une Porte de Méga classique.

Gmurk prend sa lance et tente d’atteindre le tétraèdre. En heurtant de la pointe de son arme, en pierre, la surface du tétraèdre, il comprend qu’il est physique et bien réel.

Il fait demi-tour et remonte rejoindre Corina pour lui expliquer ce qu’il a découvert.

Il semblerait qu’il s’agisse d’une nouvelle espèce de Tygg. Bloqueur de Porte de Transit.

Une sorte d’antithèse totale d’une Porte méga. Aussi matérielle qu’une Porte était immatérielle. Aussi obscurément noire qu’une Porte était pure et transparente. Sa position inversée elle-même.

 

Nos deux aventuriers, toujours encombrés des corps de Nagylone et de la survivante, décident de remonter dans la base pour réfléchir plus sereinement au moyen de détruire ce tétraèdre tygg.

Pour éviter que Corina ne se fatigue, Gmurk fait des aller et retour en lévitant dans les escaliers pour remonter tout le monde jusqu’au rez-de-chaussée. Il termine épuisé.

 

Après une brève concertation, ils décident d’installer leur Q.G. dans la salle de détente au premier étage. Il leur faut faire un campement pour se protéger des plantes et des animaux.

Gmurk allonge Nagylone/Félicia sur un sofa.

Voyant celle-ci cligner des paupières, ses yeux roulant dans leurs orbites, ses membres tressautant de façon saccadée, il s’agenouille et essaie de parlementer avec l’A.I. Il lui explique qu’elle ne peut pas fonctionner correctement sur cette planète en tant que machine, et qu’elle va se détruire peu à peu … et Félicia avec elle. Se forçant à avoir pour une fois un discours cohérent et compréhensible, Gmurk lui propose de l’endormir au moyen d’un hypo-spray et de la mettre ainsi en veille.

Nagylone, dans le subconscient de l’archéologue, avait assistée aux derniers évènements. Et elle savait pertinemment qui étaient les deux aventuriers.

D’une voix faible et hachée, inquiète, elle parvient à prononcer quelques mots :

« Loki … veut … ma … mort. … Pas … vous … ??? »

Gmurk, tout à fait sincère, la rassure. Faire coexister les deux entités, humaine et artificielle, lui semblait une bonne chose. Nagylone comprend alors qu’elle ne peut fonctionner correctement et elle accepte la proposition de Gmurk. Ce-dernier l’endort d’une dose d’hypo-spray., les soubresauts de son corps cessant aussitôt.

 

De son côté, Corina fait de même et allonge la scout sur un autre canapé.

Après un bref conciliabule, ils décident de tenter le tout pour le tour. Faire exploser ce Tygg et espérer que sa disparition réactive la Porte de Transit, qu’ils pourront emprunter pour fuir.

 

Mais où ? En tant que mégas renégats, leurs options étaient limitées. Corina réfléchit aux points de transit qu’elle connaît : Norjäne, Féérie, … tandis que Gmurk, lui, ne voit qu’une destination possible. Un endroit sûr et sans risque. GmurkTown !

 

Se fiant à son jugement, Corina approuve.

 

Ils redescendent ensuite tous deux dans le couloir encombré du rez-de-chaussée, espérant y trouver du matériel. Ils ouvrent les containers, y cherchant principalement des explosifs. Mais comble de malchance, ils ne trouvent que des combinaisons spatiales, un tech-kit garni de nombreux outils, une lampe-torche, un couteau de chasse, un analyseur de milieux, une bande de texlar adhésif, une caméra espion anti-grav avec récepteur vidéo, et … un container entier rempli de pierres précieuses !

 

Gmurk ramasse la bande de texlar et le tech-kit au cas où il faille bricoler. Corina prend une combinaison spatiale (cela la protégera du gaz) et la lampe-torche.

 

Gmurk, frustré de ne pas avoir découvert d’explosifs, décide d’aller chercher de la nourriture.

 

Equipé de son coutelas, il découpe de larges quartiers de viande dans le cadavre du tankcrabe, jusqu’à ce qu’il ait un bon stock de viande capable de nourrir tout le monde, y compris le jeune félin, pendant un certain temps. S’ils ne trouvent pas d’explosifs, ils risquaient de devoir camper dans la base un certain temps.

 

De son côté, Corina ne s’avoue pas vaincue.

 

Elle recommence sa fouille, de manière plus méthodique, et elle finit par tomber sur 4 kgs de plastic avec deux détonateurs à impulsion radio !

 

Particulièrement fière et heureuse de sa trouvaille, elle remonte à l’étage rejoindre Gmurk.

 

Celui-ci est occupé à nourrir son petit kattshicat, qui s’est réfugié dans la cache qu’il s’était aménagée jusqu’alors. Gmurk lui tend un morceau de tankcrabe et l’animal, après l’avoir jaugé du regard, se jette avec avidité sur la nourriture, acceptant Gmurk comme le mâle dominant de sa nouvelle meute.

 

Corina confie la garde des deux corps à son jeune félin et, après avoir enfilé la combinaison spatiale, elle accompagne Gmurk jusqu’à la salle remplie de gaz en bas de l’escalier, en s’éclairant à l’aide de la lampe-torche.

 

A l’aide du texlar, tous deux piègent le tétraèdre Tygg et installent les explosifs sur ces quatre faces.

 

Puis ils remontent au 1er étage récupérer les deux corps inconscients et le félin.

 

Corina hésite un instant à se transférer dans le petit animal, en cas de retour impromptu dans leur prison temporelle (elle pourrait alors repartir dans l’Intercontinuum transféré dans le corps de l’animal, tout en remportant son propre corps cristallisé avec elle) mais comme ils n’ont toujours pas ressenti le rappel du Non-Lieu, elle abandonne cette idée pour l’instant.

 

Grâce à l’analyseur de milieux qu’ils récupèrent au passage dans un container, Gmurk analyse le gaz emplissant la pièce souterraine. Il y détecte la présence en proportion anormale de chlore, d’ammoniaque et de méthane.

 

Gmurk ne peut dissimuler un rictus de satisfaction. Un large sourire éclaire son visage dans l’obscurité : Explosifs qui explosent +  proto-matière qui explose + méthane qui explose ...

 

Yahaa, ça va tout péter se réjouit le guerrier.

 

Corina fait entièrement confiance à Gmurk et ne voit de toute façon aucune autre alternative.

 

Tous deux se mettent en position dans l’escalier, une dizaine de mètres plus haut.

Gmurk réfléchit une dernière fois pour être sûr de ne pas avoir fait d’erreurs de branchement. Il compte jusqu’à 3 et … KABOOOOUUUMMMM LE TYGG !!!