THE SURVIVALIST


Réalisateur(s) : Stephen Fingleton
Producteur(s) : Wayne Marc Godfrey, Robert Jones, David Gilbery
Scénariste(s) : Stephen Fingleton
Photographie : Damien Elliott
Montage : Mark Towns
Musique : James Roden
Interprète(s) : Martin McCann, Mia Goth, Olwen Fouéré
Pays : Royaume-Uni
Année : 2015
Durée : 1h45

Synopsis :

The Survivalist aborde la question de la survie dans un environnement hostile, sur une terre dévastée et sans ressources.
Pour le protagoniste, tout homme est un danger mortel et il n’est plus question que de se nourrir, de subsister, d’assouvir un besoin physique.

L’avis du FEFFS :

Le sous-genre post-apocalyptique prend souvent des chemins fantasques, présente des héros en quête d’idéal. Le film de Stephen Fingleton est peut-être le premier représentant d’une conception hyperréaliste du genre.
Les personnages sont ramenés à leurs élans primaires, sans manichéisme et sans jugement.
À ce titre, The Survivalist se révèle être une curiosité, voire une oeuvre pionnière.

Mon Humble Avis :

Lors de sa présentation au FEFFS 2015, le réalisateur nous explique la chance que l’on a de voir ce film en salle, puisqu’il n’a pas encore trouvé de distributeur.
D’origine irlandaise, il est sensible au thème de la famine, puisque son pays en a connu une qui a tué le tiers de sa population.
Il pense aussi que son film a une résonance toute particulière avec la crise actuelle des réfugiés…

Le message traite des rapports humains, toujours nécessaire même après l’apocalypse, car l’homme est avant tout un « animal social » qu’il le veuille ou non.
Pour résumer la portée du film, on peut citer ce dialogue du film « Conan le barbare » où le père de Conan enseigne la sagesse à son film : « à personne tu ne dois te fier, ni aux hommes, ni aux femmes, ni aux bêtes… à l’acier seul tu peux te fier » !

La réalisation tient davantage du film d’auteur que du film de genre post-atomique.
Il n’y a en tout et pour tout que 2 scènes d’action dans tout le métrage, mais elles sont bien méchantes et sèches, on s’y bat aux haches, à l’arbalète, à la machette, comme au revolver ou au fusil…

Les cadrages font beaucoup dans la caméra portée de reportage, mais restent quand même en plans fixes sur pieds lorsque ce n’est pas nécessaire.
Il y a une bonne variation de valeurs de plans, même des scènes filmées à la grue en plongée totalement verticale, ou des zooms lents cherchant l’émotion cachée derrière le masque impassible d’un visage.

La photographie est naturaliste, les sources de lumières sont dans l’image (et pas des éclairages hors-champ).
Du coup c’est parfois assez sombre, avec des couleurs chaudes en intérieur la nuit, et froides de jour en extérieur.
On voit aussi de beaux plans où la lumière de lampes torches provient de l’extérieur au travers des fentes entre les planches de la cabane.

Le montage est tranquille, mais pas lent, car il y a des ellipses pour aller à l’essentiel de chaque geste, seulement ça reste la description d’un quotidien morne.
Ça devient vite nerveux à la moindre alerte de danger.
Par contre, il y a des plans séquences trop longs.
Il y a un montage alterné entre la scène du lapin allant tomber dans un piège à loups, et celle de l’avortement sauvage.

Les décors sont principalement naturels, en milieu forestier, il y aussi une vieille cabane en bois, et son humble jardin potager.

Les costumes ne sont pas des haillons, juste de vieux vêtements sales.
Le héros a une coiffure vraiment particulière, une coupe iroquoise, mais avec des cheveux longs nattés.

Les effets spéciaux se contentent de peu.
Il y a une animation sur des courbes de population en baisse dans le générique de début.
Ensuite, ce sont des impacts de balles, égorgements, de la chirurgie de campagne gratinée, et une blessure infectée purulente avec des vers !


Le casting est peu étendu, 3 acteurs principaux, une dizaine de figurants à tout casser.
Le héros est interprété par un acteur d’une virilité stupéfiante (musclé comme un chippendale), de plus visiblement pas trop pudique (on le voit se laver le cul dés les premières minutes).
Il y a peu de dialogues, ce personnage est souvent seul (surtout au début du film), donc l’acteur doit porter tout le métrage sur ses épaules, ce qu’il assure avec charisme et intensité.
La superbe personnage de la vieille mère est interprété par une actrice dure et émouvante à la fois, avec une magnifique chevelure blanche.
Les trois principaux personnages, l’homme, la femme, et sa mère, sont joués par des acteurs expressifs malgré la retenue d’un jeu intériorisé.
Tous semblent n’avoir aucun problème avec leur nudité à l’écran, même la plus âgée, comme dans cette scène où les deux femmes se blottissent nues contre l’homme pour faire tomber sa fièvre.

La seule musique entendue dans le film est diégétique, c’est à dire jouée par les personnages à l’écran et non une vraie bande originale, et souvent elle continue un instant au-delà du plan où l’instrument est visible…
Il y a par exemples quelques soufflés d’harmonica, une cuillère glissant sur le rebord d’un pot en verre, ou tapotée contre une poutre.
Sinon, il n’y donc strictement aucune musique, mais à la place une grande importance des bruitages et des silences : respirations, mouvements, pas, nature alentour, etc…
Etonnement, un bon générique de fin rattrape cette absence, avec de l’industriel et des chœurs féminins.

En conclusion, pour une petite production, on y voit de bons personnages, un suspens solide, du réalisme… c’est déjà pas mal !
Le film semble avoir des difficultés à se conclure, mais il reste quand même passionnant jusqu’au bout.