Son Nom est Personne :

 

Devant les menaces du Comédien, le shérif laisse tomber les deux moitiés de son arme et saute de son cheval, les mains en l’air.

Le Comédien le fait s’allonger, le met en joue en pointant son flingue sur sa tête mais, voyant qu’il commence à la calcifier pour la renforcer, le menace et dirige immédiatement son arme en lui visant le cul ! Ces trucs de polymorphe, on ne lui fait pas, lui-même étant bien placé pour les connaître.

Corina s’approche pour l’attacher, tandis que le Comédien appelle Gmurk qui était resté aux aguets dans le bois (tout en apercevant de loin le Duke se vautrer en descendant).

De son côté, Loki calme la magicienne et la soigne, en lui expliquant qu’elle repartira saine et sauve si elle ne fait pas de vagues.

Gmurk descend et rejoint les autres. Le Comédien lui demande de creuser un trou. A ses mots, le shérif cherche à se justifier et avoue être très étonné de la présence de mégas actifs et en mission. Le Comédien présente l’équipe comme des mégas renégats, utilisant leurs pouvoirs pour s’enrichir.

Gmurk le fouille et récupère son objet de la Loge.

Le Comédien souhaite savoir où sont les corps cristallisés. Le polymorphe explique que la machine, qui n’est pas une invention des polymorphes, s’est auto-téléportée de son propre chef en activant ses mesures de sécurité, et qu’eux-mêmes n’ont absolument pas de base B.

Circonspects, Corina et le Comédien n’arrivent pas à savoir s’il ment, mais Gmurk le sent sincère sur le coup.

Le Comédien menace de le laisser aux mains de Gmurk / Bucho, car il ne leur sert donc rien.

Le shérif cherche à négocier. « Et si vous me laissiez les corps endommagés » avance-t-il, avant d’être stoppé net par le Comédien.

Loki libère la magicienne et la laisse repartir libre sur son cheval. En passant à côté du shérif qui avait dû leur promettre un coup facile à elle et à ses comparses, à présent étendus mort dans la poussière mais n’avait fait que les entraîner dans un piège, elle crache par terre de mépris. Et elle déguerpit rapidement sans demander son reste.

Voyant sa dernière ‘alliée’ disparaître au loin, le polymorphe cherche à sauver sa peau en lâchant d’autres bribes d’informations. « Attendez, attendez. Je peux vous donner le nom d’un contact à Hobb’s End, la seule ville du territoire anouk. Le maréchal-ferrant sur place, Kurt Lazloo, est plein de ressources, c’est un déserteur de l’armée. Il fait du marché noir, peut écouler l’argent sale, vous fournir des armes et des papiers, je le connais bien … Libérez-moi, je me contrôle pour l’instant, mais mes gênes finiront par reprendre le dessus et cela nous mettra tous en danger, vous comme moi. Pitié, laissez moi partir, je vous ai tout dit, je n’en sais pas plus » dit-il paniqué.

Le Comédien donne la mitrailleuse-laser du shérif à Gmurk, mais lui demande l’objet de la Loge qu’il a récupéré sur lui. Gmurk la lui lance d’une pichenette.

Le Comédien pense garder le shérif prisonnier pour le remettre à l’Homme aux Chevrons, mais Loki lui apprend que ce-dernier n’est pas sur cette planète et que les ondes hyper-ondes ne sont malheureusement plus brouillées. Que faire de ce polymorphe ?

Gmurk est perturbé. Les mégas, qui voulaient faire des prisonniers pour les faire parler, semblent dorénavant ne pas savoir quoi faire du shérif et envisagent limite de le buter. On dirait même que le Comédien, lançant des regards appuyés à Gmurk, le laisserait volontiers le tuer de sang-froid. « Heureusement qu’on est là pour faire le sale boulot ... » murmure-t-il au Comédien.

Les mégas considèrent diverses possibilités : se transférer dans le shérif, ramener son corps cristallisé avec eux dans le non-lieu, ...

Gmurk estime que cela ne changera pas le fait que lorsqu’ils seront rappelés dans le non-lieu par Némo, cela laissera les résidents Vilain dans la merde, identifiés comme mégas par ce polymorphe.

En désespoir de cause, le shérif joue sa dernière carte et leur donne, en ultime argument, le code à rentrer toutes les 12 heures dans les cheveux-robots pour ne pas que ceux-ci explosent. !!! Merci du renseignement.

Le Comédien se gratte la tête, silencieux, et s’éloigne pour aller pisser.

Restés entre eux, Loki et Corina pensent finalement qu’ils devraient le libérer. Gmurk hésite (le laisser en vie ne lui dit rien qui vaille, mais de là à le buter de sang-froid alors que les mégas l’avaient à deux reprises empêcher de le faire) mais finit par se ranger de leur côté.

Il coupe les liens du shérif et, d’un coup de pied dans le cul, le laisse partir. « De toute façon, quand tu retrouveras les tiens, y aura belle lurette qu’on aura changé de corps … » précise Gmurk, qui pense par ces paroles couvrir ainsi les Villain quand ils repartiront dans le non-lieu.

