THE MERMAID
Réalisé par Stephen Chow
China / Hong-Kong - 2016
Première suisse
avec Lin Yun, Deng Chao, Show Lo, Zhang Yu Qi
94’ - mandarin st en/fr - 12 ans

L'Avis du NIFFF :
Lorsque son peuple est menacé d'extinction, la timide sirène Shan se fait passer pour une humaine afin d'assassiner le jeune industriel responsable de la situation.
Mais les choses se compliquent lorsque les deux êtres tombent amoureux...
Le génial Stephen Chow (Shaolin Soccer, CJ7) nous revient avec une comédie loufoque et effrénée qui ravira autant les fans de son cinéma que les nouveaux spectateurs.
Ne manquez pas le plus gros succès chinois de tous les temps !

L'Avis du FEFFS :
Un millionnaire excentrique, Liu Xuan, achète le sanctuaire de dauphins du Golfe vert et entreprend de le bombarder d’ondes sonar pour en éliminer toute vie aquatique. Les sirènes et tritons qui y vivent en paix depuis des années se voient soudain menacés d’une lente et douloureuse extinction. Une somptueuse sirène, se faisant passer pour une femme, est chargée d’assassiner Liu Xuan.

La superstar de Hong Kong, Stephen Chow, trouve le ton juste avec ce film qui est tout à la fois une comédie totalement déjantée et un conte envoûtant, où le chant de la sirène se fait l’écho des maux d’une planète plongée dans une crise écologique majeure.

 

L'AVIS DU BIFFF :

Après avoir lâché quelques billions de yuans, le richissime homme d’affaires Liu Xuan est désormais l’heureux propriétaire du Golfe Vert, sanctuaire naturel qu’il rêve de transformer en complexe industriel.

Forcément, les écolos du coin tirent la gueule car le Golfe est connu pour être un havre de paix destiné aux dauphins, mais Liu Xuan s’en cogne.

À tel point d’ailleurs qu’il a créé un sonar surpuissant capable de transformer Flipper en sashimi instantané.

Mais ce qu’il ignore, c’est qu’une colonie de sirènes crèche également dans les parages, et son fameux grille-pain à poiscaille n’a pas vraiment bonne réputation chez ces créatures mythiques…

Celles-ci décident alors d’envoyer Shan, l’une de leurs sirènes à la voix ensorcelante, charmer l’ennemi sur la terre ferme afin de lui tendre un piège mortel.

Mais si Shan pensait que le plus dur serait d’enfiler une robe de soirée sur ses écailles, tout en s’arrosant d’une bonne dose de Shalimar pour enlever cette odeur à décoller les papiers peints, elle a tout faux : dans ce monde d’humains, où l’on tue des baleines pour maquiller des thons, jamais elle n’aurait pu imaginer une seule seconde ce qu’elle s’apprête à vivre…

On lui devait déjà Shaolin Soccer, Kung Fu Hustle ou encore Journey to the West.

Stephen Chow, l’enfant prodige du cinéma chinois est enfin de retour au BIFFF !

Cette fois, avec sa démesure coutumière, Chow s’accapare le conte d’Andersen pour en faire un romance fantastique bigger than life.

Loué par les critiques du monde entier pour son charme unique, The Mermaid peut également se vanter d’être le plus gros blockbuster de tous les temps au pays de Jackie Chan, et nous offre au passage un caméo de Tsui Hark qui fera plaisir à pas mal de fans !

 

Mon Humble Avis :

120000 jeunes femmes ont été castées pour le rôle principal, dans toute la Chine !
Tous ces efforts n'ont pas été vain, puisque le succès du film à damner le pion à Star Wars 7 et à Deadpool au box office chinois :
60 millions de dollars de production pour plus de 240 millions de recettes.

Le message insiste encore sur la vacuité des biens matériels face au vrai bonheur, un thème qui revient sans cesse chez Stefen Chow dans ses films, depuis qu'il a atteint une célébrité internationale, alors qu'auparavant il réalisait plutôt des success story...
Le scénario nous met d'emblée dans le camp de ceux qui préméditent un meurtre, pour de bonnes raisons évidemment, avant que l'amour ne s'en mêle, et que les choses se compliquent moralement, car avec Chow rien ne reste longtemps manichéen.
Une portée écologique semble aussi primordiale, le film expliquant, au travers des enjeux de son intrigue, que le profit sans fin du libéralisme sauvage assassine la planète, en usant ses ressources.

 

La réalisation de Chow est au sommet de son art, enlevée et drôle, émouvante bien que naïve...
Cet artiste dispose de tous les moyens imaginables pour concrétiser sa vision, et en profite sans perdre son âme au passage, c'est tellement rare au cinéma !

Les cadrages usent d'une très vaste variété de valeur de plans, avec une aisance et une efficacité impressionnante.

La photographie est lumineuse et très colorée, le film a déjà une certaine gaité de par son image.

 

Le montage est super dynamique, établissant son rythme selon les gags visuels ou de dialogues, mais en restant capable de ralentir juste le temps qu'il faut pour laisser s'installer l'émotion.

Les décors ont des dimensions pharaoniques, comme ce paquebot échoué, dans le ventre duquel nage le clan des sirènes.
Beaucoup de luxueux décors urbains sont plus banals, malgré leur faste.

Les costumes proposent des tenues de riches excentriques totalement extravagantes, souvent en noir et or.
Les tenues du peuple des sirènes sont intéressantes aussi, entre les dreadlocks et les plastrons de coquillages.

 

Les sfx sont quasi permanent, et tout en synthèse : amélioration de décors, prouesses physiques, queues de sirènes, tentacules de pieuvre, crachât d'encre, et toutes sortes de délires dignes d'un dessin animé !
Dans la dernière partie, plus orientée action, la violence devient presque gore, on sait que Chow est capable de noirceur pour appuyer son propos.

Le casting réunit les habituelles galeries de tronches du réal.
Il inclut même un rôle de milliardaire pour le réalisateur Tsui Hark (plus sobre que d'habitude dans ses caméos).
La méchante industrielle, incarnée par Zhang Yu Qi (CJ7, Le boucher, le Chef et Swordsman), a des atouts physiques indéniables (et un visage à la Isabelle Adjani asiatique), tandis que le charme candide de la sirène, incarnée par Lin Yun, fera chavirer les romantiques.
Cette actrice choisie parmi des milliers d'autres est tout simplement le pendant féminin de Stefen Chow, il a cherché LA personne avec le charisme, le talent humoristique et de comédienne, et le capital sympathie nécessaire pour jouer comme il l'aurait fait lui même (s'il avait été une jeune femme) !

 

La musique exagère les effets comiques, et accompagne le drame, sans toutefois vraiment le sublimer.
Les passages chantés du début sont plus efficaces, leur puissance comique est quasiment invincible !

En conclusion, Stephen Chow fait encore très fort avec ce nouveau blockbuster du rire, alliant spectacle familial, pour se détendre les zygomatiques, et profondeur romantico-écologique, pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans.