THE EDITOR


Genre : black comedy, crime, horreur, mystery
Pays : Canada
Réalisateur : Adam Brooks, Matthew Kennedy
Cast : Adam Brooks, Laurence R. Harvey, Paz de la Huerta, Samantha Hill, Udo Kier
Scénario : Adam Brooks, Connor Weeney, Matthew Kennedy
Soundtracks : Claudio Simonetti
Producteur : Adam Brooks, Matthew Kennedy
Distributeur : Films Distributions, Park Ent.
Année : 2014


Synopsis :

À l’époque glorieuse de la VHS, Rey Ciso était le Clark Gable du montage. Les plus grands metteurs en scène se l’arrachaient, tandis que les starlettes tombaient en pamoison devant ses doigts magiques et sa réputation de monteur hors pair. Jusqu’au jour où, aveuglé par son ego, il accepte de monter le plus long film au monde et se coupe les doigts de la main dans une crise de folie passagère… Réduit désormais à des nanars pornogoreux qui sentent le Z à plein nez, Rey n’est plus que l’ombre de lui-même et subit les moqueries quotidiennes de ses collègues. Mais, bizarrement, lorsqu’une série de cadavres amputés de leurs doigts s’égrènent sur le plateau de tournage, il n’y a plus personne pour se taper la cuisse dans les couloirs en proposant un pierre, papier, Ciso à l’éclopé de service… Pour l’inspecteur Porfiry, c’est du tout cuit : Rey a la main du coupable idéal. Pourtant, cette affaire va l’amener d’asiles hypersexués aux tréfonds de la Rome antique où certains textes mentionnaient déjà les « monteurs » comme des ponts démoniaques vers un univers éthéré. Carrément, ouais !

L’avis du BIFFF :

Astron-6 – le collectif canadien derrière le déjanté Father’s Day (BIFFF 2012) – est de retour ! Plus qu’un pastiche des films de Dario, Lucio et Mario, c’est un hommage hyper référencé au giallo où la maîtrise formelle se joue dans le sur-doublage volontaire, la lumière vintage et la bande-son, assurée en partie par Claudio Simonetti ! Rajoutez-y leur humour indécrottable et leur générosité en gore, et vous obtenez une pépite inclassable d’une bande de potes incroyablement doués qui érige le pseudo-ringard en forme ultime d’art !

L’humble avis d’Olivier Nelli :

La base de départ du scénario concerne des meurtres autour d’un monteur de films d’horreur, mais ça devient vite embrouillé à cause de trop d’influences.
On ne sait plus si le réalisateur aime les giallos, ou s’il s’en moque parce qu’il déteste le genre.
Au final, il faut le voir comme un « ZAZ » sur les giallos.
Néanmoins, la réalisation est assez réussie en elle-même, mais le film est trop décousu pour que cela serve la narration.
Les cadrages pastiches les effets de style des giallos, c’est une bonne imitation, avec des gros plans, et des coupures de narration.
La photographie aussi imite son modèle, mais parfois dans les scènes sombres, les noirs sont trop « collés », à cause d’un étalonnage trop poussé.
Cependant, certaines autres scènes fonctionnent très bien.
Le montage est aussi bien foutu, pro et efficace.
Il offre un va et vient entre le réel et le film monté par le héros, mais ça devient alors trop brouillon.
Le montage est donc réussi si on l’étudie scène par scène, mais pas dans l’équilibre de l’ensemble du film.

Les décors donne une bonne reconstitution des années 70.
Les costumes reprennent des références à des giallos célèbres, comme l’aveugle avec son chien de « L’au-delà » de Fulci par exemple.
Les SFX sont réussis car ils imitent eux aussi certains effets des giallos de Fulci, mais surtout pour reproduire leur approximation toute pourrie de l’époque.
De même la synthèse « pue », c’est quand même dommage de ne pas parvenir à refaire en mieux ce qui se faisait dans les 70’s avec les moyens actuels…
La scène parodiant les araignées de « L’Au-delà » est marrante : plutôt que de se faire dévorer par une multitude d’araignées, dans une bibliothèque, le mec les écrase toutes !
Les acteurs ont des looks tout droit sortis des années 70 eux aussi, mais ils jouent tous comme des sacs, que ce soient les comédiens du film monté, ou ceux de l’histoire principale !
Une histoire où on retrouve bien tous les personnages traditionnels des giallos : aveugle, flics, meurtrier, victimes, etc…
Udo Kier est inexistant, il n’a que 3 courtes apparitions.
La musique est de type rital, avec une succession de morceaux très « Goblin », ce qui est parfait pour ceux qui aiment, mais ça donne un melting pot très incohérent, sans queue ni tête.

C’est du au flot musical ininterrompu, sans pause, avec des ruptures de tons brutales.
C’est l’antithèse du cinéma de Bruno Forzani et Hélène Catet : une bonne connaissance du genre, peut être, mais la parodie est si poussée que ça en devient ridicule.
Des références à John Carpenter (le passage du miroir comme dans le « Prince des ténèbres », ou la poursuite en voiture très « Christine ») provoquent des changements de tons dont on ne sait trop si ils sont bien réfléchis, car ça nous sort du sujet strictement giallo, pour évoquer le fantastique en général.
On retrouve ainsi des allusions à « Videodrome » de David Cronenberg (un canal fantôme et une cassette vivante), ainsi qu’à « Ring » d’Hidéo Nakata (un gars qui sort de l’écran)…
Dans le giallo lui-même, les références vont des meilleurs (« Suspiria », « Ténèbres ») aux pires (« Murder Rock »), avec des personnages issus de toute l’horreur à l’italienne (Dario Argento, Lucio Fulci, Joe d’Amato, etc…), et tous les genres finissent par être confondus, giallos, zombies, démons, etc…

Le mélange est très maladroit et donc brouillon.
Tout est prétexte à montrer des culs et des seins, ce leitmotiv est utilisé tellement de fois dans les arrières plans que cela en perd de sa verve et de son intérêt, même si pour une fois on reste dans des standards réels (pas de grosses poitrines refaites au silicone).
Les intentions sont louables, car techniquement le côté vintage est réussi, mais le résultat est totalement à côté de la plaque.
En conclusion, ce film parodie les giallos dans un esprit psychédélique très 70’s, certes, mais le caractère outrancié du jeu des comédiens et des situations, emmène le métrage vers un manque de respect envers ce qu’il pastiche.
Le principal problème du film est de viser trop large, de sortir de son sujet, de plus il fait l’étalage des défauts du genre giallo, au lieu de choisir de s’amuser avec ses qualités.