« Merci, merci, » lâche soulagé le polymorphe, « vous êtes bien des mégas pour sûr », tout en détalant sans demander son reste et en leur jetant son étoile de shérif aux pieds.

Le polymorphe s’éloigne en courant, sous les rafales de Gmurk qui, histoire de lui faire peur, mitraille autour de lui de sa mitrailleuse-laser en rigolant débilement.

Mais soudain, alors qu’il va atteindre le bout du canyon, le Comédien relève son arme, vise et, d’un tir précis, l’abat froidement en l’atteignant d’un tir dans la nuque. Il s’approche ensuite du corps et l’achève de trois tirs laser dans la tête. « Faut respecter la doctrine du bien et du mal des polymorphes » lâche-t-il laconique.

...

Devant cette scène, Corina et Loki restent sans voix, cherchant à comprendre, Corina est effondrée.

Gmurk, lui, reste silencieux et, sans un mot, va dans la carriole récupérer l’objet polymorphe du notable qu’il y avait caché avant l’embuscade.

C’est sans haine et avec une certaine tristesse que le Comédien s’est résolu à cette solution ultime, par pur calcul stratégique. Il aurait préféré que ce soit Gmurk qui se charge du sale boulot, sans l’assumer lui-même, mais bon …

Autour d’eux, d’autres corps sont étendus sans vie, et les vautours commencent à tourner.

Loki repense aux paroles sardoniques du Duke, alors qu’ils discutaient quelques heures plus tôt dans la carriole. « Vous pensez faire la guerre sans faire de morts ? ».

Une ambiance morose règne. Loki et Corina désapprouvent ouvertement le geste de leur compagnon. « Si vous voulez que je parte ... » finit par lâcher celui-ci mal à l’aise.

Il finit par rejoindre Gmurk qui s’est éloigné de quelques pas dans la forêt. Il semble avoir besoin de parler et se confie au bourrin. Le miiwanien, qui était lui-même à deux doigts de buter le polymorphe quelques secondes plus tôt pour les mêmes raisons, comprend le côté tactique de ce geste, mais est surpris éthiquement de ce revirement.

Il comprend les raisons de cette exécution. Après tout, laisser ce polymorphe en vie revient à les mettre tous en grand danger, car s’il a gobé sur l’instant leur baratin, rien ne dit qu’il pensera de même une fois au calme, ni que ses supérieurs n’enquêteront pas sur eux lorsqu’il reviendra à leur base pour être formaté.

Et il peut aussi comprendre que le Comédien, polymorphe lui-même, ait eu de bonnes raisons intrinsèques à sa race, voire même à sa propre identité, pour agir ains. Après tout, le Comédien ne connaît pas vraiment son identité lui-même, changeant de nom et de déguisement comme de chemise, imitant les personnes les plus charismatiques qu’il rencontre, il n’est personne et tout le monde.

En revanche, Gmurk ne comprend pas que le méga l’ait buté de sang-froid. Après tant de temps passé avec Corina, il pensait que tous les mégas étaient de nature pacifiste.

Devant les explications du Comédien, Gmurk décide de relativiser désormais les actes des uns et des autres, et de se fier dorénavant à son propre jugement. Buter quelqu’un pour une noble raison est donc acceptable ...

Loki, parti chercher le Duke, le trouve inconscient et réalise qu’il n’a plus de triangle sur le front. Il le soigne, le drogue avec un cataplasme de whisky et l’installe à l’intérieur de la carriole.

Pris d’une inspiration, il s’écrit aussi une lettre pour lui-même, à l’attention de son résident Soeur Marie-Thérèse, expliquant que l’argent est dans le coffre, qu’il ne faut pas retourner à Cappertown City, qu’ils sont poursuivis par des forces occultes pouvant altérer leur mémoire, et qu’il faut se débarrasser des chevaux-robots.

Avant de partir, ils décident d’enterrer les corps.

Gmurk creuse les tombes, le Comédien porte les cadavres, Loki leur donne les derniers sacrements.

Corina attèle les chevaux-robots à la place des buffles, tandis que Gmurk consolide la carriole, essieux, roues et structure, avec le bois qu’il coupe à coups de hache parmi les arbres à côté.

Au bout de deux heures, ils repartent. Pendant la nuit, Corina reprend la place du cocher tandis que les autres se reposent. Au petit matin, elle est remplacée par le Comédien comme d’habitude et l’informe que grâce à leurs montures robotiques, ils devraient gagner encore une journée supplémentaire de trajet. Loki le rejoint à l’avant et ils engagent une longue discussion, le Comédien cherchant à lui expliquer son point de vue.

Petit à petit, le désert laisse place à la plaine, la végétation reprend ses droits, de l’herbe de plus en plus haute, des buissons, des arbustes, des arbres, ... et ils arrivent finalement dans une forêt marécageuse. De grands arbres noueux surnagent dans le bayou, des ponts et des constructions en bois indiquent la présence proche d’un village, confirmé par leurs cartes topographiques.

Ils sont arrivés dans la zone qu’ils cherchaient.