LAISSEZ BRONZER LES CADAVRES

Pays : Belgique, France
Année : 2017
Durée : 1h30
Réalisation : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Production : Ève Commenge, François Cognard
Scénario : Hélène Cattet, Bruno Forzani
Photographie : Manu Dacosse
Montage : Bernard Beets
Musique : Dan Bruylandt
Interprétation : Élina Löwensohn, Stéphane Ferrara, Hervé Sogne

L’AVIS DU FEFFS :

La Méditerranée, l’été : une mer d’azur, un soleil de plomb… et 250 kilos d’or volés par Rhino et sa bande ! Ils ont trouvé la planque idéale : un village abandonné, coupé de tout, investi par une artiste en manque d’inspiration. Hélas, quelques invités surprises et deux flics vont contrecarrer leur plan : ce lieu paradisiaque, autrefois théâtre d’orgies et de happenings sauvages, va se transformer en un véritable champ de bataille… impitoyable et hallucinatoire !
Après leurs deux vibrants hommages au giallo, Amer et L’Étrange couleur des larmes de ton corps, le duo Cattet-Forzani passe cette fois à l’adaptation d’une série noire aux accents de western italien de Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid.

 

MON HUMBLE AVIS :

 

Après le Giallo, le couple de réalisateurs s'essayent au polar dégénéré à la Mario Bava.

Le message du film est que l'homme est un loup pour l'homme.

La réalisation est toujours auteurisante, mais le genre choisi permet quelques scènes d'action et un scénario à la narration plus claire que dans leurs précédents films.

Les cadrages usent de toute la variété imaginable d'angles et de points de vue, avec une prédominance des très gros plans.

La photographie emploient de forts contrastes, entre des images lumineuses et d'autres en contre-jour.

Des couleurs chaudes renforcent la sensualité omniprésente.

Le montage use énormément de l'alternance entre gros plans et plans larges, le tout sur un rythme frénétique.

Souvent l'action est répétée plusieurs fois pour présenter la perception de plusieurs personnages du même événement.

Cela crée quelques lenteurs, tout comme les scènes métaphysiques...

 

Les décors montrent des ruines latines en bord de mer.
Les tronçons de mur créent un labyrinthe chaotique parfait pour des fusillades.
Les costumes couvrent peu les corps (maillot de bain, marcel, chemise ouverte sur le torse)...
Les sfx sanglants sont filmés trop brièvement pour qu'on profite de leur qualité, sauf pour le plan sur l'œil arraché par une balle.
L'ami David Scherer, qui m'a aidé sur mes propres courts métrages, fait un travail remarquable, gore et esthétique à la fois.
Le casting de tronches patibulaires assure un charisme photogénique, mais on peine quand même à s'identifier aux personnages pour lesquels on ressent peu d'empathie.
Bernie Bonvoisin, du groupe Trust, passe une partie du film à courir à poil, voilà qui est "antisocial" !

 

La musique fait très western spaghetti, mais à part dans le générique, elle est quasiment absente du métrage, réservée uniquement aux flashbacks.
Il s'agit d'emprunt à des bandes originales italiennes préexistantes, de compositeurs comme Morricone, Capriani, ou Fidenco.
Le travail sur le son est tout aussi important que celui sur l'image.
Le fétichisme du son de cuir dans les bruitages ainsi que l'exagération de la puissance de certains sons diégetiques créent un univers surréaliste qui amplifient les émotions et le suspens.
En conclusion, trop d'effets de style tuent leur puissance, un bon effet de mise en scène doit insister sur un moment privilégié, si tout est traité de la même façon, au final on décroche vite de ce qui paraît davantage un exercice de style qu'une narration inspirée...
Mais c'est tout de même plus divertissant que leurs films de meurtres à l'arme blanche, grâce à un scénario adapté d'un bouquin solide.